Publié le: 24 janvier 2020

Le segment low cost à la question

COIFFURE SUISSE – La nouvelle CCT offre les moyens de lutter contre les distorsions de la concurrence entre les salons de coiffure classique et la vague de Barber Shops et de salons bons marchés, explique Damien Ojetti, président central de Coiffure Suisse. Il faut maintenant un peu de patience pour que les mesures prises portent leurs premiers fruits.

Quelles sont les tâches principales de Coiffure Suisse au service de ses membres? Cette association représente les intérêts des coiffeurs auprès des autorités et du public. Elle s’engage également à faire en sorte que les coiffeurs puissent exercer leur profession dans de bonnes conditions. Les tâches principales de Coiffure Suisse reposent sur trois piliers: l’éducation et la formation, la représentation des employeurs dans la politique et la société et dans les négociations CCT, et enfin, nous sommes un prestataire de services pour nos membres. Nous développons les meilleures conditions pour la formation et, avec notre revue spécialisée ‹Journal Coiffure Suisse› et notre site Internet coiffuresuisse.ch, nous sommes également la première source d’informations de la branche. En organisant divers événe­ments de l’association, nous offrons aussi à nos membres l’occasion de se rencontrer et d’échanger des idées avec leurs collègues. C’est aussi l’occasion de participer activement aux activités de l’association, de parti­ciper à des comités et des commissions pour le bien-être de l’industrie – dans l’esprit «ensemble nous sommes forts».

Ce qui a changé

Quel est «le paysage» des salons de coiffure et comment la structure de la branche a-t-elle changé ces dernières années? La crise bancaire et la libre circulation des personnes ont eu un impact majeur sur notre secteur. Quand les gens économisent, cela affecte toujours le secteur de la coiffure. Par exemple, les clients sont moins enclins à visiter un salon de coiffure. Le tourisme d’achat dans les pays étrangers voisins a également frappé très durement les salons de coiffure dans les zones frontalières.

Un autre changement s’est produit au cours des dix dernières années avec l’accueil des réfugiés. Cette phase a eu lieu à un moment où une nouvelle tendance de coiffure et de barbe émergeait chez les hommes, qui était explicitement disponible dans les salons pour hommes ou les Barber Shops. Comme aucune autorisation spéciale n’est requise en Suisse pour l’ouverture d’un salon de coiffure, beaucoup en ont profité pour ouvrir des Barber Shops. En tant qu’employés, ils ont de nouveau recruté des personnes originaires de leur pays. Il en a résulté une énorme vague de salons bon marché, que nous avons maintenant dans pratiquement toutes les villes.

La question des Barber shop

Les conditions du marché deviennent de plus en plus difficiles. Par exemple, les salons de coiffure poussent comme des champignons et offrent leurs services à des prix très bas. Comment l’association combat-elle ces salons bon marché?

Comme je l’ai déjà dit, dans la branche de la coiffure, nous opérons dans un marché libre où tout le monde peut ouvrir un salon. Les Barber Shops se sont créés une niche en offrant leurs services à très bas prix. Toutefois, cela n’est possible que parce qu’ils emploient du personnel non qualifié ou semi-qualifié à qui ils versent des salaires de dumping.

L’ancienne CCT a rendu cette évolution possible parce qu’il n’y avait pas de salaire minimum prescrit pour les employés non qualifiés ou semi-qualifiés. Étant donné que les Barber Shops offrent leurs services à des prix tellement bas que les autres salons de coiffure ne peuvent rivaliser avec eux, le marché a été faussé.

Effets de la nouvelle CCT

Une nouvelle CCT existe dans le secteur de la coiffure depuis près de deux ans. Dans quelle mesure contribue-t-elle à lutter contre les distorsions de concurrence causées par les salons à bas prix? La nouvelle CCT offre maintenant la possibilité de prendre des mesures contre les salaires de dumping et l’inégalité des salaires dans la branche, car pour la première fois, elle prescrit également des salaires minimums pour les employés non qualifiés et semi-qualifiés.

Maintenant, les Barber Shops sont informés de leurs tâches et il y a des contrôles. Ce qu’il faut maintenant, c’est un peu de patience pour que les mesures prises puissent porter leurs fruits. Une nouveauté dans la CCT est la réglementation du statut de stagiaire. Parce qu’il y a des salons de coiffure qui embauchent leurs employés comme stagiaires et les paient quelques centaines de francs par mois alors qu’ils travaillent comme des professionnels.

Selon la nouvelle CCT les stagiaires ne doivent pas avoir plus de 20 ans et la durée du stage est limitée à huit mois. Le statut de stage a en fait été créé pour les personnes qui ont quitté l’école et qui ont décidé et se sont inscrites à un apprentissage trop tard. En tant que stagiaire, ils ont la possibilité de faire le pont huit mois avant de commencer l’apprentissage et d’acquérir ainsi quelques connaissances avant le début effectif de l’apprentissage.

Le point sur le travail au noir

Compte tenu de l’ampleur des problèmes dans le secteur de la coiffure, Coiffure Suisse a franchi une nouvelle étape en demandant à la Commission tripartite de la Confédération, composée de représentants des autorités, des employeurs et des syndicats, de déclarer le secteur de la coiffure comme «Branche Focus».

Parmi les autres problèmes mentionnés figurent la location de chaises et le pseudo-travail indépendant qui en résulte, de plus en plus répandu. Nous sommes très heureux que la Commission tripartite de la Confédération ait examiné en détail la demande de Coiffure Suisse et décidé de reconnaître la branche de la coiffure comme «Branche Focus».

Concrètement, cela signifie qu’à partir de janvier 2020, les offices cantonaux de l’économie et du travail (AWA) devront, en plus des 200 contrôles des livres salariales par la CP et des 250 contrôles surprises, prendre des mesures et effectuer des contrôles dans les entreprises où il y a suspicion de travail non déclaré. Avec la reconnaissance du secteur de la coiffure comme «Branche Focus», les cantons sont légalement tenus de contrôler au moins 5% des entreprises et les présidents de section ont désormais les moyens de faire pression auprès des offices cantonaux pour l’économie et le travail et d’exiger ces contrôles avec force

Damien Ojetti

président central,

Coiffure Suisse

coiffure suisse de 1888 à aujourd’hui

L’association a été fondée en 1888. Elle est née de l’union de différentes associations de coiffeurs de toute la Suisse. Cela s’expliquait à l’époque par des désaccords au sein de l’industrie au sujet de la politique des prix, des heures de fermeture des magasins et des programmes d’apprentissage. Après la fondation, une centrale d’achat a été mise en place et il a été décidé de publier un journal de l’association. L’association a élaboré des directives concernant la formation, les règles d’hygiène, les prix de la vie et les offres d’emploi. Elle a assuré la survie économique du tissu économique du secteur de la coiffure pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales.

De nos jours, Coiffure Suisse compte actuellement environ 3000 membres. Nos membres sont propriétaires de salons de coiffure. En Suisse, il y a environ 12 500 salons de coiffure et environ 3000 d’entre eux sont membres de Coiffure Suisse. Il y a environ 11 000 employés – avec les propriétaires, nous avons 23 500 coiffeurs en Suisse.

www.coiffuresuisse.ch

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