Publié le: 5 novembre 2021

Le spa mobile fait le buzz à Chexbres

LA VIGNE – SWISS WINE THERAPY – L’ancien journaliste et porte-parole de la BCV Christian Jacot-Descombes, sa compagne Murielle Nussbaum et deux co-entrepreneurs, remportent un concours de Vaud œnotourisme et lancent une PME dotée d’une bulle, déplaçable d’une vigne à l’autre, et utilisant les produits locaux: bref, le vent frais du XXIe siècle!

Un spa dans une bulle dans une vigne du Lavaux? Au jeu des contenants innovants, transcréatifs et disruptants, la Suisse romande n’a rien à envier aux parad is des bonnes idées entrepreneuriales du monde entier, s’il fallait encore le prouver.

L’idée de La Vigne – Swiss Wine Therapy a germé lors d’un grand voyage autour du monde dans les têtes bien faites de Christian Jacot-Descombes et de sa compagne Murielle Nussbaum. Depuis le début de l’été, non seulement ça cartonne, c’est aussi un buzz – grâce au travail des influenceuses sur les réseaux sociaux.

Entrepreneurs en marche

En parlant avec l’ancien journaliste et ex-porte-parole de la BCV, le voyage est assuré. La Californie du côté des (futurs) petits génies, il en connaît les moindres recoins depuis l’époque, récente, durant laquelle il organisait des voyages pour la banque et emmenait avec lui de jeunes étudiants des hautes écoles lémaniques dans le cadre du fameux Silicon Valley Start-up Camp.

Un périple qui commence par un séjour à Boston – «Les trois plus beaux mois de ma vie, nous étions installés à 200 mètres du MIT, c’était juste exceptionnel, une telle concentration de cerveaux, de jeunesse, d’intelligence, on baigne dans une atmosphère où tout porte à la liberté et au désir d’innover», raconte Christian Jacot-Descombes, doté d’un cursus de base dans les neurosciences, avant de devenir journaliste vedette à la RTS et à L’Hebdo. Avec lui, ça rock et ça pulse et sa compagne n’est pas vraiment non plus en manque d’énergie!

Le couple migre sur la Côte Ouest, on les suit à la trace en Australie, dans le Pacifique sud, on lit les coups de passion qu’ils rédigent et illustrent sur un blog destiné à leurs proches. À chaque fois, une contribution éclairante sur l’époque actuelle, vu par le prisme du lointain, de l’insolite, démarche anti-cliché excentrée, décentrée, concentrée d’éclairage au retour. Donc ça phosphore sec dans les deux cerveaux de ces futurs entrepreneurs, car telle est bien leur intention.

Waïkiki, où tout s’arrête

«Notre première idée est d’organiser des voyages. Puis, découvrant des vignobles à chaque fois plantés dans des paysages exceptionnels, l’envie de voyages œnologiques a fait son chemin, des trucs originaux avec un beau site internet», se souvient-il. Tout à coup, crac boum! ils sont à Hawaï quand frappe la pandémie. «Nous étions parmi les derniers étrangers dans Waïkiki désert, c’était bizarre.»

Mais voilà, la diplomatie suisse siffle la fin de cette partie exotique. «Ils ont fortement insisté pour que nous fassions nos bagages – mais sans pour autant nous offrir ce retour quasi imposé.» Trois billets d’avion plus tard, les voici au bord du Léman avec une foule de points d’interrogations sur l’avenir de la branche du voyage. L’idée de vignoble flotte dans l’air et arrive à point nommé le concours de Vaud œnotourisme. Et bingo! c’est leur projet qui remporte le prix de 20 000 francs. Il ne reste plus qu’à le concrétiser.

Entrepreneurs providentiels

Au fait, quel est le moment proustien de ce rêve, à quel moment les neurones se sont mis à déplier de petits papiers japonais dans le liquide de leurs méninges? «Au vert autour d’une bouteille de blanc, nous avons brainstormé en associant des champs hétérogènes et en croisant les disciplines, raconte-t-il. Vendre des caisses de vin, ce n’était pas notre idée, il fallait quelque chose de neuf. Soudain, cela s’est imposé sous la forme d’un spa mobile déplacé d’un vignoble à l’autre, proposant des massages avec des produits cosmétiques issus de ces mêmes vignes. Ce qui a été déterminant pour remporter le concours, c’est certainement le montage photo réalisé par ma fille qui étudiait au Créa à Genève.» La photo a fait mouche (cf. photo).

Plus facile à photomonter qu’à concrétiser, docteur Jacot-Descombes? «Nous avons eu une chance immense de rencontrer trois hommes, trois entrepreneurs qui chacun à sa manière, ont accepté de nous aider. Sans eux, nous ne serions certainement pas parvenus à rendre le tout opérationnel de manière durable. Car il a marché tout l’été sans problème.»

Alors, ces trois hommes providentiels? On commence par les vignerons, les frères Bovy qui à Chexbres (VD) ont mis à disposition un coin de vigne pour poser le spa mobile et les tables de massage. Ensuite, il y a Cédric Deriaz (Clensol): ce spécialiste en piscines de Puidoux, une fois la présentation terminée, a apprécié le projet en silence et puis il a lancé: «Je le fais pour vous: je m’occupe de la partie réglementaire du dossier.» Et enfin, à Eclépens, Nicolas Faivre (Thermex) a mis au point le système d’échange de températures avec une pompe à chaleur qui permet de chauffer l’eau et, avec le froid généré, de faire fonctionner une climatisation, nécessaire sous la bulle en PVC.

«Nous étions pétris de doutes et leur aide a été incroyablement précieuse. J’aimerais aussi rendre hommage aux deux personnes qui ont accepté de nous rejoindre dans cette aventure, dont Céline Broggi de Puidoux, une femme très dynamique qui est aussi à la tête d’un élevage de chevaux!»

De fameuses influenceuses

Côté réglementation, l’installation est assimilée à un événement qui se déroule durant une période déterminée, pas besoin donc dans le contexte vaudois de recevoir l’aval de moult administration! Le lancement s’est bien déroulé en juin et bon an mal an, selon les caprices de la météo estivale cette année, les clients sont arrivés. Doucement au début, puis de plus en plus nombreux.

L’idée de faire intervenir de fameuses influenceuses sur les réseaux sociaux a permis de donner assez rapidement une belle notoriété à La Vigne. «À partir de là, nous avons été quasi complets, se réjouit Christian Jacot-Descombes. Certaines personnes nous en ont parlé en nous demandant si on connaissait le concept, sans savoir que nous étions à l’origine du projet!»

Avec l’arrivée des températures plus fraîches, il faut se résigner à penser à la saison suivante et à remiser le matériel. Le rendez-vous est pris pour le printemps prochain, lorsque la vigne, la vraie, celle qui habille le projet de ses couleurs changeantes, remettra, elle aussi, l’ouvrage sur le métier.

François Othenin-Girard

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