Publié le: 7 juillet 2017

Le terme «libéral» bien galvaudé

MOBILITY PRICING – Avenir Suisse veut tester le péage urbain, mais sans inviter les PME.

«Une approche innovante pour les tests de mobility pricing»: c’est la proposition présentée fin juin par Avenir Suisse. Le think-tank libéral mise sur une collaboration volontaire entre employeurs et employés. Le Conseil fédéral avait présenté sa propre mouture du mobility pricing (juin 2016). Avenir Suisse s’y met et propose d’étudier la pendularité et le comporte­ment de mobilité d’employés sélectionnés sur une base volontaire (compensations) dans les grandes sociétés de type pharma ou chimie, administration fédérale et offices fédéraux, universités. Une idée pas très libérale: le mobility pricing serait coûteux au plan administratif et le contrôle du trafic ferait exploser toutes les charges. Le Conseil fédéral continue d’affirmer qu’il n’y aurait pas de coûts supplémentaires.

Sur la base d’un «système tarifaire spécial virtuel», c’est le terme, chacun payerait pour chaque tranche de mobilité consommée. Dans la foulée, la flexibilité des temps de travail et d’autres idées pourraient être testées. Dans l’idée de les améliorer pour, par contrecoup, améliorer la mobilité elle-même. Dommage que l’idée de départ soit fausse: les collaborateurs ne sont pas libres de décider quand et s’ils utilisent les transports publics ou la route. Certains d’entre eux peuvent choisir leurs horaires de travail mais, pour la plupart des pendulaires, ce n’est pas le cas. Dans les PME, il faut d’abord adapter son activité à celle de ses clients. Que l’administration fédérale et les offices fédéraux sollicitent leur personnel pour jouer aux cobayes du péage urbain, cela soulève d’autres questions.Jusqu’ici, les fonctionnaires fédéraux devaient être à disposition de leur employeur durant les heures de bureaux. Par ailleurs, il faudrait remettre en question le consensus sociétal sur les heures d’ouverture des écoles et des commerces. Ces dernières devraient être flexibilisées et étendues – l’antithèse de ce que les syndicats préconisent. L’usam déplore que la situation des PME ne soit pas prise en compte dans ces essais. Or elles constituent le gros des troupes de l’économie: 550 000 sociétés, 4,5 millions de places de travail. Une immense majorité de personnes qui ne peuvent donc choisir ni le timing, ni les lieux où se rendre.

Enfin, compte tenu du net rejet du projet pilotegenevois d’une tarification de la mobilité durant la session d’été par les deux Chambres, le moment est malvenu pour se lancer dans des expérimentations. Avenir Suisse ne l’a donc pas compris?

Last minute: la Confédération laisse tomber les tests à grande échelle, Zurich et d’autres cantons y ayant renoncé, il a fallu se rabattre sur Zoug, un périmètre bien plus restreint!Dieter Kläy,

responsable mobilité, usam

nGenève: lire page 7

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