Publié le: 8 mai 2020

Le virus et les retraites

ASSURANCES SOCIALES – Les dommages causés par le Coronavirus sont énormes. La prévoyance est également concernée. Toute nouvelle extension des prestations doit être catégoriquement rejetée pour longtemps.

Avec l’augmentation constante du nombre de nouveaux retraités, l’AVS, financée par répartition, dépend de toute urgence des recettes fiables et en constante augmentation. Mais ce ne sera plus le cas dans un avenir proche. Les dernières prévisions du SECO annoncent en effet une chute du PIB de -6,7 %. La masse salariale va probablement diminuer et avec elle les recettes des cotisations de l’AVS, la consommation va s’effondrer et avec elle les recettes de TVA de l’AVS. Même avec des hypothèses optimistes, l’AVS se dirige déjà vers une perte. Ces chiffres sont désormais tracés d’un rouge sombre.

Un rêve hors sol: les bénéfices de la Banque nationale

Le deuxième pilier, qui est financé par le régime par capitalisation, est encore plus touché. Selon Swisscanto, les taux de couverture des institutions de prévoyance de droit privé ont baissé d’environ 10 points de pourcentage au cours du 1er trimestre 2020. Des pertes comptables d’une centaine de milliards de francs ont ainsi été subies. En gros, le 2e pilier a perdu en un trimestre à peu près la même somme d’argent qu’il perçoit en deux ans par le biais des cotisations des employeurs et des employés. On peut se demander à quelle vitesse ces pertes pourront être compensées. Les pensions sont encore sûres. Mais il est également certain que le deuxième pilier connaîtra des temps difficiles et que les mesures de restructuration redeviendront un problème.

Jusqu’à récemment, le fantasme circulait de gauche à droite que les trous dans notre système de retraite seraient comblés par les bénéfices de la Banque nationale. Cette bulle a complètement éclaté, la BNS ayant enregistré une perte substantielle de 38 milliards de francs au premier trimestre 2020. Au vu de cette énorme perte de valeur, j’espère que tous les acteurs ont compris qu’il serait irresponsable de financer les rentes de l’AVS et de la LPP avec des bénéfices fictifs et très incertains de la Banque nationale.

Pas de nouvelle expansion de l’État-providence

Quelles conclusions faut-il tirer de cette situation très désagréable? Premièrement, la prochaine révision de l’AVS doit tenir compte de la situation financière tendue des entreprises et des personnes assurées. La charge supplémentaire doit être minimisée, c’est-à-dire qu’il faut exiger au maximum 0,3 % de TVA supplémentaire. Les mesures compensatoires coûteuses doivent être évitées. Afin d’alléger la charge des finances de l’AVS, l’âge de référence devrait être fixé à un niveau uniforme de 65 ans, et une révision ultérieure devrait être engagée rapidement dans le but de relever de manière générale l’âge de la retraite.

Deuxièmement: D’ici la fin de l’année, le nombre de fonds de pension avec sous-financement sera nettement plus élevé. Des mesures de restructuration douloureuses sont imminentes. Afin d’alléger la charge des assurés actifs et des caisses de pension, il est urgent d’abaisser le taux de conversion minimal LPP.

Troisièmement, les pertes de rente liées à une réduction du taux de conversion minimal LPP doivent être compensés. Toutefois, la charge supplémentaire pour les entreprises et les assurés doit être réduite au minimum. Les affreuses retraites complémentaires – que les syndicats réclament avec le soutien le plus douteux de l’Union patronale suisse et qui devraient être financées par des pourcentages salariaux plus élevés – doivent être définitivement abandonnées.

Quatrièmement, les entreprises et les assurés continueront à subir les effets de la crise du Coronavirus pendant les années à venir. Il en va de même pour le secteur public, qui n’a jamais auparavant contracté autant de nouvelles dettes en si peu de temps. Le financement des seules prestations de sécurité sociale d’aujourd’hui deviendra une tâche herculéenne. Cela est déjà clair aujourd’hui: toute nouvelle extension des prestations doit être catégoriquement rejetée pendant longtemps. Kurt Gfeller, usam

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