Publié le: 13 mai 2022

Les States pas encore en pole position

EXPORT – Début avril, on disait que les États-Unis étaient devenus le principal partenaire commercial de la Suisse. C’est faux car pour l’instant, l’Allemagne reste en tête, même si la progression américaine se dessine nettement.

Non, les États-Unis n’ont pas encore remplacé l’Allemagne comme principal partenaire commercial de la Suisse. La question se pose. Le 12 avril 2022, l’Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières (OFDT) annonçait en effet: «Les États-Unis se hissent en 2021 au rang de premier marché d’exportation de la Suisse». C’est le genre de nouvelle qui passe souvent un peu inaperçue. Ce pays est-il devenu le premier partenaire commercial de la Suisse? Pour l’instant c’est faux, et pour plusieurs raisons.

Les échanges transfrontaliers comportent de nombreuses dimensions. Il s’agit principalement de biens, de services et de revenus. Ces trois catégories forment ensemble la balance des paiements courants. Si le paiement provient de l’étranger, il s’agit d’une exportation. Si le paiement est destiné à l’étranger, il s’agit d’une importation. Donc si une touriste japonaise passe des vacances en Suisse, on parlera d’une exportation suisse de services vers le Japon. Si une entreprise suisse achète de l’aluminium à un fabricant chypriote, ce sera une importation de marchandises de Chypre.

Volume et solde

Il faut encore établir la distinction entre le volume et le solde de la balance commerciale. Lorsque l’on parle de volume, il s’agit de la somme des exportations et des importations. Pour le solde, il s’agit des exportations moins les importations.

En 2021, les exportations (ou plus exactement les recettes) ont atteint environ 723 420 millions de francs. Quant aux importations (ou plus exactement les dépenses), elles ont atteint 654 388 millions de francs. Le volume ainsi composé est donc de 1 377 808 millions de francs. Mais ces chiffres donnent également un excédent de recettes de 69 031 millions de francs. Ce solde positif signifie que la Suisse exporte plus qu’elle n’importe.

Du côté des marchandises, le solde est de 102 762 millions de francs. Concernant les services, la Suisse est importatrice nette, puisque le solde atteint -6909 millions de francs. La même situation se présente pour les revenus avec -26 825 millions de francs.

Partenaires commerciaux classés

Quel est donc le principal partenaire commercial de la Suisse? On répond généralement à cette question par le volume du commerce de marchandises. L’Allemagne arrive en tête avec 100 000 millions et les États-Unis en deuxième position avec près de 90 000 millions. La Chine, l’Italie, la France et la Grande-Bretagne suivent. Si l’on prend en compte les services, l’Allemagne, la France et l’Italie sont en tête. Mais ce que l’annonce des douanes met en évidence, c’est que les États-Unis sont désormais le plus grand marché d’exportation pour la Suisse. Mieux encore: notre pays est un exportateur net de biens et de services vers les États-Unis. Cerise sur le gâteau: les échanges avec les États-Unis connaissent actuellement une accélération. Ils ne sont pas actuellement notre premier partenaire commercial. En revanche, ils pourraient bientôt le devenir.

Henrique Schneider, usam

dans les chiffres

Selon les douanes

Le commerce extérieur entre la Suisse et les États-Unis est en plein essor. Sur les vingt dernières années, les exportations ont triplé pour culminer à 47 milliards de francs en 2021. Les États-Unis détrônent ainsi l’Allemagne de son rang de premier débouché d’exportation pour la première fois en 70 ans. De 2001 à 2021, les échanges avec les États-Unis ont littéralement explosé. Malgré la crise financière de 2008/09 puis la crise du Covid-19, les exportations ont progressé en moyenne de 6,3 % par année pour atteindre un niveau record de 47 milliards de francs. Elles se sont ainsi montrées trois fois plus dynamiques que les livraisons vers les deuxième et troisième partenaires à la sortie, l’Allemagne (+2,1 %) et l’Italie (+2,0 %). Entre 2001 et 2021, le secteur des produits chimiques et pharmaceutiques a largement dominé les débats. Ses exportations sont passées de 4,3 à 30,1 milliards de francs, doublant ainsi sa part pour atteindre 64 % du total vers les États-Unis. En moyenne, elles affichent une croissance annuelle de 10 % – soit deux fois plus que vers le reste du monde. Alors que les livraisons des machines et l’électronique sont restées stables en valeur, leur part a chuté de 28 % à 8 %. Les instruments de précision ont, pour leur part, enregistré une évolution similaire à la moyenne (+5,9 %). Là encore, les exportations vers les États-Unis ont été deux fois plus dynamiques que vers les autres pays. Le secteur des denrées alimentaires, boissons et tabacs a affiché la plus forte évolution (+11,5 %), bien qu’ils ne représentent qu’une part marginale. Celle-ci était néanmoins deux fois et demie plus importante en 2021 que vingt ans auparavant. Si les exportations horlogères ont doublé pour atteindre 3,1 milliards de francs, leur part s’est réduite de moitié sur la même

période. OFDF

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