Publié le: 10 novembre 2017

Mise sous tutelle étouffante

food – Rejetée il y a cinq ans, la loi sur la prévention et la promotion de la santé reprend ­aujourd’hui – avec une nouvelle appellation – la vieille ligne de la Stratégie suisse de nutrition.

C’est reparti pour un vilain tour d’alimentairement correct! Rejetée il y a cinq ans, la loi sur la prévention et la promotion de la santé réapparaît aujourd’hui sous une nouvelle appellation, la Stratégie suisse de nutrition.

Selon l’enquête sur l’alimentation menuCH qui a servi à élaborer la stratégie suisse de nutrition 2017-2024, les assiettes des Suisses sont trop peu équilibrées: trop de viande, trop de produits riches en calories et pas assez de produits laitiers. La stratégie de nutrition se donne pour objectif de corriger les habitudes alimentaires dans notre pays.

Prise de tête législative

Comme si la croisade contre le sucre ne suffisait pas, la Déclaration de Milan continue en parallèle de déployer ses effets dans le cadre de la Stratégie suisse de nutrition. Celle-ci se penche arbitrairement sur d’autre denrées alimentaires et les diabolise. Rappelons-nous pourtant du soulagement ressenti dans le microcosme en septembre 2012, lorsque le Conseil des États a fait échouer la loi sur la prévention et la promotion de la santé. Ce faisant, il confirmait ainsi qu’il existe déjà une base légale suffisante pour mener une politique de prévention raisonnable et modérée. Cela parait aujourd’hui bien loin et c’est à se demander si les décisions du Parlement ont encore une quelconque validité. A l’époque déjà, on sentait que la joie ne durerait pas longtemps. Les gourous de la prévention sont toujours bien présents, animés par la volonté de faire le bien de l’humanité, comme si personne ne s’en souciait.

Prise de responsabilité

La curée a déjà commencé. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (Osav) a annoncé que chaque suisse consomme entre deux et quatre fois trop de viande. Notre consommation de sucreries, de snacks salés et de matière grasse, comme le beurre, la crème ou les sauces serait également trop élevée. Pour y remédier, l’Osav a une stratégie accompagnée d’un nouveau plan d’action destiné à étoffer les mesures de prévention. Au risque de nous étouffer! La Confédération veut nous venir en aide en corrigeant nos habitudes alimentaires. C’est entendu. Toutefois, dans ce contexte, ne serait-il pas préférable de valoriser la responsabilité personnelle des consommateurs, plutôt que de stigmatiser certains produits? Les faits sont têtus. Un sondage «Alimentation et activité physique» réalisé par l’agence GFS à Berne a même démontré avec clarté que, dans la lutte contre le surpoids par exemple, la responsabilité individuelle primait clairement sur les mesures étatiques. Les citoyennes et citoyens suisses estiment être en mesure de prendre leurs décisions de consommation en toute autonomie. Pourquoi vouloir réduire à néant ce travail des bonnes volontés?

Tirer la prise, lâchez prise!

Le législateur essaie de nous décourager, d’abattre le travail des producteurs et de dresser face à eux des obstacles inutiles et dommageables pour l’économie. Après avoir échoué dans le cadre de la loi sur la prévention, il essaie maintenant de revenir à la charge avec des mesures de remplacement. Certes, tout aliment en trop grosse quantité est dommageable pour la santé. Mais chacun d’entre nous peut gérer au mieux sa consommation. Jusqu’à quand faudra-t-il le répéter? Nous devons enfin mettre un terme à la mise sous tutelle des adultes majeurs et vaccinés en inventant des régulations et dispo­sitions paternalistes inutiles. Le consommateur n’a pas besoin d’être protégé contre lui-même. Fort heureusement, il se trouve être libre, majeur et responsable.

Hélène Noirjean, 
aménagement du territoire, 
agriculture et commerce

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