Publié le: 5 mai 2017

Mobilité numérique, garages en danger

étude – Selon l’UPSA, le chiffre d’affaires des garages suisses devrait reculer d’ici 2020. La dernière étude du cabinet A.T. Kearney va plus loin: avec la mobilité numérique, 30 à 40% des garages traditionnels en Europe seront remplacés d’ici 2025. Par quoi?

Cela n’échappe à personne, la mobilité prend le train de la numérisation et de l’économie de partage, débouchant sur de nouvelles formes de mobilité et même de propriété. Cette bataille se déroule sur Internet avec une surenchère d’idées et d’applications pratiques. Malgré sa puissance, le secteur automobile accuse du retard en matière de numérisation, voilà pourquoi le nouveau marché de la mobilité est investi par des acteurs extérieurs au secteur automobile (Uber, AutoScout, Alibaba, Google, etc). En Suisse, les derniers venus s’appellent Carsharer, Catch a Car ou encore Sharoo.

Mais certains constructeurs et importateurs automobiles ont mesuré les enjeux, à commencer par Nissan et BMW Suisse. A Paris, Nissan a lancé le projet pilote d’auto-partage «Intelligent get & go Micra» où jusqu’à cinq personnes peuvent partager une nouvelle Micra. La cotisation mensuelle dépend de l’utilisation du véhicule. En Suisse, 100 clients ont été séduits par le pack de mobilité «CFF Green Class» créé par BMW et les CFF. Contre 12 000 francs par an, l’usager dispose d’une BMW i3, d’un AG 1ère classe, 1 an d’abonnement à Mobility Carsharing et 1 an d’abonnement au vélo-partage PubliBike.

A l’image du CFF Green Class, le client achètera de plus en plus un ensemble de déplacements plutôt qu’un véhicule proprement dit. Pour A.T. Kearney, cette révolution digitale de la mobilité place les garagistes face à un nouveau défi: «les vendeurs de véhicules doivent absolument modifier leur modèle d’affaire.»

A prendre au sérieux

Le bureau allemand de A.T. Kearney, leader mondial du conseil en stratégie, a mené une enquête auprès de 4000 automobilistes, 3500 citoyens ainsi que de différents professionnels de la vente automobile pour aboutir à ce constat: 80% des personnes interrogées considèrent les services de mobilité en tout genre comme une alternative au véhicule personnel. Bien sûr, on vendra toujours des automobiles, mais en 2025, toujours selon l’étude qui se base sur des progrès technologiques et les évolutions sociodémographiques, 45% des voitures neuves seront achetées online: «Le client n’achètera plus sa voiture chez le concessionnaire du coin, mais directement sur son smartphone. Et c’est là que les marques automobiles doivent prospecter. Jusqu’en 2025 en Europe, 30 à 40% du réseau de vente automobile sera remplacé par de nouveaux formats de vente et de vente directe.»

On pourrait imaginer des centres de mobilité, représentant différentes marques de voitures, d’utilitaires, de vélos, de gyropodes, de transports publics, de billets d’avion voire même de camping-cars ou de drones offrant des bouquets de services de mobilité pour le travail et les loisirs.

100 milliards d’euros à la clé

Pour le cabinet conseil, si le secteur automobile parvient à faire évoluer son modèle d’affaire classique – production, vente et maintenance – pour l’étendre à de nouveaux services de mobilité, il pourrait créer un revenu supplémentaire estimé, 
à l’échelle européenne, à quelque 100 milliards d’euros supplémentaires par année!

En conclusion, le secteur automobile devra investir davantage dans les technologies de l’information plutôt que dans des showrooms de luxe. Quant aux petits garagistes indépendants, ils devront soit se spécialiser, soit se diversifier. On peut penser qu’un certain nombre n’y parviendra pas…

Jean-Luc Adam

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