Les derniers chiffres publiĂ©s par l’Office fĂ©dĂ©ral de la statistique (OFS) sur la statistique suisse de la superÂficie n’ont pas eu droit Ă de grands Ă©chos dans la presse gĂ©nĂ©raliste. VoilĂ qui est surprenant, car l’utilisation du sol a fortement Ă©voluĂ© au cours des 24 dernières annĂ©es. Dans les faits, pas moins de un septième de la surface a Ă©tĂ© dĂ©frichĂ©e : il y a dĂ©sormais plus de zones construites et de forĂŞts, moins de terres agricoles et un recul massif des glaciers. Un dĂ©bat politique Ă haute teneur inflammable est d’ores et dĂ©jĂ prĂ©vu sur ces questions sensibles.
Habitats et forĂŞts progressent
En 24 ans, les zones habitées ont progressé de 584 kilomètres carrés. Cette surface correspond environ à celle du lac Léman, ou à plus de 11 terrains de football par jour. Pour cette raison, la part des zones habitées par rapport à la surface totale de la Suisse est passée de 6,0% à 7,5%. Autrement dit, 92,5% de la surface ne sont en définitive pas construite. Et laissée à peu près à l’état naturel. Voilà un élément qui devrait permettre de clarifier le débat stérile sur le bétonnage de la Suisse.
« Entre 1997 et 2009, les surfaces de golf ont été multipliées par trois. »
C’est dire toute la distance qui sĂ©Âpare les impressions subjectives des faits objectifs ! Les nouvelles surfaces construites ont Ă©tĂ© prises sur des priaires naturelles ou des espaces en friche pour un tiers. Le reste se subdivise pour l’essentiel selon d’autres affectations agricoles. Au total, 52% des surfaces constructibles sont affectĂ©es Ă de nouveaux bâtiments. Contre 17% Ă des nouvelles voies de communication. Le reste (30%) est affectĂ© Ă d’autres surfaces construites. Il faut entendre par cela de zones industrielles, d’espaces de dĂ©tente ou encore de terrains affectĂ©s aux loisirs en tous genres. En lien avec la croissance des zones de dĂ©tente, il faut prĂ©ciser ceci : il est nĂ©cessaire de prendre en compte les zones affectĂ©es Ă l’exercice du golf puisque, entre 1997 et 2009, ces dernières ont Ă©tĂ© mulitpliĂ©es par trois! Parmi les autres gagnants qui ressortent des chiffres de la superficie, on trouve les forĂŞts. Celles-ci ont progressĂ© Ă vitesse Ă©levĂ©e puisque les zones forestières ont gagnĂ© 3,1% durant cette pĂ©riode. Soit l’équivalent de 385 kilomètres-carrrĂ©s. Ou encore la surface du lac de Bienne. C’est encore l’équivalent de huit terrains de football par jour. Cette progression entre 1985 et 2002 fut plus rapide, de l’ordre de 2,2%, et plus lente ensuite durant les anneĂ©s 1997 Ă 2009 (+0,9%). Ce boom et le ralentissement dans la croissance des forĂŞts s’expliquent dans le contexte du recul et d’une certaine reprise de l’économie dans les rĂ©gions de montagne, en parallèle avec cette progression.
Parmi les perdants : 
les cultures et les glaciers
Parmi les perdants, on note tout d’abord les terres cultivées. Durant la période comprise entre 1985 et 1995, le recul des surfaces dans les zones vouées aux cultures en Suisse se mesure à raison de 1,1 mètre-carré par seconde. Les cultures, prises dans leur ensemble, ont perdu 5,4% du total de leur surface durant la période sous revue. Ce qui correspond, pris globalement, à une surface qui équivaut à la surface du lac de Zurich, multipliée par dix, ou encore 150 kilomètres-carrés.
Ou, pour reprendre l’image des terrains de football, 15 terrains par jour. Le recul notĂ© entre 1985 et 1997 est supĂ©rieur (–3,3%) Ă celui qui a Ă©tĂ© enregistrĂ© durant la pĂ©riode comÂprise entre 1997 et 2009, oĂą le recul est Ă©tabli à –2,2%. Le recul de ces terres agricoles s’est fait en grande partie au profit des habitats et en toute petite partie au bĂ©nĂ©fice des forĂŞts, friches et zones non productives.
De mauvaises nouvelles pour les acteurs du tourisme également : le recul des glaciers est dramatique. Durant ces 24 dernières années, la surface de ces derniers a fondu d’un quart. C’est l’équivalent de dix fois le lac de Bienne, soit 390 kilomètres-carrés. Ou encore chaque jour l’équivalent de huit terrains de football. A l’évidence un phénomène qui ressort plus des changements climatiques à l’échelle planétaire.
Rudolf Horber, responsable du dossier