Publié le: 29 août 2018

N’autorisez pas le paternalisme !

VOTATIONS – Le 23 septembre, les électeurs suisses se prononceront sur deux propositions en lien avec les produits agricoles: l’initiative «Fair Food» des Verts et l’initiative pour la «souveraineté alimentaire», lancée par le syndicat paysan Uniterre.

A première vue, ces deux projets semblent sympathiques. En y regardant de plus près, ils se résument à une chose en particulier: ils tentent de traiter les consommateurs suisses avec une certaine condescendance.

Quid du contrĂ´le ?

L’initiative n’est pas nécessaire aux yeux du Conseil fédéral et du Parlement: la Suisse en fait déjà beaucoup afin de valoriser la sécurité alimentaire et la pro­duction durable. De plus, elle dispose d’une base constitutionnelle contraignante et permettant au besoin de renforcer l’approvisionnement de ces aliments. A cela s’ajoute le fait que les initiatives pourraient également conduire à des conflits avec les accords internationaux existants et le contrôle serait difficile.

Contrecarrer les bloquages

C’est dire si le Conseil fédéral, les partis bourgeois et les associations profession­nelles luttent activement contre les deux projets. Le ministre de l’économie Johann Schneider-Ammann a rappelé pour sa part que, dès les années 1990, l’agriculture suisse s’était constamment adaptée aux nouveaux développements. Si l’initiative populaire sur la «souveraineté alimentaire» venait à être adoptée, la Confédération, les entreprises, l’agriculture – bref, tous les citoyens suisses – seraient mis sous tutelle.

S’agissant de l’initiative «Fair Food», le Conseil fédéral précise sa position dans la brochure qui vient d’être distribuée aux ménages: «En Suisse, des normes élevées s’appliquent déjà à l’alimentation et la Confédération s’est engagée en faveur d’une alimentation sûre et de haute qualité, tant au niveau national qu’international. Un nouvel article constitutionnel n’est donc pas nécessaire.»

« Menace d’une économie planifiée »

Isabelle Moret, conseillère nationale (PLR/VD), craint même que l’agriculture suisse fasse ainsi l’objet d’une «soviétisation». Son collègue Christian Imark (UDC/SO) estime que si les initiatives étaient adoptées, chaque tomate importée devrait être vérifiée par un contrôleur, afin de s’assurer qu’elle respecte ce nouveau cadre légal extrémiste.

Et déjà l’on perçoit une résistance contre ces deux initiatives nuisibles, non seulement au niveau national, mais aussi dans les cantons. Gabriel Barell, directeur de l’association cantonale des arts et métiers à Bâle, ne voit absolument aucune nécessité d’agir : «L’initiative produirait un isolement et une planification de l’économie dans la politique agricole, lance-t-il. Le contrôle des prix et des volumes par l’État, ainsi que les restrictions à l’importation qui sont proposées dans ces textes, iraient fondamentalement à l’encontre des principes de base d’une économie de marché libre.»

Non au dictat alimentaire de l’État

Les associations professionnelles s’opposent également avec véhémence à ces deux projets: hotelleriesuisse craint un désavantage pour les restaurants hôteliers et une mise sous tutelle de la clientèle. L’initiative «Fair Food» menacerait également la nouvelle législation dans le domaine des déchets alimentaires. Le président d’hotellerie­suisse, Andreas Züllig, rappelle que l’association, avec d’autres organisations, s’est déjà activement engagée dans la réduction des déchets alimentaires au sein de l’association «United Against Waste».

Enfin, Daniel Borner, directeur de GastroSuisse, met en garde contre un «dictat de l’Etat» – si d’aventure ces deux initiatives condescendantes devaient aboutir.

En bref: le 23 septembre prochain, les électeurs disposent des moyens politiques de mettre un terme à cette nouvelle tentative massive de paternalisme d’Etat – comme ils l’ont déja fait à plusieurs reprises.

www.initiatives-agricoles-non.ch

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