Publié le: 13 mai 2016

Non sec et sonnant au salaire de base

votations du 5 juin – GastroSuisse et Viande Suisse ont toutes deux tenu leur conférence de presse annuelle. Compte-rendus.

A quelques jours d’intervalle, l’Union professionnelle suisse de la viande (UPSV) et GastroSuisse ont tenu leur grande messe annuelle. Voici ce que nous en retenons. GastroSuisse a mis l’accent sur ses prises de position au sujet des votations du 5 juin prochain. Tout comme l’Union suisse des arts et métiers usam, les hôteliers-restaurateurs ont opté pour un double «non»: le premier contre l’initiative populaire «Pour un revenu de base inconditionnel». Et le second, contre le texte intitulé «Pro Service Public».

Un vrai revenu se mérite

«L’utopie socialiste selon laquelle l’Etat peut remettre à tout citoyen adulte 2500 francs sans condition, produirait un énorme trou dans le budget de l’Etat, estime-t-on chez GastroSuisse. Il faudrait augmenter les impôts et la compétitivité de la Suisse en souffrirait. La disponibilité au travail ainsi que la motivation pour trouver un emploi en seraient affaiblies.» L’hôtellerie-restauration, secteur à fort besoin de main-d’œuvre, est de ce fait tributaire de ses quelques 210  000 collaborateurs. «Un revenu doit se mériter! L’hôtellerie-restauration suisse dépend ­aussi du potentiel de travailleurs indigènes, et ne saurait admettre que l’on soit récompensé pour ne rien faire», rappelle Casimir Platzer, président de GastroSuisse, qui recommande un non catégorique à cette initiative.

Service public: intitulé trompeur

Second objet, le service public. Pour la Fédération de l’hôtellerie et de la restauration en Suisse, l’intitulé de l’initiative est trompeur. En effet, le projet ne renforcerait pas le service public, mais au contraire l’affaiblirait par des mesures défavorables au marché. A ce propos, le tourisme, l’hôtellerie et la restauration ont réellement besoin d’infrastructures qui fonctionnent bien dans des domaines tels que les transports en commun, la téléphonie et Internet. Par des mesures absurdes, telles que le principe de non-profit, des entreprises comme les CFF et Swisscom seraient privées de leur capacité d’investissement. Ainsi, la desserte des régions périphériques serait compromise en tout premier lieu. «Or, les destinations de vacances, même isolées, doivent être desservies par les transports en commun et non pas coupées du monde: le tourisme en dépend. C’est pourquoi nous ne devons pas mettre en danger notre bon service public par cette initiative», prévient Remo Fehlmann.

Boucheries artisanales menacées

Du côté des bouchers, la conjoncture est faible. «Pour la viande suisse, l’année 2015 restera un exercice particulièrement modéré.» Ce sens de la formule est dû au président de l’Union professionnelle suisse de la viande (UPSV). Dans sa présentation, l’ancien conseiller aux Etats, Rolf Büttiker, revient sur la hausse constante du tourisme d’achat, ainsi que la pression inchangée sur les marges, principalement dans les secteurs des ventes en gros et de l’alimentation hors domicile. C’est dans le «hors-domicile» que le retrait est le plus marqué, notamment sur le segment des boucheries-charcuteries artisanales. A l’inverse, ceux qui parviennent à écouler leurs spécialités régionales par le canal des plus grands détaillants sont toujours plus nombreux.

Faiblesses de la relève

Un autre problème lancinant, c’est celui du recrutement de la relève. A peine 350 nouveaux contrats d’apprentissage ont été signés durant cette période dans une branche qui emploie tout de même 24 000 personnes. Cela donne un ratio de renouvellement de près de 1,5% (y compris les non qualifiés) qui s’avère insuffisant à moyen terme déjà.

C’est pour cela que l’UPSV poursuit ses efforts pour activer, et même renforcer, les mesures mises en place sur le long terme en matière de recrutement de la relève, en se concentrant sur les activités locales et régionales. Et pour la formation professionnelle supérieure elle a créé, pour rendre ce choix attractif, la possibilité d’un prêt sans intérêt dans l’espoir d’éviter d’éventuelles difficultés financières pour les candidats potentiels.

JAM

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