Publié le: 28 mars 2014

«â€‰Non à une hausse des importations 
de denrées alimentaires »

Doit-on punir l’agriculture ?

« L’initiative sur les salaires minimums fait peser des risques considérables sur notre économie et sur l’emploi. Je pense en particulier à l’agriculture, qui serait frappée de plein fouet par l’introduction de ce texte. Pour connaître ce monde de l’intérieur – ma famille maternelle est issue de la terre et continue d’y travailler – je mesure les conséquences réelles d’un salaire minimum qui serait imposé à 4000 francs. Dans l’agricul­ture suisse, selon l’Union suisse des paysans, une unité de main-d’œuvre familiale gagne environ 3600 francs par mois, ce qui représente 15 francs de l’heure. En l’obligeant à rémunérer un employé 22 francs de l’heure, sans que ce dernier ait à assumer de responsabilités supplémentaires, on placerait le paysan dans l’obligation de licencier son ouvrier, à moins d’imaginer qu’un ouvrier agricole non qualifié puisse gagner davantage qu’un paysan dûment formé. Une telle initiative conduira assurément à la disparition de nombreuses exploitations agricoles. J’ai de grandes craintes surtout pour les cultures qui sont gourmandes en main-d’œuvre : le maraîchage, l’arboriculture et la vigne, évidemment, avec laquelle j’entretiens des liens personnels et familiaux forts. Je ne veux pas peindre le diable sur la muraille ni brandir des épouvantails, mais il n’y a pas besoin de faire de savants calculs pour se rendre compte que cette initiative mettrait gravement à mal l’avenir des familles paysannes, dont on connaît les difficultés. Notre pays ne peut tout simplement pas offrir des salaires horaires de 22 francs à l’agriculture – alors qu’ils ne dépassent pas dix francs en Europe – parce que notre agriculture ne permet pas de dégager une valeur ajoutée en rapport. A une époque où chaque consommateur responsable est sensible aux attraits d’une production indigène, proche du terroir, traçable, écologique, je suis absolument convaincu que l’initiative en question risque d‘affaiblir notre production 
indigène au bénéfice 
de l’agriculture étrangère, 
là même 
où la protection sociale des travailleurs agricoles 
est quasi inexis­tante. 
Nos paysans méritent d’être 
défendus. »

Philippe Leuba, conseiller d’Etat vaudois PLR/VD.
Chef du Département
de l’économie 
et du sport

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