Publié le: 6 avril 2018

Nouvelle vigueur en Argentine

libéralisme – Il y a 100 ans, l’Argentine était encore le septième pays le plus riche du monde. Puis, ce fut le recul. Aujourd’hui, le président Macri tente d’inverser la donne. Pas facile du tout.

Un siècle, un tout petit siècle en arrière, l’Argentine était encore le septième pays le plus riche du monde. La capitale, Buenos Aires, brillait de villas, de palais et de boulevards. Les restaurants et les cafés étaient pleins à craquer. Aujourd’hui, la même ville doit se contenter d’offrir un pâle 
témoignage de ce que fut son brillant passé. Les traces, misérables et crasseuses, de sa splendeur passée.

Le déclin constant de l’Argentine débuta dans les années 1920. Ce ne fut pas une consolation pour ces grands acteurs économiques que d’assister à la chute simultanée de leurs anciens rivaux latino-américains. Le fait est que les gouvernements sont devenus de plus en plus populistes et de plus en plus isolés. Le point le plus bas atteint par ce non développement économique fut le péronisme dont la suite naturelle fut le kirchnerisme.

À l’heure actuelle, le président Macri tente d’inverser ces systèmes. Cette tâche n’est pas facile.

Peron, Kirchner: la longue chute

Lorsque Juan Peron a pris le pouvoir sur les bords de la rivière Plata en 1946, il a commencé par introduire un système de politique économique non conventionnel. Pour garantir le travail pour tous, il a exproprié ce qu’on appelle les industries de base. Afin de stimuler le développement du pays, il a essayé d’empêcher toutes les importations et expor­tations. Malgré les nombreux bouleverse­ments politiques, le péronisme est resté avant tout un programme de politique économique.

Ce mouvement s’est par la suite amplifié et il a connu une forme encore plus extrême, le kirchnerisme: Néstor Kirchner et son épouse Cristina – qui lui a succédé. Ces deux présidents ont donné plus de poids encore à l’objectif de l’autosuffisance économique. Ils ont poursuivi la transformation du pays au moyens d’instruments tels que la limitation économique, le contrôle des importations et des changes, la fixation des prix et les nationalisations forcées.

Macri, nouveau héro libéral?

En 2015, l’entrepreneur Mauricio 
Macri a été élu président. Le libéral économique a immédiatement donné le ton: son premier acte officiel au gouvernement a été de lever certaines restrictions sur les opérations de change. Cela a conduit à une dévaluation du peso argentin d’environ 35%, sans toutefois que cette conséquence n’exerce une pression excessive sur les taux de change.

Depuis, le gouvernement a cherché à démanteler les réglementations, à libéraliser l’économie, à privatiser les entreprises d’État et à éliminer les droits d’importation et d’exportation. Le gouvernement Macri est con­vaincu que c’est le libre-échange qui a fait – jadis – la richesse de l’Argentine. Et que c’est une nouvelle fois 
le libre-échangisme qui devrait permettre à l’Argentine de retrouver sa prospérité.

L’histoire le montre. En 1816, l’Argentine est devenue indépendante. Dans l’une de ses premières constitutions, le pays a renoncé à toutes les barrières à l’importation et à l’exportation ainsi qu’à tous les droits de douane. Le succès a été grandiose. Malgré les turbulences politiques, le pays est devenu un grand exportateur de viande. Une large classe moyenne s’est formée et des biens industriels ont été introduits dans le pays grâce à des importations bon marché.

Apprendre de l’histoire

De 1850 environ et jusqu’en 1925 environ, l’espérance de vie en Argentine était plus élevée qu’en Espagne, en Italie ou aux États-Unis. L’Argentine avait plus de téléphones et de voitures que le reste de l’Amérique du Sud réunis. En raison de l’absence absolue de tarifs douaniers, même la petite industrie locale était extrêmement efficace.

Il reste à voir si le président Macri parviendra à restaurer le vieux 
navire avec ses mesures de libéralisation. Il a beaucoup plus de succès que ce que ses détracteurs prédisaient. Mais il est aussi beaucoup plus lent qu’il ne l’avait annoncé lui-même. Un pays peut-il retrouver la prospérité libérale après 80 ans de péronisme acharné? Seule une observation attentive des prochains développements permettra de le confirmer.

Henrique Schneider, 
usam

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