Publié le: 3 juillet 2020

Néandertalissime Simmental

rando – Parmi les centaines de points de franchissement de la frontière berno-valaisanne, le Col du Schnidejoch vous emmène de la Lenk à Anzère. Au passage, la cabane du Wildhorn et son chien Ben tenteront de vous retenir en ces lieux chargés d’histoire.

Elle est poreuse et surprenante, cette montagneuse frontière entre Berne et le Valais. Nous l’avons parcourue en remontant le Simmental depuis la Lenk. Ce point de passage entre l’Oberland bernois et le Valais est le point de départ d’innombrables randonnées. Acheter une carte au 25 000e est un bon investissement.

L’Iffigsee, un joyau

Arrivé à la gare et en attendant le départ du car postal, prenez à droite en sortant de la gare et filez cent mètres. Vous pourrez emporter des croissants délicieux et un petit café bien serré dans son gobelet. Le car vous emmène à Iffigenalp (1584 m) et vous permet d’admirer au passage les poétiques chutes de l’Iffigenfall. En remontant l’Iffigenbach, on emprunte l’un des plus vieux cols du continent…

Le sentier traverse ensuite les pâturages jusqu’au merveilleux lac d’Iffigsee (2065 m). L’endroit idéal pour un picnic les pieds dans les eaux turquoise, histoire de se pré­parer à ce qui va suivre. Suivent quelques kilomètres durant lesquels on voit évoluer la flore locale. Puis, c’est l’arrivée à la cabane, la Cabane du Wildhorn (2303 m)– fondée par une équipe de courageux Fribourgeois désireux de s’aventurer un peu plus loin que les sommets de leur région. On vous conseille de réserver par téléphone. Pour respecter les distances de sécurité post crise sanitaire, les responsables de la cabane limitent le nombre d’hôtes.

Il y a 6400 ans, que faisaient-ils?

Si vous partez tôt, vous arriverez en début d’après-midi. Allégez votre bagage et après un bon verre de jus de pomme, reprenez le sentier et grimpez en direction du Col du Schnidejoch (2756 m). Le nom évoque pour beaucoup un lieu chargé d’histoire alpine. En effet, en 2003 une randonneuse tombe sur une série d’objets abandonnés par le glacier en recul. Incroyable découverte d’un arc, un étui en écorce de bouleau et des flèches à pointe de pierre ayant appartenu à un homme du 28e siècle avant J.-C. qui tentait de franchir le col entre la région de Sion et celle de Thoune. Y est-il arrivé ? On ne saura jamais. Les gens de la cabane vous remettront du reste un petit prospectus donnant force détail sur les campagnes archéologiques menées par les services bernois et les objets qui ont été retrouvés par la suite. Dont un morceau de bol en bois daté de 4400 avant J.-C. Ce sont les plus vieux restes trouvés dans les Alpes.

Jouer dans les névés

Depuis la cabane, la montée au col prend une heure à une heure et demie. Il vaut la peine de mettre au pied de bonnes chaussures et de prendre des bâtons de randonnée, car par endroit des névés subsistent. Les sentiers sont assez marqués pour ne pas se perdre et de temps à autre une trace rouge et blanche sur une pierre donne l’orientation générale.

Arrivé au col, le paysage est à couper le souffle. Tandis que des restes de nuages s’évaporent, on distingue une patrouille de randonneurs qui part sur le glacier du Chilchli – c’est vraiment comme ça que cela s’appelle! – encordés et marchant avec prudence. Après cette première reconnaissance, vous pouvez redescendre jusqu’à la cabane ou, si vous le souhaitez, poursuivre jusqu’en Valais, barrage du Rawy, puis en empruntant les bisses à plat le long de la pente, jusqu’à Anzère.

Poursuivre sur le Valais implique des trajectoires à travers les champs neigeux, ce qui exige une certaine expérience, de même que suivre un sentier très approximatif le long de pentes à 45% dans les éboulis et les matériaux rendus friables par le gel.

Thé de marche à disposition

Pour ceux qui sont tentés d’approfondir la connaissance de la région, avant ou sans un éventuel franchisse­ment du Col, c’est le retour à la cabane. Votre lit se trouve dans un dortoire (duvet, oreiller, on peut prendre son sac de couchage) avec des lits à étage. Le souper fut excellent, tout est fait sur place: soupe au légume, salade, pâtes bolognaises, pannacotta maison. Il y a du thé délicieux dont vous pourrez remplir vos gourdes le lendemain, après un bon petit déjeuner. Et après avoir contemplé un inoubliable lever du soleil.

L’accueil de Ben

En plus d’un vieux matou qui viendra se frotter à vos mollets durcis par les heures de marche, il y a l’inoubliable rencontre avec Ben le bienveillant. Ce chien de berger a le sens de l’accueil. Il est trop âgé pour courir derrières les bouts de bois qu’on lui lance. Des panneaux l’indiquent un peu partout sur la terrasse. Mais à peine arrivé, vous le verrez se rapprocher pour faire connaissance. Dans ses yeux, vous lirez l’envie de jouer. Comment faire? Il suffit de cacher le bout de bois quelque part et de lui demander ensuite d’aller le chercher. Ben attendra peut-être patiemment que vous lui indiquiez le signal de départ. Il aime aussi beaucoup imiter en votre compagnie le bruit des poules et du coq qui picorent en contrebas de la cabane.

François Othenin-Girard

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