Publié le: 6 mars 2020

l’édito

Offensive orchestrée de désinformation

Une chose doit être claire dès le début: la réforme du système de prévoyance professionnelle doit réussir ce coup-ci. Toutefois, l’offensive de désinformation menée par l’Union patronale suisse (UPS) n’est guère utile à cet égard.

N’étant pas parvenue à s’imposer avec le projet fiscal et AVS de la RFFA, l’UPS aspire désormais à un sentiment de réussite en matière de retraite professionnelle. Un compromis dit des partenaires sociaux a été négocié avec les syndicats. Cependant, le modèle syndical veut transformer le deuxième pilier en une mini-AVS et donc en une étape préliminaire à une «pension populaire». Ceci par le biais d’une redistribution massive.

Aveuglé par les louanges du conseiller fédéral Alain Berset (PS), le résultat désastreux des négociations a été présenté comme un compromis historique.

Le réveil brutal est venu à l’ouverture de la consultation fin 2019. A l’exception de la gauche unie, qui se frotte encore les yeux d’étonnement devant les généreux cadeaux de l’Union patronale suisse, le compromis des partenaires sociaux est tombé sur un large front d’opposition. Ce n’est pas un compromis historique, c’est un fiasco historique qui menace!

Au lieu de se rallier à un contre-modèle bourgeois largement soutenu, l’Union patronale suisse met toute la vapeur sur son projet. En prétendant que seul le modèle syndical compense entièrement les pertes de pension. Or c’est archi-faux! Roger Baumann, expert en fonds de pension qui a été consulté à plusieurs reprises par l’Office fédéral des assurances sociales pour des études, a prouvé dans un article très lu que le modèle de l’usam à faible coût conduisait au même objectif de performance pour tous les niveaux de salaire qu’aujourd’hui.

Tout aussi fausse, l’affirmation selon laquelle le compromis des partenaires sociaux réduit de moitié la redistribution actuelle. Dans la perspective actuelle, le taux de conversion minimum devrait être abaissé non pas à 6%, mais bien en dessous de 5%. Seule une partie de la redistribution actuelle de cinq milliards de francs disparaîtrait ainsi.

En outre, avec les nouveaux suppléments de pension prévus, il y aura au moins 1,5 milliard de francs suisses de redistribution en dehors du système. Au lieu de réduire la redistribution, on est même en train de l’étendre. Le président de l’Association suisse d’assurances (ASA), Rolf Dörig, résume d’un trait et à juste titre en disant que dans le compromis dit des partenaires sociaux, «le médicament prévu est pire que la maladie».

Malhonnête enfin, cette affirmation de l’Union patronale dans la presse dominicale du week-end dernier, selon laquelle l’usam aurait quitté les négociations des partenaires sociaux à minuit moins une. Le procès-verbal le démontre. Plus de quatre mois avant la présentation du compromis des partenaires sociaux, l’usam a clairement indiqué qu’elle était toujours prête à faire des compromis. Toutefois, il ne serait pas question de verser des compléments de pension.

Dans ce contexte, on est tenté de dire, avec Oliver Hassencamp *: «Les contre-vérités maintes fois affirmées ne deviennent pas des vérités, mais, pire encore, des habitudes.»

* Ecrivain et acteur allemand (1921-1988).

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