Publié le: 11 décembre 2015

OUI au deuxième tube au Gothard!

L’invité du mois

Nous avons la chance de posséder l’un des réseaux routiers les plus performants au monde, ce qui contribue à renforcer notre modèle à succès. Pour continuer à faire preuve d’excellence, à bénéficier d’un réseau sûr et à soutenir au mieux notre économie, nos infra­structures de transports doivent être entretenues et adaptées aux exigences actuelles. Tel est le cas du tunnel routier du Saint-Gothard, point stratégique des échanges entre le nord et le sud de l’Europe, qui doit être assaini après 35 ans de service. Le 28 février, le peuple suisse sera amené à choisir s’il désire une rénovation durable avec la construction d’un deuxième tube. Ce deuxième tunnel, qui sera utilisé après rénovation, de manière unidirectionnel et sans accroissement de circulation, représente la chance de pouvoir investir pour nos générations futures et d’anticiper les défis.

Actuellement, ce tunnel de 17 kilomètres de long, étroit, à deux voies bidirectionnelles et sans bandes d’arrêt d’urgence, permet de relier Göschenen (UR) à Airolo (TI), sans passer par le col du Saint-Gothard. Environ 75000 véhicules/heure se croisent à une vitesse limitée à 80 km/h avec une distance de 50 mètres entre chaque véhicule de tourisme et une distance de 150 mètres entre les poids-lourds. Ce tunnel n’a cependant pas été conçu pour le trafic des poids-lourds qui ne peuvent emprunter le tunnel qu’en trafic alterné. S’il avait été construit de nos jours, ce tunnel ne correspondrait plus aux normes de sécurité. En effet, il serait nécessaire d’avoir deux tunnels unidirectionnels doté chacun d’une bande d’arrêt d’urgence.

Le tunnel du Gothard, qui est, rappelons le, le deuxième plus long tunnel routier d’Europe, fait malheureusement régulièrement des victimes (181 accidents entre 2001 et 2014). Pensons, par exemple, à la terrible catastrophe d’octobre 2001, dans laquelle onze personnes ont perdu la vie suite à un incendie provoqué par une collision entre deux camions. En disant OUI à la modification de la Loi sur le transport alpin (LTRA), nous nous prononçons en faveur de la construction d’un tunnel de réfection qui sera utilisé à la fin des travaux, de manière unidirectionnel, avec une bande d’arrêt d’urgence et sans accroissement de la capacité comme le demande l’«Initiative des Alpes». Cette variante, soutenue par le Conseil fédéral et le Parlement, représente un gain considérable en termes de sécurité pour les automobilistes après la réfection du tunnel. Nous devons prendre nos responsabilités et ne pas jouer avec la sécurité des usagers!

D’un point de vue économique et touristique, le tunnel routier du Saint-Gothard est une liaison vitale. Nos entreprises, qui souffrent déjà suffisamment du franc fort, doivent pouvoir jouir d’un réseau de transport fonctionnel. L’économie de tous les cantons suisses, et plus particulièrement celle du Tessin, est concernée par l’artère névralgique qu’est le Gothard; 75% de l’ensemble du trafic au Gothard relève du trafic intérieur. En cas de fermeture prolongée du trafic routier du Gothard, les entreprises suisses devront faire face à des situations difficiles. En 2001, lorsque le tunnel avait été fermé pendant deux mois pour réparations après l’accident d’octobre 2001, le manque à gagner avait été évalué à 33 millions de francs uniquement pour l’économie tessinoise, selon une étude de l’Université de la Suisse italienne (USI). Un deuxième tunnel permettra de soutenir notre économie durant les longs mois que dureront les travaux d’assainissement. Il est dès lors important de ne pas isoler les différents cantons et de permettre aux usagers et aux entreprises d’utiliser un réseau routier qui réponde au mieux à leurs besoins. Seul un réseau routier exempt de goulets d’étranglement et de congestions, ou n’en comportant qu’un minimum acceptable, peut répondre aux attentes en matière de mobilité de nos entreprises, de nos touristes et nos citoyens.

Les opposants au tube de réfection proposent différentes variantes onéreuses de transbordement. Il s’agit d’une utopie de penser que tout le trafic routier pourra être transféré par le rail. Il faut trouver des synergies entre la route et le rail et ne pas opposer ces deux modes de transports. Dans le cas du trafic du Gothard, les infrastructures ferroviaires ne pourront pas faire face à la situation. Actuellement, le tunnel routier absorbe un trafic de 900 voitures par heure alors que le transbordement proposé par les opposants au deuxième tube ne permettrait de transporter qu’un maximum de 600 voitures par heure. Il y a donc une inadéquation entre le trafic routier et le possible transbordement, ce qui entraînerait une surcharge et rendrait la liaison peu fiable. Une utilisation intensive des infrastructures de ferroutage impliquerait inévitablement des pannes et des défaillances techniques. Un tel scénario engendrerait encore une plus grande incertitude pour nos entreprises et paralyserait, plus fortement encore, l’axe nord-sud. Pour contourner ces embouteillages liés à l’attente causée par le transbordement, certains véhicules se décideront à prendre des routes de contournement. Quelle solution insensée que d’encourager les touristes à franchir les cols alpins en plein hiver !

Voici donc pourquoi nous devons, le 
28 février, soutenir la modification de la loi sur le transport alpin en votant OUI au deuxième tube au Gothard. Nous devons soutenir nos infrastructures routières pour notre sécurité, notre économie et notre tourisme!

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que l’auteur.

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