L’usam s’oppose avec véhémence à la hausse des cotisations salariales
Où trouver tout cet argent?
prévoyance vieillesse 2020 – Le champion olympique de judo Sergei Aschwanden se fait du souci pour les jeunes si cette réforme passe. Les dégâts à la Suisse seraient terribles selon lui.
Journal des arts et métiers: Qu’est-ce qui vous pousse à vous engager dans cette campagne?
n  Sergei Aschwanden: J’ai Ă cĹ“ur de contribuer Ă trouver des solutions pour une prĂ©voyance vieillesse pĂ©renne et qui respecte le contrat entre les gĂ©nĂ©rations. Le projet, adoptĂ© Ă une très faible majoritĂ© par les Chambres fĂ©dĂ©rales, ne rĂ©soudra pas les problèmes de financement. Au contraire, il les aggravera. Il prĂ©voit d’augmenter les prestations alors mĂŞme que l’AVS est dĂ©jĂ dĂ©ficitaire. Il veut taxer davantage les salariĂ©s et les entreprises pour financer des prestations supplĂ©ÂmenÂtaires offertes Ă tous les nouveaux rentiers alors que, nous le savons dĂ©jĂ , ces prestations rendront l’AVS dĂ©ficitaire d’ici une dizaine d’annĂ©es.
Qu’est-ce qui vous frappe?
n Cette réforme est particulièrement injuste. Elle oppose les générations, en effet les retraités actuels ne toucheront pas un franc de plus. Pendant des années, les jeunes financeront la facture de l’AVS, alors qu’ils ne seront même pas sûrs de toucher un jour leur propre rente. Le financement de cette réforme n’est pas viable à long terme, un déficit est déjà à prévoir dès 2027.
«Pendant des années, les jeunes financeront la facture de l’AVS. ils ne seront même pas sûrs de toucher un jour leur propre rente.»
Pour quelles raisons Prévoyance 2020 est-elle une mauvaise réforme?
n Cette rĂ©forme met en danger la 
pĂ©rennitĂ© de notre AVS. Elle tend Ă la fragiÂliÂsation de la prĂ©voyance professionnelle. IdĂ©ologiquement, la gauche souhaite renforcer l’AVS au dĂ©triment de la prĂ©voyance professionnelle. Le projet de PrĂ©voyÂance 2020 oppose les jeunes, qui paieront davantage tout en voyant diminuer leurs chances de toucher une rente, Ă la gĂ©nĂ©ration des baby-boomers, qui n’aura pas de perte de rente et touchera le supplĂ©ment de 70 francs. Les rentiers actuels, eux, seront soumis comme tout un chacun Ă la hausse de la TVA, mais ne toucheront pas le supplĂ©ment de rente.
De plus, cette réforme offre un court répit à l’AVS. Si elle est acceptée, un déficit est déjà attendu en 2027. Il nous faut une vraie réforme pérenne. Il est tout de même curieux que, confronté à un déficit structurel, on songe à augmenter les prestations. Je souhaiterais une réforme qui permette réellement de résoudre les problèmes financiers de l’AVS et qui prenne en compte toutes les générations.
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Quels sont les enjeux, concrètement, pour les jeunes actifs?
n Cette rĂ©forme met en danger le contrat intergĂ©nĂ©rationnel. Les jeunes actifs verront leurs cotisations salariales augmenter, ils payeront davantage de TVA et financeront la hausse des mesures compensatoires. Pour ĂŞtre concret, un jeune actif de 35 ans ayant un salaire annuel de 80 000 francs payera 895 francs supplĂ©ÂmenÂtaires par an au titre des cotisations salariales. Il devra s’acquitter de la hausse de la TVA de 0,6 points. Tout cela, sans avoir la certitude de pouvoir un jour bĂ©nĂ©ficier de cette assurance. En effet, si cette rĂ©forme est acceptĂ©e, un dĂ©ficit est attendu en 2027 dĂ©jĂ et atteindrait 3 milliards en 2030. Il est particulièrement difficile pour un jeune actif d’accepter de payer davantage de charges tout en sachant que ses prestations dans la prĂ©voyance professionnelle vont baisser, alors que la gĂ©nĂ©ration dite de transition verra elle ses prestations maintenues.
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Dans quelle situation seraient les PME si ce projet passait?
n Les PME seront confrontĂ©es Ă la hausse de 250 millions par an des cotisations employeurs dues Ă la suppression de la franchise. La TVA augmentera, ce qui rendra la compĂ©titivitĂ© des PME locales plus difficile. De plus, la ConfĂ©dĂ©ration devra injecter quelques 700 millions de francs supplĂ©mentaires par an dans l’AVS. On se demande oĂą elle trouvera tout cet argent. Les PME suisse sont dĂ©jĂ confrontĂ©es Ă un contexte concurrentiel difficile dĂ» au franc fort et Ă la concurrence interÂnaÂtioÂnale, augmenter les charges des PME aujourd’hui c’est mettre en danger les emplois de demain.
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Quels enjeux pour les jeunes entrepreneurs?
n Les jeunes entrepreneurs verront leurs charges de prĂ©voyance vieillesse augÂmenÂter, la compĂ©titivitĂ© de leur entreprise sera rendue plus difficile. Ils ne pourront pas ĂŞtre sĂ»rs de toucher une rente le moment venu, car cette rĂ©forme met l’AVS durablement en danger. De par mon activitĂ© professionnelle, je suis inquiet des difficultĂ©s supplĂ©mentaires imposĂ©es par cette rĂ©forme aux entrepreneurs et Ă leurs sociĂ©tĂ©s.
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Comment voyez-vous la situation comme futur rentier (dans quelques années)?
n Personnellement, je ne fais pas partie de la génération dite de «transition». Je subirai donc l’augmentation des prélèvements salariaux, en plus de l’augmentation de la TVA et il est peu probable, en vue du déficit annoncé, qu’une fois arrivé à l’âge de la retraite je puisse toucher les 70 francs supplémentaires que mes efforts auront financés. Ce qui est navrant, c’est que cette réforme se fait sur le dos des plus jeunes contributeurs à l’AVS et qu’elle diminue encore plus leurs chances de bénéficier un jour des prestations du premier pilier.
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Comment comprenez-vous la situation des femmes? Comment réagissent-elles autour de vous?
n Les femmes devront donner plus pour des cacahuètes… voire même pour rien du tout. En effet, elles verront leur âge de départ à la retraite relevé à 65 ans, subiront l’augmentation des déductions salariales et de l’AVS et au final, tous leurs efforts sont réduits à néant par l’extension de l’AVS. Cette réforme demande un effort particulier aux femmes, mais ne leur assure rien de plus. Elles financeront, par leur année de travail supplémentaire et la hausse de leurs cotisations salariales, l’augmentation généralisée des 70 francs de l’AVS. Autour de moi, j’ai de la peine à trouver des femmes convaincues par ce projet.
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Quels sont les enjeux pour les bénéficiaires de prestations complémentaires (PC)?
n L’augmentions de 70 francs par mois de la rente AVS entrainera une diminution Ă©quivalente des prestations complĂ©mentaires. Il faut aussi rappeler que contraireÂment aux prestations complĂ©mentaires, les rentes AVS sont imposĂ©es. La rĂ©duction des prestations complĂ©mentaires peut faire perdre le droit Ă l’exonĂ©ration de certains frais, tels que la redevance Billag par exemple. Les rentiers les plus modestes seront perdants.
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Quel est le pire argument invoqué par le camp du OUI et comment y répondez-vous?
n L’argument de la pérennisation de l’AVS par la réforme de la Prévoyance 2020 est particulièrement risible. Cette réforme amène à un déficit prévu de l’AVS dans 10 ans déjà . Et un trou de plus de 7 milliards en 2035.
«je suis inquiet des difficultés supplémentaires imposées par cette réforme aux entrepreneurs et à leurs sociétés.»
Nous devons faire une réforme qui assure les rentes à long terme, nous le devons à nos concitoyens. Nous devons apporter des solutions pour les défis de la prévoyance professionnelle dans le deuxième pilier et non pas arroser tous les rentiers avec 70 francs supplémentaires par mois dans le premier pilier.
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Que pense-t-on de cette question dans le monde du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration?
n Dans un contexte de franc fort et d’environnement fortement concurrentiel avec l’étranger, il est contre-productif de demander une hausse des cotisations de l’employeur dans le domaine du tourisme. On ne donne pas envie à ceux qui hésitent à s’implanter chez nous. Par ailleurs, la hausse prévue de la TVA rendra la Suisse moins attractive et plus chère pour les visiteurs face à ses voisins. La hausse de la TVA et des cotisations employeurs reviendrait à se tirer une balle dans le pied pour les hôteliers et les restaurateurs.
Interview: 
François Othenin-Girard
LIENS
trajectoire
Sergei Aschwanden
Né à Berne en 1975 d’un père uranais et d’une mère keyniane, Sergei Aschwanden grandit à Bussigny, près de Lausanne, et apprend le judo avec Maître Kazuhiro Mikami. On le retrouve à Macolin dès 2001. Ses 304 victoires par Ippon ont permis au champion olympique d’acquérir un exceptionnel palmarès: médaillé de bronze aux Jeux Olympiques 2008 à Pékin, d’argent et de bronze aux Championnats du Monde en 2003 et 2001. Revenu en Suisse romande, il est actuellement directeur de station à Villars, un poste qui englobe tourisme et sport. Il s’active comme député au Grand Conseil vaudois au sein du groupe PLR.
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