Publié le: 14 août 2020

Place au progrès, plutôt qu’à la décroissance!

La crise détient deux principales faces: celle du danger et celle de l’opportunité. Aussi difficile est-il d’imaginer la suite lorsque le danger n’est pas encore passé, l’après-crise verra émerger le résultat de nombreuses opportunités. Il y a celles qu’on accueille avec le sourire comme un renforcement de la numérisation qui favorise notamment le télétravail, la télémédecine, les conférences à distances… Il y a aussi celles qu’on accueille avec un sentiment de déjà-vu. Les «ça devait finir par arriver» sont servis sans modération mais, plus surprenants encore, sont ces poli­ticiens qui saisissent l’occasion pour ressortir leur programme prônant la décroissance.

En voilà une chose bien étrange… Nous venons de vivre une crise sanitaire à laquelle personne ne s’attendait: il a fallu tous les jours se réinventer, faire preuve de réacti­vité et d’idées pragmatiques pour freiner la propagation, utiliser notre solidité financière et notre prospérité pour sauver des emplois… Et c’est à ce moment-là que certains se laissent à penser qu’il faudrait désormais faire tout le contraire… C’est à la fois irresponsable et incompréhensible.

Il est vrai que la protection de l’environnement et du climat en appelle à une action rapide et coordonnée au niveau international, mais serons-nous vraiment mieux à même de répondre au défi climatique si nous optons pour une politique de décroissance?

Certes, la Suisse est l’un des pays les plus riches du monde. Mais ne perdons pas de vue qu’au niveau mondial, la Suisse ne représente qu’une toute petite pierre par rapport à la montagne que sont les émissions de CO2 (0,07% soit 0,7 pour mille). Autrement dit, nous pouvons tout arrêter du jour au lendemain mais nous ne sauverons pas pour autant la planète. Par contre, la Suisse a une carte à jouer. Non pas celle de la décroissance, mais celle du progrès. Notre pays peut contribuer à lutter contre le réchauffe­ment climatique et avoir un impact au niveau mondial en exportant son savoir et ses technologies vers le monde entier, notamment vers les pays les plus polluants. Être un laboratoire à solutions est bien plus intelligent que devenir un laboratoire à taxes et interdictions! Et être un acteur porteur de solutions ne peut que renforcer notre influence au niveau international.

D’ailleurs, ce laboratoire à solutions, nous l’avons été… Rappelons-nous: nous sommes au terme du 19e siècle. La production d’électricité est à son niveau le plus haut et nous sommes en quête de solutions pour mettre cette source d’énergie au profit de la population. Les premières recherches sont lancées dans le domaine du transport ferroviaire. Du charbon, nous nous dirigeons vers la locomotive électrique. La gauche syndicaliste se battait alors pour garder la machine à vapeur alimentée au charbon, afin de conserver les emplois – notamment la personne chargée de mettre plus de 13 tonnes de charbon par jour dans la chaudière. Mais l’esprit d’innovation l’a emporté et la Suisse a électrifié son réseau ferroviaire 50 ans avant l’Europe, puis nous avons exporté notre savoir et nos locomotives dans le monde entier.

Développer des technologies avant-gardistes et favorables au climat, afin de les exporter, voilà le véritable combat dans lequel la Suisse doit maintenant se lancer: renforcer la production d’électricité renouvelable, améliorer le stockage de l’énergie, développer l’hydrogène, ainsi que le gaz et les carburants de synthèses neutres en CO2.

Pour contribuer à la réduction des émissions de CO2, la Suisse ne peut pas se contenter de taxer ses citoyens et de décourager la consommation. La Suisse a les ressources financières et les cerveaux pour développer des solutions afin d’être plus efficients et ainsi servir notre planète.

Dans l’histoire de notre pays, petit mais solide, c’est le progrès qui a permis de consommer mieux et moins, d’assainir nos sols, d’épurer nos eaux, d’éliminer nos déchets. Aux chants des sirènes qui veulent un retour en arrière, préférons un bond en avant, dessinons notre avenir et soyons à la hauteur de notre réputation pour apporter au monde les solutions dont il a maintenant besoin.

*Conseillère aux Etats (PLR/FR)

johanna.gapany@parl.ch

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