Publié le: 6 septembre 2019

L‘édito

Plaidoyer pour une politique réglementaire

C’est quoi, une politique pour les PME? La Suisse comprend plus de 500 000 PME extrême­ment diversifiées. Or une seule politique convient à tout le monde: c’est la politique réglementaire. Mais que contient-elle? Pour le dire crûment: la politique réglementaire et l’économie sociale de marché sont les deux sœurs jumelles, rejetonnes de l’économiste Walter Eucken. Ce dernier a interrogé les relations entre l’Etat et le secteur privé.

Décrivons les tâches de l’Etat – avant tout les libertés, les régimes de propriété, maintenir la concurrence et mettre en place une sécurité sociale. Selon la politique réglementaire, l’Etat est aussi responsable des infrastructures et du financement de la recherche. A cela s’ajoute la responsabilité individuelle de citoyens responsables. Pour agir de manière responsable, les gens ont besoin de liberté et de la garantie de leurs droits. Il en va de même pour les entreprises. Il faut de la liberté pour être responsable de ses succès et de ses échecs.

Dans la politique réglementaire, la responsabilité personnelle des personnes passe toujours avant l’action gouvernementale. L’Etat ne devrait fixer des règles et assumer des tâches que pour les domaines qui nécessitent une coordination pour la société dans son ensemble; et lorsqu’il peut utiliser ses propres ressources pour résoudre les problèmes selon le principe de subsidiarité, avec l’aide de citoyens et de manière décentralisée. Pour les entreprises, le concept de politique réglementaires doit permettre d’accroître la compéti­tivité, de réduire les distorsions du marché et de minimiser les obstacles.

Le plus important, c’est que la politique réglementaire repose sur la diversité. Elle ne précise pas quelles entreprises sont autorisées à exister, quels modèles commerciaux doivent être promus, comment les entreprises doivent s’organiser, etc. La politique réglementaire considère la diversité comme un capital pour les entreprises. Elle comprend les différences comme un enrichissement. Elle favorise même cette différenciation. Or c’est précisément ce qui fait le succès du modèle suisse. Le pays dispose d’une économie diversifiée dans laquelle la concurrence, la coopération, l’innovation et la tradition se complètent. Il s’agit à la fois d’un effet et d’une condition-cadre importante de la politique réglementaire: chaque entreprise est un cas particulier et les conditions-cadres politiques doivent rendre possible cette série infinie de cas particuliers.

Si une entreprise de l’économie créative vend des jeux ou des designs en Chine; si une entreprise qui fabrique des machines vend des capacités inutilisées via une plate-forme en ligne; si un restaurant offre en plus des services de restauration: il s’agit dans tous ces cas d’opportunités et de risques entrepreneu­-riaux supportés par des particuliers. Ce n’est pas à l’Etat de s’en mêler. Son rôle consiste seulement à garantir la liberté des entrepreneurs.

Dans notre livre «La valeur des PME», Henrique Schneider et moi tentons de répondre à la question de la nature de la valeur ajoutée économique et sociale des PME. Puis, nous confirmons cette analyse de manière empirique. Nous nous demandons alors quelle est la politique qui convient vraiment aux PME. Or notre réponse coïncide avec celle d’Euckens: la politique réglementaire est précisément une politique pour les PME dans ce sens qu’elle permet de créer plus de PME et donc au final, plus de valeurs.

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