Publié le: 9 avril 2021

Plus de vaccins pour garantir la survie de nos PME !

30 à 60 millions par jour! C’est le montant que le Corona­virus fait perdre à notre économie. Ces chiffres très préoccupants sont avancés par le Secrétariat d’Etat à l’économie, en réponse à ma question au Conseil fédéral lors de la dernière session. Berne confirme ainsi les craintes émises par de nombreux milieux dont l’usam: nos entreprises, notamment les PME, payent très cher le retard de notre pays dans la campagne de vaccination.

Les Suisses, en particulier les chefs d’entreprises, se sentent avec raison de plus en plus démunis. Des PME, des restaurants, font faillite. Des hôtels restent vides. La production recule. Le chômage progresse. Et les carnets de commande peu remplis ne laissent augurer d’aucune détente dans un avenir proche. Il n’y a ni perspective ni sécurité d’investissement ou de planification.

Pourquoi? Car la campagne de vaccination est à une cacophonie. La Confédération, les cantons et les milieux de la santé ne cessent de se renvoyer la balle. L’incompréhension grandit comme l’illustre l’affaire rocambolesque Johnson and Johnson: il y a quelques semaines Swissmedic a autorisé le vaccin de la firme américaine pour les personnes de 18 ans et plus. Mais l’Office fédéral de la santé publique a renoncé à l’injecter. Comment justifier une telle décision alors que les vaccins font cruelle­ment défaut? Nous attendons vainement des explications convaincantes.

Or le Conseil fédéral continue de répéter que «la Suisse poursuit une très bonne politique d’approvisionnement et qu’elle est bien positionnée sur la scène internationale». Il ne prévoit pas de retard dans le plan de la vaccination et affirme pouvoir vacciner ceux qui le souhaitent d’ici fin juin. Ce discours ne convainc plus grand monde, tant ses promesses peinent à se concrétiser.

Admettons-le: notre approvisionnement en vaccin est un échec. Même le Maroc fait mieux que nous. La Suisse, pays de l’innovation n’a pas su anticiper ni s’adapter. Elle n’a non plus tiré les leçons d’Ebola et du SRAS, contraire­ment à des pays comme la Corée du Sud, Singapour et même le Vietnam. Nous avons d’abord manqué de masques, de gels hydro alcooliques et d’appareils médicaux. Puis, nous avons tardé à généraliser les tests. Et à présent, les vaccins ne suivent pas. Notre réponse à la crise a été trop lente, pénalisant aussi bien notre économie que notre vie sociale.

Aujourd’hui, nous sommes sous pression et dans l’urgence. Aussi à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Commençons par commander davantage de vaccins auprès de différents fabricants. Quitte à payer plus cher et à en avoir trop à la fin. Augmentons les capacités de production de vaccins par le biais d’un partenariat public-privé. Nous sommes le pays de la pharma, non?

Avec l’apparition de nouvelles mutations, les vaccins risquent de devoir être modifiés, d’où la nécessité d’avoir des lignes de production, chez nous. Ce qui nous per­mettra d’éviter des nouvelles pénuries. Le Conseil fédéral doit négocier avec les entreprises pharmaceutiques. Le Parlement lui en a donné la compétence. Une ligne de production coûte environ 70 millions. Soit à peine plus de ce que nous coûte chaque jour notre retard à vacciner. Enfin il faut davantage impliquer les cabinets médicaux et les pharmacies.

Les tests, c’est bien mais ils ne guérissent pas. Le seul moyen de revenir à la normalité économique et sociale est le vaccin. Israël par exemple l’a parfaitement bien compris. Aujourd’hui près de 60% de sa population a reçu au moins une injection contre le Covid-19. Et ses entreprises tournent à plein régime. Nous aurions dû et pu faire de même.

Pour sortir de l’impasse et garantir la vitalité de nos PME, j’attends du Conseil fédéral qu’il élabore une stratégie garantissant l’accélération de la campagne de vaccination et assurant la disponibilité des vaccins. Car nous devons apprendre à vivre avec ce «nouveau» fléau qu’est une pandémie.

* Conseillère nationale (PLR/VD)

www.jacqueline.dequattro@parl.ch

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