Publié le: 25 janvier 2019

PME discriminées dans les gares suisses

commerce – La politique des loyers pratiquée par les Chemins de fer fédéraux (CFF) se fait au détriment du commerce de détail.

Cela fait bien longtemps que les CFF ne s’occupent plus seulement de la gestion des trains et des rails. La régie fédérale est devenue la deuxième plus grande société immobilière de Suisse et possède, entre autres, 800 gares.

Outre les appartements et les bureaux, se sont surtout les surfaces commerciales dans ces gares qui représentent une source de revenus importante pour les CFF. Plus de 115 000 mètres carrés sont loués au commerce de détail dans les gares.

En novembre dernier, l’Union des transports publics a annoncé la mise en place des gares sans fumée. Ainsi, toutes les gares du pays deviendront des lieux non-fumeurs à partir du 1er juin 2019. En plus d’être une mesure paternaliste qui intervient dans la sphère privée des voyageurs, celle-ci inquiète les commerçants des gares qui tentent déjà de survivre aux conditions imposées par la régie fédérale.

Les CFF louent dans les gares des surfaces qui étaient initialement destinées aux offres de transport. Dans la branche du commerce de détail, les loyers pratiqués par les CFF sont jugés exorbitants et se fondent souvent sur des estimations irréalistes du chiffre d’affaires escompté.

Cette situation a pour conséquence concrète que, sauf exception, seuls les grands distributeurs ou les chaînes internationales sont en mesure de louer ces surfaces, parce que leur taille leur permet de compenser les pertes lorsqu’un site est déficitaire. Les petits et moyens commerçants restent sur la touche ou doivent renoncer après peu de temps à ces sites, parce que le chiffre d’affaires escompté par les CFF est irréalisable pour eux.

«Les CFF profitent de la distorsion de concurrence induite par leur monopole dans les gares pour imposer des loyers impayables, analyse Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’usam et conseiller national (PLR/ZH). Ils possèdent de nombreux privilèges. Les gares font partie des lieux les plus fréquentés et sont donc particulièrement attrayantes pour le commerce de détail. Souvent, les heures d’ouverture sont régies par des règlements spécifiques très généreux.» Les PME ne peuvent payer de tels loyers. L’annonce des gares sans fumée n’aidera en rien les kiosques qui verront ainsi leur chiffre d’affaire baisser alors qu’ils peinent à garder la tête hors de l’eau. Dans le microcosme des gares suisses, les PME continuent ainsi d’être de plus en plus discriminées.

Hélène Noirjean, usam

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