Publié le: 6 octobre 2017

Potentiel d’économie inexploité

FINANCES DE LA CONFÉDÉRATION – Confédération et cantons ne sont pas organisés pour ­fonctionner de manière économe. Pour l’auteur, le conflit d’intérêts est manifeste.

Dans mon analyse sur le manque d’informations au sein des administrations cantonales et fédérales (cf. ci-dessus 10), j’ai mentionné l’article constitutionnel qui exige des politiques et de l’administration qu’ils gèrent l’Etat de façon rationnelle. J’ai expliqué que les informations nécessaires à une gestion rationnelle de l’administration faisaient défaut et que, par conséquent, il subsistait un important potentiel d’économie. Dans cet article et par quelques exemples, j’explique que la gestion de l’administration ne peut être considérée comme rationnelle et économe.

Good corporate governance

Le problème, c’est que l’exécutif agit à la fois comme directeur stratégique et superviseur, comme chef opérationnel et politique… Dans l’optique d’une bonne gouvernance d’entreprise, une organisation agissant à la fois au nom du peuple et mandatée par le peuple est un cumul de fonctions pour le moins douteux. Cela brouille les responsabilités, en particulier en matière de rentabilité, et occasionne des conflits d’intérêts.

Autre problème: parce que l’exécutif (sur la base de la structure organisationnelle de la Confédération et du canton de Zurich) opère efficacement, il fait souffrir la direction stratégique. Tel un groupe super actif, il traite des milliers de transactions commerciales par année et se réunit presque chaque semaine. En comparaison, des organismes de même envergure gèrent une fraction de leurs activités et le directoire se rencontre en moyenne toutes les trois semaines pour se préoccuper davantage des questions stratégiques. En règle générale, ils sont assistés par un conseil d’administration.

Stratégique et opérationnel

L’exécutif prédomine au niveau de l’administration de la Confédération et des cantons, aussi bien sur le plan stratégique qu’opérationnel. Les membres de l’exécutif sont élus en raison de leurs aptitudes politiques et non de gestionnaires – et encore moins pour de grandes organisations. Chacune des directions, respectivement des départements, est également gérée individuellement et de manière très autonome par un membre exécutif, tant sur les plans stratégiques qu’opérationnels avec, dans certains cas, des marges de gestion exceptionnellement élevées.

Le manque d’expertise en gestion n’est pas comblé par une équipe de direction compétente. En d’autres termes, le gouvernement n’est pas pris en charge, ni par la direction (ou les départements), ni par une équipe de direction avec un PDG et un chef des finances qui optimiseraient la rentabilité et mettraient en œuvre les objectifs fixés. De plus, au niveau de la Confédération et des cantons, il n’existe pas de supervision comme c’est le cas pour les entreprises privées. Les contrôles financiers ne sont pas indépendants et trop faibles comparés à d’autres organisations. Le contrôle de milice des parlements est insuffisant, les accès restent insuffisants et les vérifications le plus souvent superficielles.

Pas convenablement organisée

En substance, la Confédération et les cantons sont une coopérative et tout citoyen possède une voix et une particule de propriété. Les citoyens ont le dernier mot sur la manière dont cette coopérative de service politique gère ses dépenses et dettes. La politique et l’administration mettent l’habit du mandataire qui gère les détails, la transposition, le contrôle de la volonté du peuple et l’administration des biens de l’Etat.

Pour cela, ils auraient besoin non seulement d’une organisation politique appropriée, mais aussi d’une organisation spécialisée sur les questions économiques. Or, aussi longtemps que cette dernière n’existe pas et que les structures, processus et tâches ne sont pas systématiquement optimisés par une équipe compétente, il subsistera un grand potentiel d’économie.

Philipp Weckherlin, 
entrepreneur

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