Publié le: 10 novembre 2017

Pour guérir votre team, mettez-le au vert!

permaculture pme – Introduire une nouvelle énergie dans les PME en travaillant avec les plantes? Après tout, cette activité ­permet de se ressourcer, de travailler l’esprit d’équipe et d’améliorer qualitativement son environnement, selon Jessica Sbaraglia.

Ainsi va cette nouvelle légende. Une Delémontaine, ancienne sportive de haut niveau, classée parmi les meilleurs espoirs du tennis suisse et ancienne Miss Jura (2006), est devenue une véritable star des potagers urbains, via la transformation de toits et balcons, également de jardins en pleine terre. Incontournable en Suisse romande (sur LinkedIn), c’est à Monaco où elle habite désormais que Jessica Sbaraglia a lancé son entreprise, Terre de Monaco. Plongée en pleine verdure! D’emblée, que peut-on réaliser dans nos espaces de travail avec des plantes? «Tout est possible, ce n’est qu’une question d’envie. Il subsiste presque partout des toits, des terrasses, des emplace­ments au sol, des coins de pleine terre qui ne servent à rien», nous explique cette championne de tennis devenue mannequin après l’Ecole de commerce de Delémont. Installée depuis 8 ans à Monte-Carlo, elle a soudain réalisé à quel point le manque d’espace vert pesait sur les êtres humains. Vu du ciel, on ne voit que des toits plats, vides, inutiles. Pourquoi ne pas les rendre à la nature? Et aux hommes qui manquent d’espace vital.

Une PME Suisse Ă  Monaco

«Avec mes maraîchers bio, nous proposons toutes sortes de bacs en bois sur mesure qui s’adaptent aux petits balcons ou aux immenses toits plats.» Terre de Monaco propose également des ateliers et des cours de jardinage. Un marché est en train de s’ouvrir. «Nous donnons des formations pour l’entretien et il y a toute une partie éducative à transmettre. Les gens ont vraiment envie d’apprendre et d’en savoir plus.»

«tout comme une pme, un jardin, c'est un grand vivre ensemble. c'est un écosystème qui s'entend bien!»

De quoi envisager une vie bien différente dans nos entreprises? «Dans ces bacs, on peut mettre des herbes et des aromates aux senteurs variées pour accompagner les repas, des plantes médicinales pour des infusions fraîches, des fleurs comestibles, mais aussi des fruits, des framboises, de petites baies et des légumes qui demandent un brin d’entretien en plus. Si l’entreprise dispose de plus grandes parcelles, elle peut même par la suite organiser de l’événe­mentiel et des dégustations.» On sent que Jessica dispose sur le sujet d’une vue à 360° sur son marché. Actuelle ambassadrice du Jura et représentante de plusieurs marques horlogères, elle a également soutenu la cause des courses de formule électrique (Formule E). Innovatrice et authentique.

«Je me suis guérie de cette manière, nous confie-t-elle. Le jardin, c’est comme une méditation. On s’évade, on se soulage de tout quand on plante quelque chose.» Une source d’inspiration à laquelle de nombreuses PME feraient bien d’étancher leur soif de croissance – notamment lorsque les managers boivent la tasse et que les équipes se noient dans le surmenage… Les plantes et la culture d’entreprise peuvent-elles pousser en belle harmonie? «C’est comme sur un bateau, le jardinage a la vertu de solidariser. Si votre employé est détendu, tout ira mieux. Cela permet aussi de faire travailler les gens en équipe, ou de soigner les teams qui ont des problèmes.» Sans oublier le mieux manger. Et Jessica d’évoquer le jardin de ses parents dans le Jura. «Ils y travaillent pour le plaisir. J’ai en bouche le goût des petits légumes qu’ils y font pousser naturellement.» Imaginez une seconde de croquer à la pause les bonnes choses que l’on a fait pousser! «Plus de bien-être au travail se traduit forcément par moins d’absentéisme.»

Légumes et culture 
d’entreprise?

Un message qu’elle porte dans son cœur et qu’elle fait circuler dans les gratte-ciels et en pleine terre de ­Monaco. Le quartier des affaires de Fontvielle, conquis sur la mer entre 1966 et 1973, s’avère être l’un des plus urbanisé de la planète. Les zones vertes sont nécrosées. Mais peu à peu, Jessica retransforme la ville. Les jardins se multiplient. Apparemment, le Prince Albert de Monaco est lui aussi un grand fan de la démarche, car il est un ambassadeur de l’écologie. Des jardins dans nos entreprise? On serait tenté de se demander si cela risque de se traduire par une dégringolade de la productivité? On entend déjà le vieux ronchonner: «Une entreprise, ce n’est pas un club de vacances!» Mais Jessica a sa petite idée sur la question: «Il est vrai que face aux chiffres, un jardin, c’est peu de choses. Toutefois, cela vaut la peine de faire un test.» Si l’activité devient chronophage ou débordante, rien n’empêche un léger recadrage. «On peut aussi à terme remplacer les légumes ou les fleurs par des arbustes (fruitiers) qui demandent moins d’entretien.» Et comment pousse la PME de cette Jurassienne? Elle est sur le point de s’agrandir et Jessica songe à engager quelques maraîchers (bio!) de plus. «Je suis très heureuse! Mon projet a déjà un an et quelques mois et j’ai enfin trouvé le pourquoi j’existe et quelle est le sens de ma mission.» Car il y a plus dans les plantes que du jardinage. «Un potager, c’est un grand vivre ensemble. C’est du social, de l’environnemental, c’est toute la vie. C’est du bon sens, avec des associations entre plantes aux compétences variées qui s’apportent l’une à l’autre des équilibres qui durent. C’est un écosystème qui s’entend bien.» Quelle meilleure description pourrions-nous donner d’une entreprise?

Une question 
de rythme intérieur

Tout le monde parle de «permaculture», ou d’agriculture permanente. Mais la réalité est bien plus simple, selon Jessica. «Nous prenons le temps de créer des équilibres sans défricher la terre avec violence. Nous nous adaptons aux petites surfaces. Une tomate ne pousse pas en 3 mois, il lui faut beaucoup plus, environ 6 à 7 mois. Mais sa saveur et l’aspect nutritionnel de celle-ci est incomparable!» Le rythme naturel, le temps qu’il faut pour aboutir à la perfection. Contre la course perdue d’avance face au mur du temps. N’est-ce pas là ce que recherchent les PME et les artisans? Pour Jessica, son être et 
son entreprise en sont venu à se confondre. «C’est mon âme, c’est profond et j’adore!»

François Othenin-Girard

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