Publié le: 6 février 2015

Préparation et valorisation

transmission d’entreprises – Une table-ronde s’est déroulée au Laténium, à Neuchâtel, pour sensibiliser les chefs d’entreprises et les conseils d’administration.

Pérenniser une entreprise et mieux se préparer à passer le témoin. Pour près de 80 chefs d’entreprises ou collaborateurs, concernés de près ou de loin par ces épineuses et parfois lancinantes questions, la Chambre du commerce de de l’industrie, la société de conseil Dimension SA et la Banque cantonale neuchâteloise (BCN) avaient co-organisé une soirée de partage et de témoignages sur le thème «Enjeux économiques régionaux en matière de transmissions d’entreprise».

Réuni au Laténium, le musée d’archéologie de Neuchâtel à Hauterive, pour creuser ce terrain sensible, tout un aréopage de spécialistes romands, face à un auditoire d’entrepreneurs, du «Haut» comme du «Bas» du canton. Ils étaient exactement 80, venus aussi pour entendre le patron des patrons neuchâtelois, le conseiller d’Etat Jean-Nathanaël (lire l’interview page suivante). L’idée était de leur offrir «des solutions concrètes pour gérer cet important processus», de sensibiliser les «boards» des entreprises sur leur responsabilité en matière de préparation. De faire témoigner des entrepreneurs qui ont vécu cette épreuve et de promouvoir une démarche proactive et professionnelle.

Du côté factuel, sur cette marotte de consultants, très en vogue, «beaucoup de statistiques et qui ne s’accordent guère entre elles», commente Me François Frôté, administrateur de Dimension SA, bureau lausannois spécialisé dans l’évaluation et la transmission. «70 000 entités changeront de main au cours des cinq prochaines années, selon une publication récente de Credit Suisse, tandis que, selon un représentant de la BCV, environ 10 000 seraient concernées dans le canton de Vaud durant la même période.» Trop souvent, ajoute-t-il, le transfert ne prend en compte que les mois précédant et suivant la conclusion d’une transaction. Et que cette question reste très peu intégrée à la vie de l’entreprise. Que la position de l’acheteur et du vendeur passe au premier plan, tandis que la situation de l’entreprise reste souvent dans l’ombre.

«S’impliquer dans la recherche

de solutions concrètes»

«A mon sens ces changements devraient être appréhendés, non seulement lorsqu’ils interviennent, mais de façon continuelle à certains niveaux, à court, moyen et long terme, analyse Me Frôté. A titre d’exemple, par la mise en place d’une veille de marché, d’outils de flexibilité, par un contrôle continuel de la ‹roadmap produits› et surtout par une gouvernance précise et formalisée et dont le bénéfice est souvent sous-estimé.» L’analyse comprend la valeur de l’entreprise, l’appréciation des personnes appelées à succéder, l’identification des problèmes liés au droit des successions et l’organisation financière du transfert au sein d’une famille: connaissances précises, traçabilité, processus, ces thèmes ne laissent guère de place à l’improvisation.»

Que penser du long débat et des multiples interventions de chefs d’entreprises qui se sont exprimés? Les récits d’Alain Marietta (Métalem), de Wolfgang Nipp (Tecaro), Pierre-Alain Nicati (Plastiglas) et Mauro Zuttion (Zuttion Construction) mettent en évidence un haut niveau de complexité pour l’entreprise qui, en plus de ses relations avec ses clients et ses fournisseurs, doit prendre en compte la question des banques, de ses partenaires commerciaux, du fisc et des autorités, des médias et des syndicats. Réussir une transmission, c’est aussi donner de la sécurité autour de soi. Anticiper et pour ce faire, se mettre, progressivement, dans un état de préparation permanent. Car, lorsqu’une reprise se concrétise, finalement, c’est dû à «une suite de hasards, de circonstances et de conviction personnelle mêlant mon envie de travailler dans un secteur où je pouvais amener quelque chose – c’est à dire ce que je peux amener à une entreprise et où je peux l’emmener», comme le résume Pierre-Alain Nicati.

«Ce que je retiens de cette rencontre, c’est que les chefs d’entreprises qui se sont exprimés ce soir sont très conscients des enjeux et de leur responsabilité face à leurs collaborateurs, leurs clients et leurs fournisseurs, analyse Claude Romy, associé de Dimension SA. Ils se sont montrés très impliqués dans la recherche de solutions en vue d’une transmission. C’était aussi intéressant d’entendre le point de vue du conseiller d’Etat, sensible à cela, reconnaissant que les chefs d’entreprises s’engagent dans cette direction et conscient de l’importance de conserver des conditions-cadres favorables à l’activité économique, tant au niveau fiscal qu’à celui des permis de travail qui permettent à une PME de fonctionner.»

François Othenin-Girard

objets politiques

«Successions: une initiative très confiscatoire!»

L’initiative sur les successions –

«J’espère que cette initiative sur les successions va être refusée par le peuple, car c’est une initiative très confiscatoire pour les chefs d’entreprises qui mouillent leurs chemises et ont déjà payé beaucoup d’impôts, soit sur leurs revenus, soit sur les revenus de leur entreprise ou leur fortune. Donc c’est assez scandaleux qu’on essaie d’obtenir l’introduction d’un impôt supplémentaire sur les successions. C’est idiot car cela risque de décourager les entrepreneurs.»

RIE III – «J’ai l’impression que cette réforme est un serpent de mer qui dure depuis plusieurs années et risque de prendre encore plusieurs années. Il s’agit d’un processus influencé par des facteurs extérieurs à la Suisse, qui subit de fortes pressions des pays voisins souhaitant obtenir que les conditions fiscales suisses soient révisées. Un aspect intéressant des entreprises est le fait que l’on mette tout le monde sur un pied d’égalité avec un taux d’impôt similaire, ce qui apparemment déjà en place dans le canton de Neuchâtel et qui est prévu dans les cantons de Genève et Vaud. J’espère que cela va se réaliser rapidement, car ce serait un véritable encouragement pour les PME.»

Billag – «C’est comme l’impôt sur les successions, cela fait partie des choses absurdes. Je ne connais pas d’entreprises où les collaborateurs regardent la télévision durant la journée. Je trouve très étonnant que l’on ponctionne un nouvel impôt de cette manière. Cela n’a pas beaucoup de sens pour moi.»

sur cette soirée

Claude Romy, 
Dimension SA:

«Ce que je retiens de cette rencontre, c’est que les chefs d’entreprises qui se sont exprimés ce soir sont très conscients des enjeux et de leur responsabilité face à leurs collaborateurs, leurs clients et leurs fournisseurs. Ils se sont montrés très impliqués dans la recherche de solutions en vue d’une transmission. C’était aussi intéressant d’entendre le point de vue du conseiller d’Etat, sensible à cela, reconnaissant que les chefs d’entreprises s’engagent dans cette direction et conscient de l’importance de conserver des conditions-cadres favorables à l’activité
économique, tant au niveau fiscal qu’à celui des permis de travail qui permettent à une PME de fonctionner.»

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