Publié le: 6 octobre 2017

Prévoyance 2020:
 Plus jamais cela!

l‘éditorial

 

La cacophonie retentissante entre les associations économiques faîtières et cantonales lors du scrutin Prévoyance 2020 est un contre-exemple à glisser dans les annales. Les mêmes contradictions ont d’ailleurs été remarquées au sein des partis politiques. Cette situation ne relève aucunement du fédéralisme, puisque le sujet n’avait pas d’incidences cantonales différentes. Résultat: le citoyen a perdu tous ses repères habituels et ce n’est pas la presse qui a fait preuve d’analyse indépendante. Elle avait en effet dès le début soutenu le projet du conseiller fédéral.

Alain Berset est un homme respectable et il a clairement annoncé mener de front la réforme de l’AVS et du deuxième pilier. C’était un leurre, car la nature des deux institutions est totalement différente (lire mes articles en juin et août dans ces colonnes). Toutefois, cette orientation n’était pas innocente, puisque le but final de la gauche est d’affaiblir le deuxième pilier qui lui a été imposé à l’époque.

Heureusement, le projet a été évité de justesse et l’alliance contre nature entre les associations économiques romandes et la gauche s’est avérée être une erreur stratégique. A tel point que dans le canton de Vaud, l’objet a été rejeté à 53% et à 60% à Genève, ce qui démontre la force de l’extrême gauche, opposée au relèvement de la retraite des femmes. En Valais, la puissance de feu du PDC explique une courte majorité. Idem à Fribourg, Tessin et dans le Jura. En outre, il faut déplorer le fait que les rentiers actuels aient été interpellés par leurs caisses de pensions lors de ce vote, alors qu’ils n’étaient aucunement concernés: ni leur taux de conversion n’aurait baissé, ni leur AVS n’aurait été augmentée de 70 francs! L’ont-ils bien compris?

Désormais, nous sommes au pied du mur et l’ouvrage doit être remis sur le métier. Commençons peut-être par réexpliquer ce qu’est le taux de conversion pour que sa baisse puisse passer devant le peuple. Il est directement lié à l’augmentation de l’espérance de vie après 65 ans. Il s’élevait à 7,2 au 1er janvier 1985, date de mise en place du deuxième pilier (100: 7,2=13,9 ans de retraite). Moins de vingt ans plus tard, il a été abaissé à 6,8% en 2004 (100: 6,8=14,7 ans de retraite). La proposition de le descendre à 6% pour l’adapter à l’espérance de vie de 82 ans a été refusée, mais les faits sont têtus.

Cette espérance de vie qui augmente, deux ans de plus en treize ans, et qui réjouit tout le monde, les futurs rentiers ne l’ont pas financée. Alors, qui le fera? Les jeunes? La TVA? L’AVS qui n’en a pas les moyens? On entend dire que cette baisse doit s’accompagner d’une compensation pour être acceptée. Mais pourquoi, alors qu’il s’agit d’un calcul mathématique évident ?

Puisque le projet du PLR, qui a été refusé d’une voix au Conseil national, est prêt à l’emploi, moyennant quelques aménagements, reprenons-le! Les citoyens, les cotisants actifs, les rentiers actuels et futurs doivent être éclairés par des associations économiques et des partis politiques jouant la même partition nationale. Ce qui serait aussi bienvenu pour les entreprises que nous représentons!

 

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