Publié le: 10 mars 2017

Quand la mobilité douce fait fort...

vĂ©los – Depuis quelques mois, ils pullulent Ă  nouveau en Chine grĂące au vĂ©lo-partage d’un nouveau genre, infiniment pratique.

Si l’invention est europĂ©enne (Amsterdam, en 1965), c’est en Chine que les vĂ©los en libre-service sont les plus nombreux. Mais 800 000 vĂ©los pour 1,4 milliard d’habitants, «c’est peanuts».

Depuis des annĂ©es, Ă  Shanghai, PĂ©kin ou Shenzhen, il m’arrivait de tomber par hasard sur une station de vĂ©lo en libre-service, souvent dans les lieux stratĂ©giques, comme les gares, les centres-villes, les squares, etc.). Bref, un peu comme chez nous.

En 2016, la ville de Shenzhen qui avait interdit les 2-roues Ă  moteur thermique, il y a des annĂ©es et pour cause de pollution, dĂ©cide cette fois d’interdire les 2-roues Ă©lectriques! C’est logique puisque les vĂ©los Ă©lectriques fonctionnent, selon le mix Ă©lectrique chinois 2015, Ă  64% au charbon...

Ils sont partout!

Je n’avais pas encore mesurĂ© la rĂ©action entrepreneuriale Ă  cette action politique. Le 12 dĂ©cembre 2016, en traĂźnant ma valise dans les rues de la ville de Kunming jusqu’à l’arrĂȘt de la navette d’aĂ©roport, je croise un drĂŽle de vĂ©lo sans chaĂźne, au design Ă©purĂ© et marquĂ© «Mobike». Sa ‹conception semblait incroyablement solide et intĂ©grĂ©e, mĂȘme son cadenas. Ne m’attardant pas, je m’envole pour la Suisse.

Retour en Chine le 4 fĂ©vrier 2017, Ă  14 heures. Surprise lorsque je prends la navette d’aĂ©roport pour rentrer chez moi, les Mobike sont partout sur mon chemin, tels les jouets Ă©parpillĂ©s d’une garderie. En voyant des quidams scanner un code avec leur smartphone, je devine que tous ces vĂ©los sont en libre-service. Confirmation en lisant le tarif sur la selle: â€šÂ«ćŠć°æ—¶1ć…ƒÂ», 1 yuan la demi-heure, soit 15 centimes. Cool, je tĂ©lĂ©charge illico l’appli et d’un clic de Wechat, je vire les 300 yuans de dĂ©pĂŽt Ă  l’inscription – le processus est validĂ© en 24 heures afin que la compagnie vĂ©rifie le selfie de la personne avec sa carte d’identitĂ© ou passeport envoyĂ©. TrĂšs pratique, trĂšs sĂ©rieux!

De porte Ă  porte

Alors que l’idĂ©e de louer un vĂ©lo ne m’a jamais traversĂ© la tĂȘte jusqu’ici – rien que chercher la station de dĂ©part et d’arrivĂ©e Ă©touffe en moi la moindre vellĂ©itĂ© –, j’ai immĂ©diatement adoptĂ© le concept chinois. On prend un vĂ©lo n’importe oĂč, en scannant le code QR, le cadenas s’ouvrant automatiquement, puis on le dĂ©pose Ă  destination, n’importe oĂč en le verrouillant manuellement (un bip du vĂ©lo et de l’appli confirment la fin de location). Mieux, l’appli indique, sur une carte, oĂč se trouvent tous les vĂ©los Ă  proximitĂ©, on peut donc mĂȘme les prendre ou les laisser dans une cour d’immeuble. L’appli offre Ă©galement quelques fonctionnalitĂ©s intĂ©ressantes comme la distance parcourue, les calories brĂ»lĂ©es, le trajet (tous mĂ©morisĂ©s dans l’historique) et bien sĂ»r le solde. On peut aussi indiquer sa destination et l’appli joue alors les GPS ou encore appeler l’assistance en cas de problĂšme technique ou d’accident. Du crĂ©dit est donnĂ© Ă  ceux qui photographient les dysfonctionnements sur le vĂ©lo louĂ©, les abuseurs seront vite repĂ©rĂ©s.

Un succùs
 pour les gagnants

Comme toujours en Chine, lorsqu’une idĂ©e remporte un succĂšs, la concurrence s’engouffre dans la brĂšche Ă  la vitesse d’un typhon. Des dizaines d’entreprises ont tentĂ© leur chance, les perdants Ă©tant rapidement balayĂ©s. Aujourd’hui Mobike, Hello Bike, Ofo et DD Bike dominent le marchĂ©, chacun avec un positionnement spĂ©cifique: low-cost, pratique, trendy, etc.

Le fait de pouvoir prendre, 24 heures sur 24, un vĂ©lo n’importe oĂč dans la rue (la nuit, une fonction torche facilite le scan) pour aller au resto, au shopping, chez des amis ou simplement rentrer chez soi, donne un ‹nouveau souffle au vĂ©lo-partage. Le concept a dĂ©jĂ  envahi des centaines de mĂ©tropoles chinoises, au bĂ©nĂ©fice de l’environnement, de la santĂ© et de la mobilitĂ©.Jean-Luc Adam

correspondant du JAM en Chine

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