Publié le: 15 décembre 2017

Quand les poids lourds en font des tonnes

TRANSPORT-CH – A la BEA de Berne s’est tenu le 9e Transport-CH, le plus grand salon du véhicule utilitaire de Suisse qui se tient tous les deux ans. Suivez-nous pour une séance de rattrapages sur les géants de l’utilitaire qui recèlent de grandes nouveautés.

Les 52 000 m2 d’exposition (8 halles, en plein air et une halle mobile) ont accueilli 270 exposants, 600 marques et 33 397 visiteurs. Un succès ! Ceci permet déjà aux organisateurs de confirmer la 10e édition, en 2019 (du 14 au 17 novembre).

Pour répondre à toutes les attentes, l’expo est divisée en sept catégories:

n véhicules utilitaires légers et lourds

n carrosseries/superstructures/remorques

n engins de manutention et de levage/composants et accessoires

n équipements de garage et outillage/prestataires de service et formations de base/continue

n associations professionnelles

De nouvelles «e-motions»

En deux ans, le dieselgate a bouleversé l’industrie automobile européenne. Le diesel est montré du doigt, les ventes en suisse baissent (40% de part de marché pour les 9 premiers mois de 2016 contre 36% pour la même période de 2017). L’impact est aussi perceptible à Transport-CH par l’omniprésence du logo «e-motions» qui désigne les véhicules plus efficients et respectueux de l’environnement, qu’ils soient électriques, à gaz (méthane, hydrogène) ou même diesel. Diesel dans lequel le post-traitement des gaz d’échappement SCR (réduction catalytique sélective) se généralise dans tous les catégories d’utilitaires. Ce dispositif est très efficient sur les gaz toxiques (NOx, HC et CO), à condition de ne pas bidouiller le système AdBlue comme on l’a constaté notamment auprès de transporteurs d’Europe de l’Est dans le but de faire des économies...

Diesel versus Ă©lectrique

Quant au CO2, un récent comparatif mené par l’Office fédéral de l’environnement allemand entre deux 40-tonnes – l’un diesel et l’autre électrique – a démontré que le premier était plus écologique. En effet, en consommant en moyenne 30 litres de diesel aux 100 km, le premier émet 80 kg de CO2/100 km alors que ­
le modèle électrique a nécessité 200 kW/h d’électricité pour la même distance, soit l’équivalent de 112 kg de CO2. Certes, le bilan serait meilleur dans un pays ne produisant pas autant d’énergie à partir du charbon. Finalement, en Allemagne comme en Chine, les véhicules électriques ne font que délocaliser la pollution. «Chaque technologie de propulsion a ses points forts. Sur les longues distances, les moteurs diesel gardent l’avantage, mais pour la distribution fine, notamment en zone urbaine, les propulseurs électriques offrent de nouvelles opportunités», explique Jürg Röthlisberger, directeur de l’OFROU.

Les nouveautés

Transport-CH est une caverne d’Ali baba de systèmes, accessoires et équipements nouveaux. Limitons-nous ici aux véhicules! Chez Iveco, on présente le Stralis X-Way, un camion qui place la barre encore plus haut dans le segment des camions légers tout-terrain, puisqu’il dispose de la meilleure charge utile de sa catégorie. Quant au fourgon Daily, il est disponible en version CNG (à gaz naturel/biogaz) en association avec l’excellente boîte automatique 8 rapports Hi-Matic ou alors carrément en version Electric offrant 200 km d’autonomie. Renault Trucks lance le C520 10×4 avec essieu traîné et empattement de 3900 mm. Intéressant pour la Suisse, Renault propose sur Kangoo, Trafic et Master le système de motricité renforcée X-Track consistant en un différentiel à glissement limité, une suspension rehaussée, une protection des soubassements et des pneus «Mud & Snow». Tout-terrain pur et dur, le Toyota Land Cruiser revient dans une version Profi de 200 ch/500 Nm vendu à partir de seulement 27 549 francs hors TVA!

Chez Mercedes, on sait faire le grand écart entre une marque d’automobiles «Premium» et d’utilitaires réputés. Le nouveau Classe X fait le trait d’union en se positionnant comme étant le premier pick-up Premium du marché. Son habitacle et sa finition sont effectivement dignes de l’Etoile même si la technique est reprise – à quelques détails près – au Nissan Navara (et Renault Alaskan). Mais Stuttgart ajoutera bientôt sa propre motorisation, le fameux V6 3.0 de 258 ch. Chez Volvo Trucks, on dévoile plutôt de nouveaux composants comme la boîte I-Shift Dual Clutch, I-Shift Crawler et Individual Front Suspension avec direction à crémaillère (il ne s’agit ni plus ni moins que de la première suspension à roues indépendantes sur poids lourd). Très attendu en Suisse, le nouveau VW Crafter 4Motion (et son clone ­
MAN TGE), 4 roues motrices entraînées par le BiTDI de 177 ch en association optionnelle avec une boîte automatique (à convertisseur et non à double embrayage) à 8 rapports.

Rien que pour vos yeux

Un salon, c’est aussi du spectacle. A Transport-CH, on se demande souvent comment les organisateurs ont réussi à faire rentrer certains mastodontes à grues dans les halles… Mais le show commence déjà à l’extérieur avec un Scania dédié à Cassius Clay, une œuvre à l’air-brush de l’entreprise lucernoise Müller Transporte, connue dans toute l’Europe pour la décoration de camion. Sur le stand Mercedes-Benz, on découvre le Vision Van qui préfigure ce que pourrait devenir un jour la livraison de proximité avec l’aide de deux drones posés sur le toit du fourgon. A Zurich, Mercedes a mené un projet-pilote de trois semaines pendant lesquelles les clients de Siroop (commerce de vente en ligne de Swisscom et Coop) ont pu commander des articles de 2 kg maximum et se les faire livrer par drone.

Terminons par Volvo Trucks et son Iron Knight, le camion le plus nerveux du monde! Son 6-cylindres diesel quadri-turbo de 13 litres développant 2400 ch/6000 Nm le propulse aussi vite qu’une Ferrari: 0 à 100 km en 4,6 s, 1000 m départ arrêté en 21,29 s et 279 km/h en pointe. Le plus fort, c’est que la performance est réalisée avec la boîte I-Shift de série, simplement avec un embrayage renforcé.

Jean-Luc Adam

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