Publié le: 12 mai 2021

Quatre jours travaillés, cinq payés?

employabilité – Rêve socialiste ou travail repensé? Environ 6000 employés de 200 PME en Espagne ne seront actifs que quatre jours par semaine pendant un an – mais en recevant toutefois un salaire complet. Impensable en Suisse, selon l’usam, où le monde du travail a par ailleurs un urgent besoin de plus de flexibilité.

L’Espagne veut tester la semaine de travail de quatre jours à l’automne. Cette idée est soutenue par le leader du petit parti de gauche Más País, Iñigo Errejon. Environ 6000 employés de 200 PME ne travailleront que quatre jours par semaine, mais avec un salaire complet. Le projet pilote doit durer au moins un an. Le gouvernement socialiste de Madrid soutient le projet dans le but de créer des emplois supplémentaires en Espagne, qui est en proie à un chômage élevé. L’Etat indemnise les entreprises à hauteur de 50 millions d’euros environ.

Plus d’emplois, plus d’efficacité?

La semaine de quatre jours est égale­ment en discussion dans d’autres pays. En Grande-Bretagne, en Suède et en Allemagne, des expériences analogues ont été menées. Avec une compensation salariale complète, la semaine de quatre jours ou la journée de six heures ont été testée. L’idée derrière ces approches n’est cependant pas de créer plus d’emplois, comme c’est le cas en Espagne, mais d’employer des salariés «plus heureux et plus motivés». Travailler moins, mais plus efficacement, gagner le même montant et vivre mieux dans l’ensemble – voilà qui semble très tentant à première vue.

Marché du travail en mutation

En Suisse aussi, la relation traditionnelle de travail à 100% est en recul depuis plusieurs années. La crise de la Covid-19 accélère une tendance vers des modèles de travail «atypiques» qui était déjà prévisible ces dernières années. En 2019, un peu moins d’une personne sur cinq travaillait principalement dans un bureau à domicile. Seul un sur vingt travaille régulièrement à domicile. De plus en plus, le travail à temps partiel, le travail temporaire, le travail en freelance ou le travail sur plate-forme sont effectués.

Cette évolution ouvre de nouvelles perspectives. La condition préalable à cela est une plus grande liberté de création. Le droit du travail devrait encore mieux prendre en compte les besoins des employés qui travaillent à domicile, par exemple. Par exemple, les employés qui sont en mesure de déterminer leurs propres horaires de travail dans une large mesure devraient pouvoir prolonger la période pendant laquelle le travail peut être effectué.

Un travail occasionnel de courte durée ne doit pas interrompre la période de repos. Aucune autorisation ne devrait être requise pour le travail dominical effectué à domicile par des employés qui peuvent déterminer dans une large mesure leurs propres horaires de travail. Les employés eux-mêmes souhaitent plus de flexibilité, car cela permet de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale.

Quid de la flexibilité?

En définitive, il ne s’agit pas de travailler plus, mais de manière plus flexible. C’est une idée que soutient l’usam. «Plus la liberté de détermination du travail est grande, mieux les employés peuvent coordonner le travail avec d’autres activités, comme la garde des enfants», explique à cet égard son directeur, Hans-Ulrich Bigler.

Mais pensons aussi aux professions créatives, il y en a de plus en plus. Tout le monde ne peut pas être créatif le lundi matin à 8 heures pile. La créativité se manifeste à tout moment de la journée. Alors pourquoi un employé qui a une idée créative le dimanche ne pourrait-il pas y travailler? Cela ne perturbera cer­taine­ment pas la paix publique le dimanche.

Question d’accord

Pour l’usam, il est toutefois tout aussi clair que la semaine de quatre jours imposée par l’Etat n’est pas nécessaire en Suisse. Les employeurs et les employés sont libres de se mettre d’accord sur les heures de travail, les salaires et autres conditions dans les limites de la loi ou de réglementations choisies telles que les conventions collectives de travail. En principe, cela devrait rester le cas.

Pour les entreprises concernées, il est également important que les coûts réglementaires soient réduits et non augmentés. Des approches telles que celles qui sont expérimentées en Espagne ne sont pas opportunes pour notre pays. Ils entraînent un surcroît indésirable de coûts réglementaires et encouragent finalement le second ou le troisième emploi, voire le travail non déclaré, ce qui fait que les aspects d’efficacité et de satisfaction espérés s’évanouissent.Dieter Kläy, usam

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