Publié le: 7 juillet 2017

Rencontres sous le sceau de l’innovation

verbier – Les Journées romandes des arts et métiers de l’usam fêtaient leur 50e anniversaire. Des présentations, des discussions 
et du réseautage entre entrepreneurs, décideurs politiques et particuliers soucieux d’améliorer la situation des PME en Suisse.

Cette année, les JRAM ont fêté leur jubilé. La 50e édition de la plus importante manifestation de Suisse romande destinée et consacrée aux PME s’est en effet déroulée lundi 26 et mardi 27 juin dernier à Verbier. De nombreux entrepreneurs, des politiques et des scientifiques ont débattu de l’innovation dans les PME et des conditions-cadres permettant à ces dernières d’être plus innovantes.

«L’innovation est souvent synonyme de passion pour les PME et intervient pour l’essentiel lors du processus de fabrication, résume Alexa Krattinger, organisatrice de cette manifestation et responsable de la politique fiscale et financière à l’usam. Les classements placent la Suisse parmi l’un des premiers pays au top de l’innovation, lance Alexa Krattinger. Les nombreux exemples donnés par les conférenciers ont permis d’illustrer l’inventivité des PME et start-ups helvétiques qui assurent la prospérité de la Suisse.»

Lundi 26 juin.

10h15 L’usam innove en débutant les rencontres le lundi matin déjà. Après un café d’accueil, Jean-René Fournier, vice-président de l’usam et conseiller aux Etats, prononce l’allocution d’ouverture. Et rappelle que la première édition de ces Journées romandes s’est déroulée en 1947. «L’usam était alors présidée par Paul Gysler, qui fit prendre un virage politique conséquent à l’association: la fin des demandes d’aide à l’Etat, raconte Jean-René Fournier. Ce conseiller national avait opté pour la protection des patrons par la solidarité interne. C’est ce qui fait la force aujourd’hui encore de notre organisation!»

10h26 Allocution du président de la Commune de Bagnes, Eloi Rossier, concluant sur la volonté de la région de ne pas céder un centimètre en matière de qualité. Et de mettre l’hôte au centre du paysage: «Un touriste, c’est un ami que je ne connais pas encore!»

10h35 Avec le journaliste Pascal Schouwey, un premier débat intitulé «Innovation, jusqu’où peut-on aller trop loin?». Aurore Bui, fondatrice Softweb et consultante en innovation sociale, membre de la Fondation des terrains industriels à Genève a placé au cœur de sa démarche: «Que pouvons-nous mutualiser? Il faut interroger les besoins et faciliter la création de valeur dans la durée.» Pour elle, les «uber» et les autres ont détourné l’économie collaborative. «Il faut revenir aux valeurs de départ, au service des êtres humains en évitant de vampiriser leurs activités.»

11h03Sophia Dini, déléguée Campus Energypolis, un moteur pour le développement du canton du Valais. «Nous voulons partir des besoins de l’économie locale pour la soutenir avec la R&D.» L’antenne de l’EPFL permettra à terme de créer 360 emplois dans divers clusters industriels valaisans. Biochimie, eau, énergie. «On réfléchit aux défis. L’idée est de mutualiser les services et les compétences grises.» Un bon exemple, les navettes autonomes qui circulent en ville de Sion.

11h26Roland Luthier, responsable de l’unité PME de la vice-présidente pour l’innovation EPFL. Les projets CTI et cette alliance entre les cantons qui permet de faire profiter les entreprises. «Le taux de succès des projets accompagnés est passé de 1 sur 2 à 3 sur 4, explique-t-il. Plus de 500 d’entre eux ont été concrétisés depuis le début.» Lors du débat surgit une question sur la montre connectée. «Il y a une multitude de projets en Suisse et cela ne se voit pas, explique Roland Luthier. Le tissu suisse est capable de réagir. Il ne faut pas être défaitiste. C’est aussi un signe d’intelligence de ne pas se précipiter.»

13h31 Après un repas, les débats reprennent. Alexandre Pauchard, responsable R&D, Bobst. «Chez nous, l’innovation n’est pas un slogan creux.» Il dresse un portrait de l’entreprise leader mondial dans les machines d’emballage, et explique le développement de capteurs maison. Bobst collabore avec de nombreuses PME, et avec Cédric Pahud, administrateur de BCD microtechnique SA. «Nous avons des modes d’organisation différents et c’est bien ainsi. Notre flexibilité est un atout pour Bobst. Nous avons pu travailler avec un cahier des charges léger, ce qui implique un bon niveau de confiance de part et d’autre», explique Cédric Pahud.

14h03François Caloz, Regional Sales & Application Manager, Texas Instrument Switzerland, cite quatre tendances qui vont influencer l’innovation: la haute tension, l’électronique de la personne, l’interface liée aux machines, le développement des sous-systèmes.

15h01 Côté ressources, Jean Marc Métrailler, à la tête du Marly Innovation Center, raconte l’histoire du site industriel dès le 15e siècle. «Depuis la fin abrupte de l’aventure Ilford (2013), avec deux autres personnes, nous offrons des infrastructures de qualité aux PME technologiques et artisanales. Les rencontres que nous organisons permettent de lancer de nouveaux projets. Aujourd’hui, le site compte 132 locataires et 400 emplois (200 perdus en 2013).

15h30Louis Grosjean, clientèle entreprise Raiffeisen, donne l’exemple d’une machine à café financée par le crowdfunding, celui d’une société qui fabrique des parasols avec des LED, des radiateurs pour des clients ayant besoin de quelque chose de particulier. «Observer le marché. Faire preuve de créativité. Puis resserrer le tir.»

15h53 Cautionnement romand et son directeur Christian Wenger reviennent sur leur histoire avec deux exemples récents choisis parmi les 900 entreprises déjà cautionnées: la Menuiserie André et les Vins Mauler.

16h13 Vincent Pignon, fondateur 
et directeur de WeCan.Fund et président de la Swiss Crowdfunding 
Association. Il a créé une plate-forme pour agréger les données suisses afin d’alimenter ce type de financement. Divers exemples pour montrer les potentiels du crowdfunding.

Soirée au Chalet d’Adrien avec une raclette concoctée par le pape (mondial) de cette spécialité!

Mardi 27 juin.

08h29 Réflexions du président et du vice-président de l’usam, Jean-François Rime et Jean-René Fournier, avec le journaliste Grégoire Nappey, rédacteur en chef du quotidien «Le Matin». Jean-François Rime rappelle les thèmes principaux de l’usam. «Le financement de la formation duale, laissée pour compte. On a négocié avec le Conseil fédéral, mais pour tenir les promesses, c’est toujours un peu compliqué.» Autres thèmes: la fiscalité, les transports, l’énergie, les assurances sociales et l’armée.

09h41Pour illustrer ce thème de l’innovation, le monde du ski connaît sa petite révolution. Laurent Vanat, connu pour être un autre pape, celui du tourisme hivernal, a présenté ses visions. Il a même lancé quelques «pistes». Conclusion du débat: le monde du ski a changé et d’autres révolutions sont à venir. Cette année, Magic Pass a créé le buzz avec son abonnement de saison à 359 francs (prix au 29.06: 379 francs). Pierre Besson: «La moitié des ventes, c’est sont les habitués. L’autre moitié, des ex-clients ou des nouveaux. L’objectif d’obtenir de nouveaux skieurs est atteint. Nous nous réjouissons de nous retrouver en avril pour faire le bilan. Il fallait quelque chose pour redynamiser le ski. Rien n’avait fait exploser les ventes en 40 ans.»

09h45Grégory Barbezat, fondateur et directeur de Skioo, fondée en 2012. Dix collaborateurs à Lausanne. «Nous avons soulevé 9 millions et vous proposons 45 stations en Suisse, garanties au meilleur tarif signé avec les responsables. Nous testons différentes choses, dont le prix au lift.

09h56 Pour Jean-Albert Ferrez, président de Téléverbier SA, le prix au lift de Skioo serait «la pire des catastrophes que notre branche pourrait avoir.» Avec cette tarification trop fine, on serait confronté au choix. La tentation de ne pas remonter deviendrait vite importante. Attention à ne pas faire de cannibalisme. Sur Magic, il se dit sceptique sur la tarification.

11h03Kerry Halferty Hardy, conférencière texane, compare l’économie texane et française. «Une faillite en France vous empêche de développer de nouveaux projets. Or l’innovation implique de prendre des risques. Macron veut donner une place à l’expérimentation. En France, on aime, à condition de ne pas bien réussir. J’aimerais pouvoir envisager un avenir ou le Texas et la France pourraient obtenir les mêmes opportunités.»

11h18Sylvie Villa, présidente des femmes PDC Vaud, entrepreneure, et professeur HES: «L’ennemi de l’innovation, c’est le stress et les comporte-ments reptiliens. Et il faut investir dans la formation. Dans le canton de Vaud, les montants à l’aide sociale dépassent ceux de la formation. J’ai fait moi-même un apprentissage. 
J’aimerais beaucoup que l’on offre à chacun un chèque de formation inconditionnel pour notre développement personnel.»

11h25Jacques-André Maire, conseiller national PS et président de la recherche horlogère et de la recherche en microtechnique. «Notre position est enviable. Nous sommes à la tête de l’innovation. Mais le passage au produit est difficile en Suisse (...). Il faudra travailler sur les conditions-cadres. Les PME ont besoin du partenariat public privé et d’Innosuisse pour la R&D. Il faut continuer à alimenter cette CTI.»

11h30David Crettenand, député PLR (VS) et fondateur et directeur Red
Elec Technologies SA. Pour lui, travailler sur l’image innovante représente un bon point de départ. «Mais on a de la difficulté à s’ouvrir l’esprit afin de créer une vraie destination.»

12h00 Au terme de deux jours de rencontres et de débats à Verbier, ils étaient 115 à inscrire le prochain rendez-vous dans leur agenda.

N.B.: Les prochaines Journées romandes des arts et métiers auront lieu les 25 et 26 juin 2018.

JAM

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