Publié le: 13 mai 2016

Rêver debout ou 
le déni de réalité

l’éDITO: VOTATIONs DU 5 JUIN

L’échéance du vote sur l’initiative «Vache à lait» se rapproche. Quel est son but? Rien d’autre que le principe du pollueur-payeur. En d’autres termes, le fait que l’argent promis à la route revienne à la route. Que pourrait-on reprocher à ce principe? En fait, rien du tout. Toutefois, les opposants deviennent toujours plus créatifs dans leur argumentation. Il est temps de remettre ce sujet sous la loupe.

Il arrive souvent que l’on essaie de créer un antagonisme entre la route et le rail. On prétend ce faisant que, si la route recevait 1,5 milliard de francs de plus, au sens de cette initiative, il ne resterait plus rien pour le rail. Mais c’est le contraire qui est vrai. Avec le FAIF, le fonds pour les infrastructures routières accepté par le peuple, le rail engrange déjà 6 milliards.

Pas un seul franc pris à l’Etat!

Quand ils ont épuisé cette argumentation, les opposants à l’initiative «Vache à lait» tentent un travail de rééducation des esprits. Vous feriez mieux de prendre le train et de réduire votre mobilité, lâchent-ils. Or même si l’on voulait céder à ce bon paternalisme étatique, il reste que les trois-quarts de la population empruntent la route. Au yeux des opposants, cette vaste majorité n’est-elle constituée que de citoyens de deuxième classe? Un raid sur les caisses de l’Etat? S’agit-il d’une mauvaise plaisanterie? C’est pourtant l’argument que les opposants à l’initiative préfèrent. Mais il est faux. Tellement faux que l’on pourrait parler de mensonge. L’initiative «pour un financement équitable des transports» ne prend pas un seul franc dans les caisses de l’Etat. Son but est seulement de réduire les goulots d’étranglement avec les moyens à disposition.

Cela dit, l’argument du racket dans les caisses de l’Etat pose un vrai problème. Il part du principe suivant: l’aide au développement, la politique culturelle, voire le soutient aux organisations internationales relèveraient des tâches légitimes de l’Etat, mais pas le fait de vouloir réduire les bouchons. N’est-ce pas mépriser les usagers de la route? A propos de vol dans les caisses de l’Etat. Le plus grand utilisateur de moyens, c’est la Confédération elle-même. En mois de dix ans, Berne a fait exploser ses coûts de personnel de plus de 22%. Pour cela, elle se fait conseiller par des consultants, à raison de un milliard de francs par an. On peut mentionner le giga-flop du projet informatique FIS Heer (un milliard de francs à la louche) ou du système de DCA Bodluv (plus de deux milliards). Les finances publiques, cela se rergarde de près!

«Vache à lait»: nécessaire et réaliste

On croît rêver lorsque les opposants à l’initiative prétendent régler tous les problèmes actuels de trafic avec les moyens existants. Faut-il rappeler que la population et l’économie perdent chaque année 1,5 milliard de francs et plus de 21 000 heures sont dilapidées dans les bouchons. Ne pas en tenir compte relève du déni de réalité. Accepter l’initiative renforce le principe du pollueur-payeur, décharge le trafic des villes et des agglomérations tout en soulageant les coûts de l’économie. Et cela sans que cela coûte un centime de plus. Pour toutes ces raisons, l’usam recommande de voter OUI à l’initiative «pour un financement équitable des transports», le 5 juin prochain.

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