Publié le: 4 avril 2014

«â€‰Salaires minimums — 
la Suisse est un modèle »

arturo bris – Le Professeur de l’IMD estime que la volatilité des taux de change et le taux ­d’imposition influenceront la compétitivité de la Suisse dans les années à venir.

Journal des arts et métiers : Quels sont à votre avis les facteurs susceptibles d’influencer la compétitivité de la Suisse au cours des prochaines années ?

nArturo Bris : Le principal facteur qui influencera la compétitivité de la Suisse, c’est l’instabilité de son taux de change, notamment en raison de l’impact de l’euro sur le franc suisse. Un autre facteur important seront les changements culturels qui sont en train de se produire à l’égard de l’inégalité des revenus et aux questions liées à l’équité. Enfin, le risque d’inflation demeure présent.

Le bilan du FMI pour la Suisse est globalement positif, mais ce pays devrait faire attention à son niveau d’endettement, conseille le Fonds monétaire international, en particulier dans le secteur bancaire. Quel est votre point de vue sur cette question ?

n La Suisse est l’un des pays qui ont abordé ce problème à la fois tôt et de manière efficace. La place financière dispose d’une avance confortable par rapport à ses concurrents dans d’autres pays, notamment en Europe. Par ailleurs, le secteur bancaire est maintenant plus mince et en meilleur forme qu’il y a six ans.

« Les faibles taux d’imposition sont l’un des principaux facteurs du pouvoir d’attraction de la suisse. »

A quels indicateurs faudra-t-il en particulier faire attention pour suivre l’évolution de la situation ?

n Certes, la Suisse devra faire très attention aux niveaux des prix dans les années à venir. Le risque que l’inflation endommage l’économie est élevé. Deuxièmement, la Banque nationale suisse doit se fixer la préservation du taux de change comme la priorité numéro un. Enfin, il ne faudrait pas faire un pas en arrière s’agissant des avancées institutionnelles et réglementaires que la Suisse a réalisées au cours des dernières décennies. Elle reste l’un des pays qui est le plus favorable aux entreprises, à la création d’emplois, et donc un havre de prospérité ...

Un certain nombre de chantiers législatifs sont en cours : s’agissant de fiscalité, comment évaluez-vous la situation de la Suisse ?

n Je ne me sens pas très qualifié pour donner une opinion satisfaisante à cette question.

Pour améliorer la compétitivité de la Suisse, quelle direction la politique fiscale doit-elle prendre, si ce pays souhaite également laisser une marge de manœuvre aux politiques publiques et sociales ?

n Les faibles taux d’imposition des sociétés continuent d’être l’un des principaux facteurs du pouvoir d’attraction de la Suisse aux yeux des sociétés étrangères. La population suisse doit reconnaître les avantages, en termes de prospérité, liés au fait d’attirer les investissements étrangers et ce que cela apporte au pays. Il est pertinent ici de comparer la situation en Suisse avec l’attitude des autres pays européens en matière d’impôts. Dans le cas de la France, la politique fiscale endommage sévèrement sa position concurrentielle.

«En europe, le salaire minimum décourage à long terme la création d’emplois. »

Dans quelle mesure un salaire minimum influence-t-il la compétitivité d’un pays à votre connaissance ? Avec des exemples tirés d’autres pays ?

n Les salaires minimums se sont révélés préjudiciables à la compétitivité. L’expérience de l’Europe continentale montre assez clairement que le salaire minimum décourage la création d’emplois et que sur le long terme, son existence tend à réduire la volonté et la capacité d’embaucher des entreprises. Dès l’instant où nous intervenons sur les marchés par ce biais, nous créons des frictions et les marchés deviennent inefficaces. Sur le marché suisse du travail, l’absence de salaire minimum durant des années a conduit à des systèmes optimaux dans chaque secteur d’activité. Je pense que cela devrait être le modèle pour les autres pays.

La question de la libre-circulation marque fortement l’actualité suite à la votation du 9 février sur la restriction de la libre-circulation. Cela posé, quelles seraient vos recommandations pour la Suisse, afin que cette dernière puisse conserver voire améliorer sa compétitivité ?

n Nous devons d’abord et avant tout reconnaître que la Suisse n’est pas membre de l’Union européenne et qu’elle n’est donc pas tenue de se comporter comme tel. Cela dit, l’économie suisse dépend dans une large mesure des travailleurs étrangers et de leurs talents. Une telle restriction est donc contre-productive sur le long terme et je ne pense pas qu’elle va se produire. Le marché du travail suisse est actuellement suffisamment compétitif pour attirer les travailleurs étrangers dont elle a besoin, que ces derniers soient faiblement rémunérés ou hautement qualifiés. Dans les deux cas, le secteur privé devra être suffisamment proactif pour limiter l’impact des initiatives juridiques qui restreignent la libre-circulation des personnes. Je ne peux pas m’imaginer une situation dans laquelle les entreprises seraient obligées de se déplacer à l’étranger en raison d’une politique d’immigration stricte.

Interview : François Othenin-Girard

Expertise en comparaison internationale

arturo bris

Arturo Bris est Professeur en finance à l‘IMD à Lausanne. Avant d‘occuper ce poste prestigieux, il était professeur associé en Corporate Finance à la Yale School of Management aux Etats-Unis (chaire Robert B & Candice J. Haas). Chercheur associé auprès du European Corporate Governance Institute et membre du Yale Institute for Corporate Governance, ses travaux ont essentiellement porté sur des sujets de gouvernance d‘entreprise, de régulation financière et de comparaison internationale. Ses recherches et son activité de conseil ont mis l‘accent sur la régulation financière prise dans sa dimension internationale et, en particulier, sur les effets de faillites, de ventes à découvert, du délit d‘initié et des lois sur les fusions. Arturo Bris a également mené des études et enseigné sur les effets de l‘euro sur le secteur corporate, aussi bien que l‘estimation des conséquences de décisions de gouvernance d‘entreprises. Ses travaux ont été publiés dans le Journal of Finance, le Journal of Financial Economics, la Review of Financial Studies, le Journal of Legal Studies et le Journal of Business, parmi d‘autres. Le professeur Bris a enseigné la gouvernance d‘entreprise et l‘Investment Banking à Yale de 1998 à 2005, où il reçut le Best Teacher Award à deux reprises. Son expérience de consultant l‘a mené à conseiller diverses entreprises aux Etats-Unis et en Europe. Dans les classements, le Professeur Arturo Bris est cité dans le top-100 mondial des chercheurs les plus lus au monde. Il a obtenu son premier titre universitaire en droit et économie à l‘Université Autónoma de Madrid, puis un MSc au CEMFI (Fondation de la banque centrale espagnole). Il est également titulaire d‘un PHD en Management de INSEAD.

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Arturo bris

Arturo Bris est Professeur en finance à l’IMD à Lausanne. Avant d’occuper ce poste prestigieux, il était professeur associé en Corporate Finance à la Yale School of Management aux Etats-Unis (chaire Robert B & Candice J. Haas). Chercheur associé auprès du European Corporate Governance Institute et membre du Yale Institute for Corporate Governance, ses travaux ont essentiellement porté sur des sujets de gouvernance d’entreprise, de régulation financière et de comparaison internationale. Ses recherches et son activité de conseil ont mis l’accent sur la régulation financière prise dans sa dimension internationale et, en particulier, sur les effets de faillites, de ventes à découvert, du délit d’initié et des lois sur les fusions. Arturo Bris a également mené des études et enseigné sur les effets de l’euro sur le secteur corporate, aussi bien que l’estimation des conséquences de décisions de gouvernance d’entreprises. Ses travaux ont été publiés dans le Journal of Finance, le Journal of Financial Economics, la Review of Financial Studies, le Journal of Legal Studies et le Journal of Business, parmi d’autres. Le professeur Bris a enseigné la gouvernance d’entreprise et l’Investment Banking à Yale de 1998 à 2005, où il reçut le Best Teacher Award à deux reprises. Son expérience de consultant l’a mené à conseiller diverses entreprises aux Etats-Unis et en Europe. Dans les classements, le Professeur Arturo Bris est cité dans le top-100 mondial des chercheurs les plus lus au monde. Il a obtenu son premier titre universitaire en droit et économie à l’Université Autónoma de Madrid, puis un MSc au CEMFI (Fondation de la banque centrale espagnole). Il est également titulaire d’un PHD en Management de INSEAD.

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