Publié le: 4 mai 2018

Sbarro, quatre décennies créatives

génie – Au dernier Salon de Genève, Franco Sbarro a fêté ses 40 ans de présence. Mais son génie de l’automobile, il cherche moins à l’étaler qu’à le transmettre. Jean-Luc Adam a eu la chance de le rencontrer pour le «Journal des arts et métiers».

En Suisse, on pourrait dire «On n’a pas de pétrole, mais on a Sbarro», tellement le sorcier de Grandson a débordé d’idées durant ces quatre décennies. Tout le monde le connaît sur la planète automobile, et le grand public a fatalement vu au moins une de ses créations, soit dans les médias, soit dans les allées de Palexpo. À 
79 ans, Franco Sbarro ne raccroche toujours pas sa salopette rouge, car sa mission, depuis plus de 20 ans, c’est de transmettre sa passion aux jeunes générations dans son école Espera, basée à Montbéliard (F). Ainsi, le mécanicien, inventeur de génie et designer, est devenu plus qu’un professeur, un véritable mentor! Sous sa houlette, ses élèves conçoivent les showcars exposés chaque année au Salon international de l’automobile de Genève. «Le Salon est une récompense pour eux», dit Sbarro en ajoutant: «D’ailleurs, c’est la seule école présente ici!»

Une autre approche 
de l’automobile

À notre époque où le marketing et la comptabilité ont pris le pas sur la technique, le conceptuel et le design, un constructeur comme Sbarro est presque d’utilité publique… En effet, développer des concepts différents, audacieux voire débridés permettent de restituer à l’automobile sa plus grande promesse: l’aventure. Voici quelques-unes de ses plus remarquables inventions.

1989, la roue orbitale

Cette roue sans moyeu est composée de deux parties: une partie tournante (jante en forme de tube épousant la face interne du pneu et un anneau de freinage) et une partie fixe (bande intérieure de roulement où vient s’arrimer les bras de suspension, la barre de direction et l’étrier de frein). Si l’idée est simple et présente l’avantage d’abaisser le centre de gravité de la roue (meilleure tenue de route), sa réalisation mécanique est plutôt complexe. Mais avec l’orbitale, Sbarro réinvente la roue et elle en jette! Il a d’ailleurs réussi à revendre les brevets.

2003, l’Unité motrice 
autonome

Avec elle, Sbarro réinvente une deuxième fois la roue puisque cette fois, c’est à l’intérieur d’une jante de gros diamètre que l’inventeur intègre le moteur, un radiateur, le système de frein, une batterie et un réservoir de 3 litres. Pour l’anecdote, en 2008, Michelin sort le prototype d’une jante à motricité autonome qui s’en inspire fortement, à un détail près, le moteur est électrique.

Les dernières réalisations

Sur son stand du Salon de Genève 2018, on retrouve les derniers concepts cars des étudiants de l’école: Espera Sbarro Dilemme (formule 1 électrique avec ou sans cockpit) et Espera Sbarro Rush (monoplace inspirée des F1 des années 60, poids plume de 775 kg pour 340 ch). Mais il y a aussi deux réalisations propres à Franco Sbarro, la Replica GT 40 qui est, comme son nom l’indique, une réplique contemporaine de la fameuse Ford GT 40 lancée en 1964, et surtout le 4×4+2 (photos). Il s’agit d’un véhicule de franchissement basé sur la Porsche Cayenne de première génération qui dispose, sur ses flancs, de deux roues additionnelles à motorisation électrique qui s’abaissent pour offrir un supplément de motricité dans les situations difficiles, mais aussi pour changer une roue sans cric. L’idée est venue à l’esprit de Sbarro en voyant les bolides du Dakar qui transportent de toute façon deux roues de secours. Mais aussi d’une crevaison d’anthologie lors de l’édition 2017, qui a coûté la première place au duo Loeb/Peter­hansel. «Avec mon invention, ils auraient remporté le Dakar!», pouffe Franco Sbarro.Jean-Luc Adam

Les plus consultés