Publié le: 7 octobre 2022

Suisse et Asie centrale: nos atouts

asie centrale – Ces pays ont d’abord été courtisés. Puis on les a évités. Aujourd’hui, ils font figurede points d’interrogation dans les relations de la Suisse avec l’Asie centrale. En revanche, rien ne changequant au très bon positionnement de nos exportateurs dans ces régions.

Il n’existe pas de véritable définition de l’Asie centrale. La plupart du temps, on y inclut le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan. L’Afghanistan et parfois l’Iran sont souvent inclus dans cette liste. Au centre de l’Asie, ces pays relient la partie orientale à la partie occidentale du continent.

Les cinq premiers de la liste sont particulièrement intéressants pour la Suisse. Après l’effondrement de l’Union soviétique (URSS), les entreprises suisses ont été les premières étrangères à se pointer sur nombre de ces marchés. Au Kazakhstan, la plus grande économie post-soviétique, c’est Mabetex, active dans la construction – en particulier lors des grands travaux réalisés dans la capitale Astana.

L’atout géopolitique

Autre atout pour les exportateurs suisses: dans tous les pays de la région, la Suisse fait partie des cinq plus gros investisseurs étrangers. Ce chiffre comprend surtout les investissements privés. D’un point de vue institutionnel, ces pays sont également étroitement liés à la Suisse. Ils font partie du même groupe que la Suisse au sein du Fonds monétaire international (FMI). Précisons encore que la Suisse négocie actuellement un accord de libre-échange avec le Kazakhstan.

Les cinq pays d’Asie centrale présentent de grandes différences au plan politique, en particulier s’agissant des affaires étrangères. Alors que le Kazakhstan s’efforce de se profiler sur la scène internationale tout en étant considéré comme proche de la Russie, les autres Etats suivent leur propre voie. Plusieurs s’appuient déjà sur une forte coopération avec la Chine, la Corée du Sud et l’Inde. La Turquie fait aussi partie des acteurs de référence à prendre en compte. Ce faisant, les pays d’Asie centrale équilibrent leur implication dans la politique étrangère de ces puissances.

Alors que leurs économies sont principalement axées sur le premier secteur, certains pays sont en train de développer leurs infrastructures et de renforcer notamment la formation et la numérisation. De leur point de vue, leur situation géographique est un atout géopolitique. En Asie centrale, l’Europe est perçue comme reliée à l’Est de manière «lointaine». Leur vision est d’intégrer l’Eurasie en tant que tapis roulant et de sécuriser l’Europe et la Chine en tant que producteurs de nourriture et de matières premières.

Le défi des institutions

Au vu de cette situation initiale, on peut se demander pourquoi ces pays ne sont pas plus appréciés des entreprises suisses. Le déficit en démocratie est un problème évident. Les pays d’Asie centrale sont dirigés politiquement par des individus. Formellement, ils se donnent certes le nom de démocratie, mais dans la pratique, beaucoup de choses restent dominées par le pouvoir personnel.

La dépendance des personnes à l’égard d’une éventuelle expansion du marché en Asie centrale est le véritable talon d’Achille. D’une part, elle entrave la sécurité juridique. Les PME en ont besoin, car elles n’ont pas beaucoup de moyens pour investir dans le développement du marché. Mais elle constitue également un frein, car elle augmente les risques. Si le réseau personnel disparaît pour quelque raison que ce soit, c’est tout le marché qui s’effondre.

«Investment case»

En outre, les pratiques commerciales sont très différentes de celles de la Suisse. Les relations ne sont qu’une chose. L’autre est que les clients attendent des solutions et des prestations complètes. Cela signifie également qu’il faut les soutenir dans le domaine des instruments de financement. Il ne suffit donc pas d’avoir un super produit.

Malgré tout, l’Asie centrale reste un marché à fort potentiel. La position géographique de ces pays ainsi que leur capacité à équilibrer les blocs de pouvoir plaident en leur faveur. S’ils parviennent à mettre en œuvre une partie des réformes, ils deviendront des partenaires économiques bien plus importants. L’investissement pourrait donc être rentable.

Henrique Schneider, usam

coup de projecteur

Porte d’entrée pour la Suisse

En résumé (les chiffres les plus récents datent de 2020 pour l’année 2018) – pour de nombreuses entreprises suisses, le Kazakhstan est LA porte d’entrée vers l’Asie centrale. Grâce à des réformes ambitieuses, le pays a amélioré l’accès au marché pour les entreprises étrangères, en numérisant par exemple les procédures administratives. Il n’est donc pas étonnant que ce pays ait cette année encore fait un bond en avant dans le «Doing Business Index» de la Banque mondiale, qui examine la convivialité d’un pays pour les entreprises, et qu’il occupe désormais la 25e place sur un total de 190 pays.

Plusieurs entreprises suisses ont également contribué à l’essor économique du Kazakhstan. Entre 2005 et 2018, elles ont investi 23,2 milliards de dollars, selon la Banque nationale du Kazakhstan.

Cela fait de la Suisse le troisième plus grand investisseur direct. De plus, les flux commerciaux entre les deux pays sont eux aussi en constante augmentation. En 2018, les exportations suisses vers le Kazakhstan ont augmenté de 16,2 % pour atteindre 210 millions de francs. Outre les produits pharmaceutiques, les machines et les montres suisses sont les produits phares des exportations.

Pour l’Ouzbékistan, 31 % de toutes les exportations du premier semestre 2018 ont été destinées à la Suisse, contre 18 % à la Russie et 16 % à la Chine. La Suisse a acheté à l’Ouzbékistan des marchandises pour une valeur de 1,5 milliard de dollars, soit plus que tous les pays asiatiques réunis (1,3 milliard) et presque autant que tous les pays de la CEI (1,7 milliard). Les principaux produits d’exportation de l’Ouzbékistan, et pas seulement vers la Suisse, sont les métaux précieux, en particulier l’or.

Les relations commerciales avec le Tadjikistan sont modestes. Des entrepreneurs suisses sont présents, entre autres, dans le secteur du coton. La Suisse importe principalement de l’or du Tadjikistan pour le transformer.

Les investissements suisses au Kirghizstan enfin ont atteint 13,8 millions de dollars en 2018. La Suisse se classe ainsi parmi les dix principaux investisseurs. Le volume du commerce bilatéral a atteint 9,2 millions de francs en 2019. La Suisse y exporte principalement des produits pharmaceutiques, des machines, des appareils optiques et médicaux, du papier et des produits en papier, des montres et des jouets.

Une trentaine d’entreprises suisses sont actives au Turkménistan, principalement dans le secteur de l’énergie ainsi que dans les domaines du textile, de la pharmacie, des transports, des communications, de la haute technologie et de l’alimentation. En termes de superficie, le Turkménistan est en grande partie constitué de déserts. Le pays dispose d’énormes gisements de gaz, mais n’a pas d’accès à la mer. L’agriculture est pratiquée dans les oasis. SC

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