Publié le: 5 avril 2019

Transmettre et renaître

TRANSMISSION – Pour Bernard Favre, menuisier à Grandsivaz dans le canton de Fribourg, le temps de la réflexion est venu. Comment pérenniser son entreprise dans les meilleures conditions?

Il regarde droit dans l’appareil, souriant, détendu. C’est dans l’objectif, en prenant quelques clichés que l’on constate à quel point Bernard Favre a changé. Lui qui n’aimait pas trop la corvée photo... que s’est-il passé ?

Deux différences au moins dans sa vie, explique-t-il. D’abord, il s’est mis à penser à la succession. Et puis, il s’active dans un groupe d’entrepreneurs BNI à Villars-sur-Glâne.

Nous nous rencontrons un matin du mois de mars dans le nouveau restaurant gastronomique de Pierrot Ayer sur Pérolles à Fribourg. Lorsque nous l’avions interviewé la première fois en 2016, le menuisier de Grandsivaz luttait dans un contexte difficile.

L’ambiance conjoncturelle était alors aux coups. «Coups de rabot de la concurrence, coups de scie du franc fort et coups de marteau de la conjoncture.» Aujourd’hui, le contexte est favorable à la réflexion.

«S’en sortir par le haut!»

Cela fera trois décennies en juin que Bernard Favre a lancé sa propre affaire. En trente ans, il a formé un nombre incalculable d’apprentis et de collaborateurs. Ensemble, ils ont réalisé tant de beaux projets.

«J’aime l’idée de sang neuf et de renouveau.»

Aux dernières nouvelles, le jeune Afghan Ali (dont nous parlions en 2016) a fini son préapprentissage et il est toujours passionné de boxe. Un nouvel apprenti a été engagé, ils sont trois – en plus de deux employés qualifiés. La menuiserie recherche actuellement un jeune employé qualifié…

Ce que Bernard retient de ce grand tourbillon? «Les petits entrepreneurs de cette branche ne peuvent s’en sortir que par le haut, je veux dire par là que notre but doit être de créer quelque chose qui n’existe pas, lance ce spécialiste de fenêtres. La porte de sortie, je la vois plus dans les services que nous proposons que par la nouveauté. C’est le seul élément qui nous permette de nous démarquer.»

Ne rien laisser glisser dans une faille

Bernard Favre est un premier de cordée. Un job qu’il assume tout en sachant déléguer et former la relève: «Comme dans tout apprentissage, il faut accepter de laisser les jeunes faire leur chemin et ne pas crier.» Apprivoiser les erreurs pour apprendre. «En revanche, il faut assurer auprès du client et ne pas laisser glisser les choses dans une faille. Il faut suivre les choses de près. Au prix de la main d’œuvre, on n’a pas droit à l’erreur.»

Une idée a germé

La dimension humaniste de ce chef d’entreprise s’est affirmée. «A la base, j’aime mon métier et j’ai la passion de le transmettre. Avec les années, j’ai compris que j’aimais surtout les gens.»

Ces derniers temps, en fréquentant une fois par semaine un groupe d’entrepreneurs BNI, le Fribourgeois a fait germer une idée dans son cerveau d’entrepreneur. Il faut commencer à penser à la pérénité de sa PME. Donc trouver un repreneur. Ses deux enfants, adultes, ont pris des voies différentes. Lui-même a cinquante-sept ans et pense s’activer encore huit à dix ans à la tête de sa menuiserie. Bref, un grand chantier de succession vient de s’ouvrir à Grandsivaz.

Bernard Favre en est de plus en plus convaincu: «Quelque part, il y a un jeune qui est fait pour cela. Il faut juste que je le trouve.»

François Othenin-Girard

profil et profilage

Transmettre: y penser!

«J’aimerais trouver un jeune qui soit très motivé et qui ait déjà une dizaine d’années d’expérience», explique Bernard Favre. On est en train de découvrir le profil idéal de celui qui serait amené à reprendre sa PME dans quelques années. «J’imagine une personne qui aurait une fibre d’entrepreneur et ne compterait pas trop ses heures, détaille-t-il. S’il faut caser un rendez-vous une fois un samedi matin, savoir ne pas se laisser piéger par des horaires de travail trop rigides. Cela peut faire une grande différence.»

Sinon, le menuisier fribourgeois envisagerait aussi quelqu’un qui viendrait d’une autre région de Suisse romande. «J’aime l’idée de sang neuf.» Pour concrétiser son idée, il va miser sur les petites annonces et égale­ment le bouche-à-oreille. Le groupe d’entrepreneurs BNI lui permettra peut-être de dénicher son repreneur.

Wanted: un innovateur

Ce qui l’enthousiasme? «Cette personne pourrait amener de nouvelles idées. Ce serait un plus qu’elle maîtrise le dessin informatique. Bref, quelqu’un d’innovant qui aimerait créer et apporter quelque chose de neuf à cette entreprise.»

Et quelle idée se fait-il du timing? «L’idée n’est pas de le lâcher en six mois, mais plutôt de l’accompagner grosso modo sur cinq ans. On n’apprend pas bien le métier d’entrepreneur dans l’urgence.» Ogi

dynamique d’échange

«Qui donne reçoit!» – les vertus du système BNI

C’est la petite phrase clé d’Ivan Misner, le fondateur des groupes d’entrepreneurs que Laurence Droz a créés en Suisse romande, avant de partir à la conquête de vastes régions en Allemagne. Les «chapters», dont nous avons si souvent parlé dans ces colonnes, continuent de progresser.

«j’ai déniché un collaborateur en deux jours.»

Bernard Favre pour sa part a découvert le groupe de Villars-sur-Glâne (FR) en novembre dernier. Il a eu plusieurs fois l’occasion de réaliser du business lors de ces petits déjeuners. Mais aussi d’apprendre à se présenter et à parler de son entreprise en trente secondes. Une dynamique qu’il qualifie de très formatrice et qui porte ses fruits.

«C’est tombé à point nommé: parler devant plus de cinquante personnes m’a obligé à sortir de ma zone de confort. Certains collègues sont de plus en plus à l’aise, ils font même parfois de petits sketches.» Il parle tantôt d’une spécialité, parfois place une demande de contact – ou recommande un autre professionnel dont il a pu apprécier les talents. Le chapter compte 52 membres. «J’ai commencé en novembre 2018 et de fil en aiguille, de nombreux travaux sont arrivés. Grâce au BNI, j’ai aussi déniché un collaborateur en deux jours: j’ai déposé une demande devant le groupe vendredi matin. Dans l’après-midi, je recevais un contact. Et le collaborateur a commencé chez moi le lundi matin!»

«parler devant plus de cinquante personnes m’a obligé à sortir de ma zone de confort.»

Parmi ses projets, celui de monter un groupe sur le bois.

Ogi

www.bni.swiss

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