Publié le: 12 août 2016

Trois expériences dans la logistique

numérisation – Le secteur de la logistique est en pleine «transformation numérique». Rares sont les branches où réel et virtuel 
se mêlent à ce point. Trois entreprises nous ont raconté cette mutation radicale vérifiable sur toute la longueur de la chaîne.

La logistique – ensemble des processus de distribution – est déjà entrée dans l’ère numérique il y a un certain temps et sa mutation s’achèvera dans quelques années! «Aujourd’hui déjà, une interaction étroite avec les clients, prestataires de services et partenaires est un facteur décisif de compétitivité», souligne Jürg Sulser, propriétaire du Sulser Group, à Otelfingen (ZH), et également conseiller aux Etats UDC zurichois.

Les terminaux mobiles permettent aux logisticiens de traiter l’information partout et à tout moment. L’arrivée de nouvelles technologies telles que Mobility, Data Analytics et Cloud Computing conduisent les entreprises de logistique à repenser leur modèle d’affaires. «A son tour, la filière globale d’approvisionnement pousse tous les acteurs à une amélioration du flux d’informations. Nous, en tant que transporteur, en faisons partie et devons donc exploiter aussi efficacement que possible les outils informatiques», constate Jürg Sulser.

Pour Markus Lötscher, pdg de Pistor SA à Rothenburg (LU), la transformation numérique doit être aussi vaste que diversifiée: «A notre conseil d’administration, nous avons adopté et transposé de nombreuses mesures dans l’entreprise, notamment au centre de transbordement, mais aussi au niveau de la gestion et de l’administration.»

Quant à Philipp Bachmann, propriétaire de Bachmann AG Transporte Schweiz, à Kölliken (AG), il voit dans l’échange de données entre partenaires et clients l’élément central pour relever les défis futurs: «Nous devons observer les mécanismes pour les adapter et ainsi répondre aux évolutions sur le marché du transport et de la logistique.»

Flexibilité et réduction des coûts

Jürg Sulser voit l’aboutissement de la transformation numérique dans le nuage informatique: «L’externalisation de l’informatique apporte de la flexibilité et peut considérablement réduire les coûts.» Aux yeux de Markus Lötscher, la détection de la pertinence stratégique, le «change management», l’adaptation des modèles commerciaux ainsi que la formation des collaborateurs représentent les plus grands challenges. Pour Philipp Bachmann, convaincre les collaborateurs ne serait pas une tâche si facile: «Ne négligeons pas le facteur humain, car, malgré tous les outils numériques, il incarne l’entreprise!»

Apparition de nouveaux services

Ces nouvelles technologies bouleversent les méthodes de travail et la structure des emplois. «Synchroniser les données obtenues par numérisation implique des capacités de calcul et de stockage renforcées et des logiciels appropriés. Mais cela implique aussi des employés qualifiés en conséquence», insiste Sulser en précisant: «En plus des traditionnelles compétences mécaniques, un chauffeur devra maîtriser les outils médias afin de traiter les bordereaux d’expédition digitaux ainsi que les formulaires d’emballage et d’envoi.» Pour Lötscher, «une constante adaptation» aux nouvelles technologies appartient désormais au «daily business».

Les trois entreprises sont unanimes pour voir à travers la transformation numérique de grandes opportunités pour le secteur de la logistique: extension de la valeur ajoutée, création de nouvelles prestations et échange d’informations et de données. Jürg Sulser ajoute: «Grâces aux technologies embarquées, les chauffeurs reçoivent en temps réel des informations de livraisons et adaptent avec flexibilité leurs itinéraires.» Les trois patrons s’accordent à dire que l’investissement dans les nouvelles technologies représente une part toujours plus grande. Il y a deux ans et à hauteur de plusieurs millions de francs, Sulser Group a complètement modernisé sa plate-forme logistique de Brunegg (AG). «Nous y avons intégré les technologies d’information et d’automatisation les plus avancées afin, par exemple, de pouvoir indiquer les étapes logistiques aux clients du monde entier avec une traçabilité inédite sur l’ensemble des entreposages et de nos camions», déclare Jürg Sulser. Des investissements pareils seraient un obstacle pour bien des PME, mais ce dernier tempère: «Il ne faut pas sauter aveuglément sur les derniers cris technologiques.» En effet, certaines d’entre elles, chères au lancement, peuvent rapidement se transformer en applis gratuites...

Corinne Remund

(Traduction: JLA)

Les plus consultés