Le 25 septembre prochain, nous serons appelés à nous prononcer sur l’initiative «AVSplus». Une idée irresponsable que l’usam juge coûteuse et insensée. Elle sera donc combattue, y compris par le Conseil fédéral.
En résumé, l’initiative «AVSplus» veut augmenter les rentes AVS de 10%, alors que la prévoyance vieillesse, qui accuse un déficit d’un demi-milliard de francs par an, devrait être assainie de toute urgence. Les coûts supplémentaires engendrés par la mise en œuvre de l’initiative atteindraient 5,5 milliards de francs par année et devraient être financés notamment par les PME en passant par une augmentation des charges salariales. L’initiative bénéficierait avant tout aux rentiers aisés, tandis que les personnes véritablement dans le besoin n’en tireraient aucun profit.
«Les charges sociales sont déjà bien trop élevées. elles représentent déjà deux tiers des coûts d’exploitation!»
En Suisse romande, les réactions affluent déjà à l’idée d’une nouvelle augmentation des charges sociales.
Pour Isabelle Moret, conseillère nationale (PLR/VD) qui s’exprimait dans le cadre des discussions parlementaires, cette initiative ressemble à «un arrosoir qui manque sa cible». Pour l’élue broyarde, elle pourrait même péjorer la situation des rentiers. Le supplément de 10% serait imposable et leurs prestations complémentaires pourraient baisser. «Cette initiative ne profiterait pas aux pauvres, mais aux plus aisés, ce serait un bel autogoal de la gauche, a fustigé la Vaudoise. C’est un instrument antisocial sous presque toutes ses coutures.» Une politique de l’arrosoir tordu!
Dans les entreprises, la situation est tendue. FrĂ©dĂ©ric Imhof est CFO et responsable RH chez Wib SA Ă Bulle. «Les charges sociales sont dĂ©jĂ très Ă©levĂ©es en Suisse et en comparaison internationale, confirme-t-il. De plus, toute augmenÂtation de celles-ci dans la situation actuelle reprĂ©sente un immense dĂ©fi. A cela s’ajoute le fait que notre entreprise exporte Ă 95% ses produits. Avec le contexte du franc fort, c’est devenu extrĂŞmement dur.» Peu importe la monnaie dans laquelle l’entreprise traite avec ses clients, la difficultĂ© reste la mĂŞme. «Nous avons dĂ» adapter nos prix, progressivement et en discutant parfois au cas par cas, en nĂ©gociant avec les clients.» Ce directeur explique qu’ils ont dĂ©jĂ subi une diminution des commandes de 10% Ă 15% et qu’ils s’attendent encore Ă d’autres baisses. «Nous avons pris deux mesures dans ce contexte. La première est une diminution du personnel de 10%. La deuxième, nous avons investi massivement dans l’outil de production. Quand je dis massivement, nous avons consenti cinq annĂ©es d’investissements en une annĂ©e. Heureusement que les banques nous ont suivi. Cela signifie concrètement que nous avons remplacĂ© une machine sur deux.»
«On ne voit juste pas comment la branche pourrait encore supporter des hausses de salaires et des charges sociales en plus.»
«En rĂ©sumĂ©, poursuit-il, les charges sociales sont dĂ©jĂ bien trop Ă©levĂ©es. Dans notre entreprise, elles reprĂ©sentent dĂ©jĂ deux tiers des coĂ»ts d’exploitation. Une augmentation des rentes AVS de 10% ne serait tout Âsimplement pas supportable.»
Dans le tourisme, la situation risque encore de se péjorer. C’est ce qu’indique Roland Schegg, HES-SO Valais-Wallis, analyste à l’Observatoire Valaisan du Tourisme (www.tourobs.ch). En précisant: «L’été sera encore plus difficile que le précédent, qui était déjà pénible pour la branche du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration, poursuit-il. La baisse dans cette industrie est constante depuis plusieurs années. Le clivage ville-montagne devrait se creuses encore plus au détriment de cette dernière.»
Le franc fort et le départ des habitants à l’étranger pour profiter du franc fort n’a pas arrangé les choses. A cela s’ajoute un gros problème structurel que tout le monde a identifié. Le parc hôtelier vieillit – il a le plus souvent été construit dans les années 60 à 80 et il est désormais menacé d’obsolescence.
«Les marges des établissements ne permettent pas de réinvestir les montants nécessaires pour maintenir une compétitivité suffisante à l’outil de production, indique ce spécialiste 
du tourisme. Du coup, beaucoup d’hôtels sont à la peine.»
«Cette initiative est
déraisonnable. Elle déstabiliserait plus encore notre économie.»
A la clé, il y a un changement de génération qui est en train de se faire, mais les jeunes rechignent à reprendre des outils usés. De nombreux hôtels sont mal positionnés et ne permettent pas de réinvestir. «Dans ce paysage, le franc fort a été un coup de massue», se souvient-il. Il va encore accélérer la fermeture d’un grand nombre d’établissements. «Si l’on ajoute un hiver maussade comme celui que nous avons connu, poursuit-il, une météo actuelle qui ne fait pas envie et un été qui tarde à démarrer, on constate que le panorama n’est pas idéal.» La conclusion de Roland Schegg est nette et sans appel. «On ne voit juste pas comment la branche pourrait encore supporter des hausses de salaires et des charges sociales en plus, lance-t-il. Augmenter les rentes AVS de 10% serait beaucoup trop difficile pour ces hôteliers qui depuis longtemps déjà peinent à générer des cash flow suffisants.»
Du côté des élus, c’est le moment de tirer un signal d’alarme, car la ligne rouge a été franchie depuis belle lurette. Pour Raymond Clottu, conseiller national (UDC/NE), il s’agit d’une initiative «absolument déraisonnable». «Avec leur initiative «AVSplus», lance le Neuchâtelois, les socialistes veulent augmenter toutes les rentes de 10%. C’est une utopie pure! Pour l’instant, cela ne peut pas fonctionner. Il faut commencer par réformer pour stabiliser l’AVS d’ici 2030 et combler les milliards qui vont manquer. L’argent ne tombant pas du ciel, il faudra trouver quelqu’un pour payer cette augmentation.» Quelles seraient à ses yeux les conséquences pour l’économie, les entreprises et les employés? «Cela mettrait à coup sûr l’emploi en péril», prévient-il. Que pense-t-il de l’idée d’augmenter la TVA, souvent émise à gauche? «La classe moyenne et les bas revenus en souffriraient le plus. Cette initiative est absolument déraisonnable. Elle déstabiliserait plus encore notre économie.»
Ogi