Publié le: 9 février 2018

Un OUI à «No Billag», un OUI à la liberté!

L’invité du mois

Depuis le début de cette campagne, je suis régulièrement interpellé par des citoyens qui souhaitent comprendre les motivations des initiants. Elles sont simples: faire ce que d’autres n’ont pas voulu faire. Reformer un système dépassé, qui force chacun à soutenir une liste de médias, sans avoir son mot à dire. Il aura fallu une initiative populaire pour parvenir, enfin, à discuter sérieusement de la thématique. Si notre proposition ne devait avoir qu’un mérite, c’est celui-ci: faire avancer le débat et y apporter une réponse. La nôtre est la suivante: L’État doit cesser de s’occuper ce que le privé peut faire et se concentrer sur ses missions.

L’acte fondateur, c’est l’acceptation de la LRTV en 2015, avec une majorité de circonstance. Suite en effet à l’adoption de la nouvelle LRTV en 2015, avec une courte majorité acquise notamment grâce au vote des suisses de l’étranger – les mêmes qui ne paient pas la redevance – Doris Leuthard, à la tête du Département fédéral de l’environne­ment, des transports, de l’énergie et de la communication (Detec), nous avait promis un grand débat sur les contours du service public. Or plus de deux ans après, on attend encore. Certes, un rapport sur la thématique a été publié, mais son contenu est un appel au statu quo, sans remise en question et sans volonté de réformer – ne serait-ce que modestement – un système pourtant incohérent. On entend aujourd’hui beaucoup de politiciens et la SSR elle-même, nous promettre de grandes réformes à l’avenir. Les promesses n’engagent que ceux qui veulent encore y croire. Et en dehors du Parlement, sont-ils encore nombreux? Dans ce cas précis, tout citoyen raisonnable aura compris qu’il n’en sera rien. Un Parlement qui n’a rien proposé alors même que la pression se faisait sentir avec l’initiative «Oui à la suppression des redevances Billag», ne deviendra sûrement pas réformateur, une fois le service public adoubé par la population. Il est illusoire de croire qu’un Parlement qui soutient à la quasi unanimité le système actuel, et la vache sacrée qu’est la SSR, s’attaquerait soudain sérieusement au problème une fois la votation passée. Si les intentions étaient réelles, nous aurions aujourd’hui un contre-projet direct, ou indirect, à l’initiative, ou un véritable plan B de la SSR qui dicterait ses engagements pour le futur. Or à ce jour, nous avons tout au mieux quelques formules creuses qui demandent toujours de rejeter en premier l’initiative et de discuter ensuite. Un air de déjà vu. Dire oui à notre proposition est la seule et unique chance de réformer ce système injuste qui date d’un autre temps.

Encouragement à la diversité, vraiment? Dans sa configuration actuelle, la distribution des recettes revient en quasi totalité à la seule SSR. Cette dernière reçoit plus de neuf dixième des rentrées de la redevance, soit 1,2 milliard de francs par an. Le reste, une soixantaine de millions, est attribué aux radios/tv régionales. Il est de fait déplacé de parler d’un système qui «encourage la diversité». Il encourage uniquement la position dominante d’une SSR qui peut s’appuyer sur ces recettes gigantesques chaque année, sans avoir à convaincre la population de l’utilité de son offre. La récente déclaration de son nouveau directeur général – «Peut-être que nous n’avons pas assez dialogué avec la société», convaincra les derniers que cette entreprise doit enfin être mise en contact avec son public. Notons au passage que la somme réservée à l’entreprise de perception Billag et à l’OFCOM dépasse même celle distribuée aux radios/tv régionales. Un encourage­ment à la diversité de l’offre médiatique, sans doute! Les radios/tv régionales, après avoir longtemps combattu la SSR et la concurrence injuste qu’ils subissaient, se sont rangés à leur côté, depuis qu’ils sont également sous perfusion étatique. En résumé, on distribue quelques miettes pour s’acheter le soutien de tous les acteurs d’un marché faussé. Et ensuite, on vient parler de diversité et pluralité des opinions. Décidément…

Dans le reste du paysage économique, les entreprises doivent se battre années après années pour vivre. Ou simple­ment pour survivre. Elles doivent faire face aux aléas de la conjoncture économique, sans pouvoir s’appuyer sur une clientèle captive, qui fait ici office d’oreiller de paresse. Il est intéressant de rappeler que, deux ans après l’abolition du taux plancher, l’économie de notre pays semble s’être adaptée à ce change­ment, malgré la brutalité initiale de l’annonce. Sans redevance…

L’absence de plan B signifie que la direction de la SSR refuse de dévoiler son jeu. Notre initiative, lancée en 2014, a été validée en 2015. La SSR et les milieux politiques ont donc eu de longues années pour se préparer au changement de paradigme que propose notre initiative populaire, soutenue par 112 191 signataires. Il est pour le moins étonnant d’entendre aujourd’hui que la direction de la SSR n’a «pas de plan B» et qu’elle refuse même d’en débattre. Tout au plus, la direction concède que «nous sommes prêts à travailler, à proposer des variantes. Mais dans l’immédiat, j’espère que la population renouvellera sa confiance en un service public». Cette stratégie de communication est bien évidemment une simple démarche tactique. En dévoilant des pistes, elle laisserait supposer que, loin d’être extrême, notre initiative est une réponse pertinente à l’évolution de la consommation et du monde médiatique en général. On assiste donc depuis des semaines à une campagne qui agite les peurs, pour tenter d’éteindre toute possibilité de débattre de l’avenir du paysage médiatique. D’habitude, la population de ce pays est loin d’être naïve. Espérons qu’elle poursuive dans cette voie et refuse de donner un blanc-seing, et croire sur parole, une entreprise qui préfère s’accrocher à son oreiller de paresse plutôt que d’assumer son obligation d’informer la population sur un futur sans redevance. L’absence de plan B n’est pas sérieuse. Kurt W. Zimmermann, a dévoilé le sien, l’usam en a un autre. Les éditeurs suisses alémaniques disent eux que «l’approbation de ‹No Billag› par le peuple ne serait pas une catastrophe pour la SSR. Nous ne croyons pas que la SSR va disparaître».

Taxer le chiffre d’affaires, est-ce une bonne idée? Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle LRTV et le futur passage à une redevance générale en janvier 2019, les entreprises seront désormais taxées sur leur chiffre d’affaires, de façon progressive. Pourtant, un calcul basé sur le chiffre d’affaire est une aberration. Le chiffre d’affaire ne dit rien sur le bénéfice ou la santé à court terme d’une entreprise. Rien! Il est donc complètement déplacé de baser une imposition sur ce critère arbitraire. Sans parler de la progressivité de cet impôt qui verra au final certaines entreprises payer jusqu’à 35 590 francs par année, alors qu’elles paient les employés pour travailler et non pour regarder la RTS.

Vous l’avez lu ci-dessus, les raisons 
d’accepter l’initiative sont nombreuses. Mais au final, le 4 mars, il s’agit surtout de décider si oui ou non, nous voulons donner une responsabilité aux citoyens, et leur accorder le droit de faire ce qu’ils souhaitent avec leur argent au lieu de l’attribuer de force à des médias privilégiés.

C’est également l’occasion d’exprimer que nous voulons une SSR libérée de sa dépendance au monde politique. Une SSR qui se concentre sur ses tâches principales, là où le public l’attend vraiment, en 
arrêtant de s’éparpiller et de concurrencer le privé à tout va. En résumé, «No Billag», c’est 
un oui à la SSR, mais sans ses excès.

Les opinions exprimées dans cette rubrique ­n’engagent que l’auteur.

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