Publié le: 5 mars 2021

Un vrai «collectif-story» associatif à Neuchâtel

Quelques années avant le millésime Covid-19, les associations économiques neuchâteloises collaboraient de temps à autre. Puis, le dossier des réformes fiscales, lancé en 2018 et voté au Grand Conseil en 2019, donna l’occasion à six associations de coopérer plus étroitement, en amont et pendant le processus législatif.

Le 5 février 2020, à 40 jours du début du premier semi-confinement national, la question se pose si cette collaboration doit et peut se poursuivre. La réponse est positive. Pour élargir le rayon d’influence, trois associations rejoignent les six autres. Sont ainsi représentées au sein du collectif l’Association industrielle et patronale (AIP), l’Association patronale des industries de l’Arc-horloger (apiah), la Chambre immobilière neuchâteloise (CIN), la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie (CNCI), la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse (CP), la Fédération des entreprises romandes Neuchâtel (FER Neuchâtel), la Fédération neuchâteloise des entrepreneurs (FNE), la Fédération neuchâteloise du second-œuvre (FNSO) et l’Union neuchâteloise des arts et métiers (UNAM).

Pour les neuf associations, ce collectif ne doit déboucher ni sur une holding, ni sur une amicale. L’idée est d’organiser des rencontres trimestrielles, ce qui leur permet de se tenir au courant des projets et des enjeux des autres, mais aussi d’agir ensemble sur des dossiers majeurs pour l’économie neuchâteloise. Ce travail commun démontre au monde politique qu’il y a une «solidarité» dans l’économie. Les neuf associations savent aussi qu’elles ne s’accorderont pas toujours sur tout, car leurs intérêts ne sont pas forcément les mêmes.

Le Covid-19 intensifie la fréquence des rencontres. Alors que 4 séances en présentiel sont programmées en 2020, 27 visioconférences auront effectivement lieu. Chaque séance se ponctue par le point «Prochaines actions». Parmi ces dernières, citons celles-ci: informations «Covid» proactives, claires et uniformes aux entreprises; interventions pour thématiser la problématique des indépendants et des dirigeants d’entreprises; contacts directs avec le chef du Département de l’économie, les Services de l’emploi et de l’économie et la Caisse cantonale d’assurance chômage; organisation d’un sondage pour souligner la lenteur des tests de dépistage; prise de position contre les mesures de protection incohérentes ainsi que celles d’auto-isolement et d’auto-quarantaine; lettre d’indignation à un syndicat pour déplorer son encouragement à la délation.

Dans un autre registre, le travail coordonné des quatre juristes et avocats de l’AIP, de l’apiah, de la CNCI et de la FER-Neuchâtel profite pleinement aux membres des neuf associations. En effet, les patrons, les indépendants et les responsables RH bénéficient des informations les plus actuelles et les plus accessibles sur les RHT, APG, diverses aides, tests, vaccins, mesures de protection …

Qu’est-ce qui fait que ce collectif fonctionne aussi bien après une année d’existence? Certainement, l’ampleur et l’intensité de la crise ainsi que ses répercussions sur notre économie et sur nos membres. Affronter la pandémie en ordre dispersé serait contraire au bon sens. La taille du canton explique aussi la vitalité du collectif. Nous sommes trop petits pour vivre en vases clos et pour nous concurrencer. La complémentarité des représentants d’associations représente enfin un facteur de succès. Plusieurs profils se complètent: des leaders, des rassembleurs, des stratèges, des gagneurs, des expérimentés, des gratteurs … Cette osmose permet au collectif de «délivrer» de séance en séance.

Le collectif survivra-t-il au Covid-19? Les associations l’appellent de leurs vœux. Après le Covid, les activités perdront en intensité et les réunions auront lieu à un rythme moins soutenu. L’expérience du Covid nous aura appris une chose fondamentale: l’efficacité passe par une mise en commun des compétences et des expertises pour réagir vite et bien, de manière coordonnée. Cette agilité et cette rapidité ne seront pas de trop pour en découdre avec les angoissés, les moralisateurs et les justiciers de tout poil (1), qui continueront à faire du Covid un terreau fertile pour leurs revendications.

(1) Le 18 avril 2021 sera dimanche d’élections cantonales à Neuchâtel. L’économie neuchâteloise, malmenée au cours de ces derniers mois, doit pouvoir compter sur des ambassadeurs pragmatiques, convaincus et surtout écoutés!

* Secrétaire de l’Union neuchâteloise des arts et métiers

charles.constantin@cnci.ch

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