Publié le: 2 juillet 2021

«Un vĹ“u pieux!»

ÉNERGIE – Il faut tout électrifier via le renouvelable, estime le Conseil fédéral. L’expert interrogé dans nos colonnes critique cette stratégie. L’usam s’en tiendra à la neutralité technologique.

A la mi-juin, le Conseil fédéral a adopté la loi fédérale sur la sécurité de l’approvisionnement en électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelables. Avec ce projet qui inclut une révision de la loi sur l’énergie et de la loi sur l’approvisionnement en électricité, il vise à renforcer le développement des énergies renouvelables domestiques et la sécurité d’approvisionne­ment de la Suisse, notamment en hiver.

«Développer la production d’électricité à partir du renouvelable»

Afin d’atteindre les objectifs de la Stratégie énergétique 2050 et de la stratégie climatique de long terme de la Suisse, une électrification complète des secteurs des transports et du chauffage est nécessaire, estime le Conseil fédéral. A cette fin, la production nationale d’électricité à partir d’énergies renouvelables doit être développée rapidement et de manière cohérente.

La sécurité du réseau et de l’approvisionnement en électricité doit également être renforcée par d’autres mesures. «Avec la loi fédérale pour un approvisionnement sûr en électricité grâce aux énergies renouvelables, le Conseil fédéral propose les modifications nécessaires de la loi sur l’énergie et de la loi sur l’approvisionnement en électricité pour y parvenir.» Si l’on en croit la ministre de l’énergie Simonetta Sommaruga, l’autosuffisance actuelle de la Suisse devrait être maintenue même après la sortie du pays de l’énergie nucléaire. «En outre, l’expansion rapide des énergies renouvelables apporte une contribution de plus en plus importante à la sécurité d’approvisionnement à long terme, même en hiver.»

«Une pénurie d’électricité massive se profile à partir de 2035»

Un groupe de jeunes scientifiques doute que cette expansion se fasse de manière aussi rapide. Et en particulier que la Suisse soit en mesure de s’approvisionner suffisamment en électricité même après la sortie du nucléaire. En publiant un livre blanc «Énergie nucléaire, climat et sécurité d’approvisionnement», sous la houlette du Forum nucléaire suisse, ils en tirent des conclusions bien différentes. A partir de 2035, la Suisse devra faire face à une pénurie massive d’électricité, déclare le co-auteur et ingénieur nucléaire Lukas Schmidt, dans une interview accordée à nos médias (lire p. 2). «La stratégie élaborée par l’Office fédéral de l’énergie n’est malheureusement pas réaliste. Il s’agit plus d’un vœu pieux que d’une stratégie réalisable.»

Une idée pose problème: que la Suisse importe de l’étranger et en hiver jusqu’à 40% de ses besoins en électricité après 2035: «D’où cette électricité sera-t-elle importée?» La demande d’électricité augmentera en effet également dans les pays voisins où la protection du climat constitue également le plus grand problème actuel.

«Si l’on veut vraiment s’attaquer sérieusement à ce problème, estime en substance cet expert, on ne peut pas se permettre, du moins à court et à moyen terme, d’exclure purement et simplement une technologie neutre en CO2, conclut-il. C’est pourquoi de nombreux pays dans le monde comptent sur l’énergie nucléaire pour protéger le climat.»

Neutralité technologique

L’usam se penche elle aussi sur l’avenir de l’approvisionnement énergétique, suite au vote populaire contre la loi sur le CO2. «Une politique climatique réussie doit être basée sur les principes d’efficacité, de rentabilité, de subsidiarité et de flexibilité», estime Fabio Regazzi, président de l’usam. Dans une prise de position (lire p. 8), la faîtière des PME souhaiterait que les instruments qui ont fait leurs preuves – conventions d’objectifs, mécanismes de compensation et programme de construction des cantons – soient conservés et que la neutralité technologique soit appliquée dans tous les domaines. En

A lire également

A lire également

Les plus consultés