Publié le: 12 mai 2021

Une loi juste ou une loi coûteuse?

POUR/CONTRE la loi SUR LE CO2 – «La loi fait franchir un grand pas à la Suisse», relève Jürg Grossen (PVL/BE). «Nous ne faisons que rendre la Suisse plus chère et encourager la migration des entreprises énergivores», estime Christian Imark (UDC/SO).

Les opposants décrivent la nouvelle loi sur le CO2 comme «coûteuse, inutile et injuste»: que pensez-vous, en tant que partisan, de cette loi?

Jürg Grossen: Il est coûteux de continuer à brûler du pétrole, d’envoyer des milliards à l’étranger pour cela et de devoir ensuite payer pour les dommages causés par le changement climatique. Il serait injuste de reporter entièrement ces coûts sur les générations futures. La loi sur le CO2 est un bon compromis et finement négocié, il permet à notre pays de franchir un grand pas. De nombreux emplois prometteurs seront créés et l’argent restera en Suisse.

Ses partisans affirment que la Suisse ferait mieux d’investir dans des emplois nationaux que d’exporter de l’argent vers des régions du monde politiquement instables. Que pensez-vous de cet argument?

Christian Imark: Stratégiquement, il est important que l’approvisionnement énergétique de la Suisse soit diversifié. Dans le cas contraire, nous aurons des risques majeurs de regroupement en termes d’offre et des effets négatifs sur les prix. Un jour, cela pourrait conduire à un réveil brutal. En rendant la Suisse inutilement plus chère comme lieu de production, nous alimentons égale­ment la migration de la production à forte intensité énergétique vers les pays à bas salaires. Avec cette politique, non seulement nous investissons dans des pays instables, mais nous alimentons la production beaucoup plus sale des mêmes produits à l’étranger et les faisons transporter du bout du monde jusqu’en Suisse. Nous devons également tenir compte des dommages énormes et irréparables causés par la fabrication à l’étranger de produits considérés comme «durables». L’importation de cellules solaires et de batteries à grande échelle est tout sauf écologique!

Un point de discorde important est le coût de la nouvelle loi sur le CO2: selon la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, 100 fr. maximum pour une famille de quatre personnes. Les ménages qui émettent peu de CO2 pourraient même faire des économies. A combien estimez-vous le potentiel d’épargne maximal des ménages privés?

Jürg Grossen: Celui qui se chauffe au bois ou avec une pompe à chaleur, utilise l’électricité ou un véhicule économe en carburant et ne prend pas l’avion plusieurs fois par an pour partir en vacances peut économiser plusieurs centaines, voire un millier de francs chaque année. Ceux qui font le contraire doivent s’attendre à des coûts plus élevés. Les études montrent que, globalement, une nette majorité de ménages en bénéficient.

«cela rendrait la suisse plus chère comme lieu de travail et il s’ensuivrait une redistribution inutile et inefficace de milliards.»Christian Imark

Pour vous, il est clair que de nombreux ménages n’en profi­teront pas, mais devront au contraire dépenser massivement plus d’argent. Quel sera le coût d’un Oui à la loi pour un ménage individuel?

Christian Imark: La charge financière reste individuelle, en fonction de la consommation. Dans le calcul des 100 francs de Mme Sommaruga, de nombreuses hypothèses sont fausses. L’augmentation du prix du fioul domestique n’est pas de 20 mais de 30 centimes. L’augmentation du prix de l’essence est de 12 centimes par litre. En outre, de nombreuses familles ont un espace de vie plus grand, plus de kilomètres parcourus et une consommation par kilomètre plus élevée que celle calculée par Sommaruga. Pour une famille de quatre personnes, un voyage pour des vacances à Gran Canaria ou en Turquie coûtera à l’avenir 240 francs de plus, et un vol vers les Etats-Unis ou les Maldives jusqu’à 360 francs en plus. En outre, il n’est absolument pas certain que l’aviation, affaiblie par la Covid-19, devienne réellement le grand pourvoyeur de chiffres pour la redistribution du CO2. Le projet de loi de Sommaruga est une arnaque de la population.

Carburant, mazout et gaz plus chers, plus une taxe sur les billets d’avion: vous acceptez que la classe moyenne et le commerce soient plumés. Comment pouvez-vous expliquer cela aux personnes concernées?

Jürg Grossen: En particulier en tant que père de famille et homme d’affaires, il est important pour moi que ces milieux n’aient pas à souffrir financièrement. C’est pourquoi les mesures de la loi sur le CO2 sont conçues de manière à ce que la majorité des prélèvements reviennent à la population et à l’industrie, comme c’est le cas aujourd’hui avec la taxe sur les carburants. En outre, des ressources financières ciblées seront utilisées pour aider les propriétaires et les entreprises à passer à des systèmes de chauffage renouvelables et à l’électromobilité. Cela apportera des avantages supplémentaires aux petites et moyennes entreprises et aux commerces.

Le monde des PME a dit oui à la Stratégie énergétique 2050, alors n’est-il pas logique de soutenir également la loi sur le CO2?

Christian Imark: Non, la stratégie énergétique – clairement – a provoqué de nouveaux problèmes qui ne sont toujours pas résolus aujourd’hui et pour lesquels nous devons à nouveau mettre la main à la poche. Il n’existe toujours pas d’alternative bon marché à l’abandon progressif de l’énergie nucléaire qui n’entraîne pas d’émissions supplémentaires massives de CO2. Cette «stratégie» est un mauvais service rendu à la politique climatique.

«cela aurait un impact négatif sur notre industrie et sur l’exportabilité de nos technologies suisses innovante.»Jürg Grossen

Plus de bureaucratie, plus d’interdictions, plus de réglementations et de nouveaux impôts et taxes: Est-ce vraiment ce que vous défendez en tant que président des Verts libéraux?

Jürg Grossen: Les Verts libéraux défendent un avenir digne d’être vécu pour les générations futures, auxquelles nous ne voulons laisser ni dommages environnementaux, ni montagnes de dettes. La taxe sur les billets d’avion et les taxes plus élevées sur le pétrole et l’essence ont un caractère directeur, la majeure partie de l’argent étant reversée à la population. Les taxes et les interdictions ont été délibérément omises de la loi au profit d’incitations. Une proposition résolument verte et libérale.

Si la loi sur le CO2 est rejetée, la Suisse perdra un temps précieux dans la course contre le réchauffement climatique. L’UDC accepte-t-elle simplement cela?

Christian Imark: Ce n’est pas vrai. Grâce à notre mix électrique exemplaire, notre pays est le leader absolu en termes d’émissions de CO2 en comparaison internationale. De plus, la Suisse réduit ses émissions par habitant de 2,5% chaque année, sans redistribution massive ni bureaucratie. Un «non» à la loi sur le CO2 nous donne la possibilité de prendre des mesures politiques raisonnables, moins contraignantes, mais efficaces, contrairement à cette loi socialiste.

Qu’est-ce que cela signifie si le projet de loi est rejeté?

Jürg Grossen: La Suisse prendra alors du retard et, au lieu d’être une pionnière de la protection du climat, elle deviendra une retardataire. Cela aurait un impact négatif sur notre industrie et sur l’exportabilité de nos technologies suisses innovantes.

En supposant que le projet de loi soit adopté: Quelles seraient les conséquences?

Christian Imark: Cela rendrait la Suisse plus chère comme lieu de travail, nous rendrions la vie plus chère pour nos familles, et il s’ensuivrait une redistribution inutile et inefficace de milliards et de la bureaucratie. Nous encouragerions la migration des entreprises à forte intensité énergétique vers les pays à bas salaires, ce qui est manifestement dommageable pour le climat. Nous imposerions des coûts d’investissement inutiles au grand public et créons des unités administratives et des profiteurs d’Etat inefficaces supplémentaires. Nous ouvririons la porte à des exigences encore plus extrêmes, qui ont déjà été formulées: interdiction des moteurs à combustion, taxes sur la consommation de viande, bureau à domicile pour toujours, agriculture biologique obligatoire, réduction radicale de la consommation.

Interview: Gerhard Enggist

Traduction et adaptation: JAM

les ARGUMENTs pour et contre la loi sur le CO2

Argumentaire pour la loi sur le CO2
www.loi-co2-maintenant.ch

Argumentaire contre a loi sur le CO2
www.loico2-ratee.ch

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