Publié le: 5 octobre 2018

Une Suisse sanctuarisée

initiative «stop mitage» – Si on part de l’idée que la moitié de la Suisse 
est déjà bétonnée, on finira dans le mur. Le texte de Jeunes Verts 
représente un pur moment de folie, totalement inadapté au monde réel.

Les Jeunes Verts lancent un signal d’alarme pour qu’on arrête de construire à tout va. Par malheur, leur initiative baptisée «Stop mitage» donne la fausse impression que la moitié de la Suisse est déjà bétonnée. Or il n’y a rien de plus faux.

Sur le fond, leur texte est une exigence folle: si on l’accepte, les terrains agricoles ne pourraient plus être convertis en zone à bâtir sans que cette perte soit compensée ailleurs par un autre terrain. Ce dernier repasserait alors en zone non constructible, automatiquement.

Autre surprise de taille, l’initiative prévoit que sur les terres agricoles, seuls les bâtiments liés à une activité dépendante du sol restent autorisés. L’initiative aurait pour conséquence que les productions d’œufs, de volaille ou encore de porcs seraient proscrites. Une limitation de l’agriculture liée au sol rendrait donc le pays encore plus dépendant des importations. Ce qui n’est pas un objectif des Verts!

 

Boom des prix immobiliers

Ce qui apparaît de manière flagrante, c’est que les initiants ont donc totalement ignoré les conséquences économiques de leur texte. En plus de faire fi du nécessaire développement économique, ils n’ont pas non plus tenu compte de manière appropriée de l’évolution démographique attendue. Il est impensable de geler tout développement économique, que ce soit en matière d’habitat ou au niveau des infra­structures en Suisse.

À l’horizon 2050 déjà, nous aurons deux millions de personnes en plus à loger, avec des activités économiques, des infrastructures et des logements à développer en conséquence. Le gel des zones à bâtir 
fera grimper les prix de l’immobilier résidentiel et industriel – c’est couru d’avance!

26 cantons, 
26 problèmes

En voulant dicter leur façon de faire aux communes et aux cantons, l’initiative empiète sur leurs compétences. Les cantons – qui sont du reste actuellement aux prises avec la révision de la loi sur l’aménagement du territoire – ont déjà assez de problèmes à régler! Le défi est immense pour eux et nombre d’entre eux ne sont pas encore au bout de leurs peines. En effet, près de la moitié des cantons doivent encore faire approuver leurs nouveaux plans 
directeurs – et ils doivent le faire d’ici avril 2019.

Pour couronner le tout, cette initiative a le défaut d’ignorer les différences régionales: le Valais a trop de réserves de zones à bâtir, Zurich n’en a pas assez. Le gel de la surface totale poserait d’immenses problèmes à certains cantons et à l’économie.

Bons et mauvais élèves

Prenons l’exemple d’un entrepreneur lambda qui décide de s’installer dans une commune pour diverses raisons, mais que cette dernière ne puisse lui offrir la possibilité de l’accueillir parce que toutes les zones constructibles ont été épuisée.

Face à ce texte, les communes ne seront pas toutes égales: les bons élèves qui ont délimité prudemment leurs zones à bâtir seront pénalisés face à ceux qui ont été plus généreux et qui disposent encore de larges réserves de terrain.

Cela aurait de graves répercussions à tous les niveaux. Et pour les PME déjà établies: le manque de surface en zone artisanale aura pour conséquence qu’elles ne pourront plus la possibilité d’étendre leur site.

Hélène Noirjean, usam

usam

«Stop mitage»: ça va beaucoup trop loin!

Le sol est une ressource limitée certes, et de ce fait, tout effort allant dans le sens d’une densification de qualité est à soutenir. Mais cette initiative rate sa cible. Elle propose de geler l’utilisation du sol sans s’interroger sur les causes, les défis auxquels la ressource limitée qu’est le sol est confronté. En résumé: cette initiative va trop loin, elle est mal ciblée, représente une atteinte au fédéralisme et dessine des objectifs déjà couverts par la loi en vigueur. Il convient ainsi de la rejeter. No

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