Publié le: 22 janvier 2021

Valeurs familiales et milieu de gamme

Yverdon-les-Bains – Un père et ses deux fils tentent de lancer une nouvellemarque de montres. La campagne de crowdfunding sur Kickstarter a dû être repoussée.Leur stratégie a été recentrée sur la création d’une communauté virtuelle.

La nouvelle est tombée début décembre sous la forme d’un communiqué envoyé aux rédactions. «Un projet familial pour un produit innovant! – deux fils d’un passionné d’horlogerie ont voulu suivre les traces de leur père en créant une marque innovante, tous les trois.»

Cela se passe à Yverdon-les-Bains. Le père s’appelle Frédéric Rosa et ses deux fils William et Gabriel. D’où le nom du garde-temps, FWG. Les valeurs familiales sont au cœur de leur démarche. «Notre objectif est que chaque personne qui achète une montre FWG se sente satisfaite et apaisée, explique Frédéric Rosa, qu’elle se ressource quelques instants en pensant à sa famille et aux liens forts qui les unissent.»

Les «juniors» sont aux études et le papa a passé une bonne partie de sa vie dans l’horlogerie, pour de «grandes marques». Et bien sûr, il souhaite rester discret quant aux noms des manufactures en question!

Avec des mouvements ETA!

En revanche, le produit est original. Les nouvelles venues visent le milieu de gamme (980 francs) et se déclinent en trois modèles et deux tailles (39 et 46 mm). Côté formes, une boîte «tonneau», un cadran à chiffres romains rivetés – qui peut être personnalisé. Et une curiosité: des ouvertures sur les flancs, sortes de fenêtres permettant de contempler le mouvement.

La «Pretty Second», la «Great Date» et la «Gold Day & Date» fonctionnent toutes les trois avec des mouvements mécaniques ETA dénichés sur le marché. Trois mouvements au menu: ETA 7001 TOP (manuel), ETA 2892 TOP (automatique avec date) et le ETA 2836 (automatique doré avec jour et date). Le design est censé plaire à la fois aux publics féminins et masculins. «Une géométrie agréable à l’œil, des ouvertures sur tous les angles, une forme galbée qui épouse le poignet.»

Des couleurs particulières sont prévues pour les modèles féminins. Jusqu’ici, 18 exemplaires de ces montres ont été produits: trois de chaque modèle et selon les deux tailles.

Tentative de crowdfunding

Du côté du financement, il a fallu changer son fusil d’épaule. En décembre, les trois Rosa avaient décidé de lancer une campagne de crowdfunding de trente jours sur la plate-forme Kick­starter. Mais ce lancement n’a au final rien donné. L’idée était la suivante pour celui qui souhaitait y participer: soit une montre mécanique pour 980 francs, soit trois modèles à choix pour 2489 francs. Dernière possibilité: une offre premium pour 3980 francs, avec «la possibilité de passer une journée entière aux côtés des créateurs» et de participer «active­ment à l’assemblage de ses trois montres.»

Au téléphone quelques jours plus tard, Frédéric Rosa nous expliquait que chaque pièce était unique. Nous nous lui avons posé des questions sur les mouvements ETA: ils sont rachetés à des particuliers, la marque de mouvements suisses n’était bien entendu pas disposée à livrer des micro-PME en dehors de son propre groupe. Il ne peut donc s’agir pour FWG de produire de grands volumes de montres, car il faut d’abord mettre la main sur les mouvements. La patience est donc de mise: «l’usinage et le montage sont effectués chez des sous-traitants, mais nous en sommes les maîtres d’œuvre.»

Boite en titane usinée en Asie

S’il y a une originalité de plus dans ce projet, elle réside dans le choix des matériaux, le titane et le bronze. Le titane en particulier intrigue: matériau léger, résistant, anti-allergène, mais dont le coût reste très élevé. Une question taraude l’observateur: comment aboutir à des prix aussi bas avec une montre portant le label Swiss made? «La boîte en titane est usinée en Asie, ce qui permet d’obtenir un produit au tiers du prix. En Suisse, il faudrait déjà compter 1000 francs.»

Mi-janvier, la campagne de crowdfunding sur Kickstarter n’a pas donné les résultats escomptés. Les Rosa décident de la repousser à plus tard. En revanche, la jeune marque de montre a déjà enregistré une dizaine de commandes et les retours semblent positifs auprès des fournisseurs et des amis. «Parmi les commentaires que nous avons reçus figurent le prix avantageux et la qualité artistique du projet», explique Frédéric Rosa.

La suite? «L’idée est de garder en standby l’idée de crowdfunding, et de créer une communauté autour de notre produit via les réseaux sociaux, LinkedIn, Instagram.»

En revanche, personne n’a encore demandé à faire un essai. C’est possible: il suffit de contacter la famille Rosa (FWGRosa@gmail.com) à Yverdon-les-Bains pour procéder à un essayage!

François Othenin-Girard

Les plus consultés