Publié le: 3 novembre 2023

Le Beast de Miloo en capsules de café

vélos suisses – Pour les cofondateurs de cette marque de vélos électriques produits à Meyrin (GE), les enjeux liés à la micromobilité passent au premier plan. Anna Bory et Daniel van den Berg mettent au jour les besoins des utilisateurs de deux-roues et les traduisent dans un véhicule permettant de concilier travail et loisir, mobilité et passion du terrain.

Miloo, constructeur de vélo électrique basé à Meyrin, a annoncé cet automne un partenariat avec Nespresso. L’enjeu: deux tonnes d’aluminium recyclé à partir de capsules de café permettront de construire des vélos. Pour l’instant, les détails ne sont pas encore connus, pas plus que le nombre de capsules nécessaires pour fabriquer une bicyclette (lire l’encadré).

Miloo a déjà pris pied en terre alémanique et entend confirmer cette stratégie par l’ouverture de divers nouveaux points de vente. Autre offensive, l’amélioration de la visibilité et la réponse à des besoins particuliers des utilisateurs de vélos, sous la forme de partenariats avec Mike Horn et récemment Marco Odermatt, pour des modèles qui permettent de sortir des chemins balisés et de vivre ce moyen de déplacement de manière plus aventureuse.

Conversation avec Anna Bory, co-fondatrice de Miloo qui soufflera avec Daniel van den Berg les cinq premières bougies en 2024.

JAM: Votre offre s’adresse-t-elle aussi aux entreprises, aux PME – et sous quelle forme?

Anna Bory: Nous proposons en effet des flottes de vélos avec des contrats de maintenance. Cela intéresse les entreprises au titre d’outil de travail, les architectes qui doivent se déplacer rapidement, les régies immobilières, dans le tourisme également. Nous avons des vélos qui roulent à 45 km/h et une autre gamme à 25 km/h, ces derniers sans permis sont plus faciles à prêter et à parquer.

Et avec quel succès jusqu’ici?

Le marché se développe bien. Les flottes de vélo semblaient un peu figées en 2021 en sortant de la pandémie. Mais en 2022, nous avons connu un grand boom et cette année, on voit que le vélo comme outil de transport monte encore en force. Nous réfléchissons plus à la micromobilité qu’aux vélos.

À cet égard, nous avons lancé un projet pilote dans la région de Genève basé sur le constat que le fait de décider de changer de moyen de transport était tout sauf évident. Après avoir listé les barrières perçues, nous avons targetté une cinquantaine de PME en mettant à disposition une centaine de vélos, que les collaborateurs pouvaient ensuite racheter à prix préférentiel. Nous en avons profité pour récolter des données sur les temps d’utilisation, les itinéraires. Nous l’avons fait sans gagner d’argent, pour investir dans notre région et gagner en visibilité.

Vous êtes en train de vous étendre en Suisse alémanique, quelle est votre stratégie?

Et bien d’abord, on sait que le taux de pénétration des vélos électriques est grosso modo trois fois plus important en Suisse alémanique qu’en Suisse romande. Pour rendre notre croissance pérenne, nous avons déjà ouvert un point de vente à Zurich il y a une année et demie. Et là, cela marche très fort. Notre vélo Explorer réalise 50 % de plus.

Donc Bâle, Winterthour, Berne sont les étapes suivantes et assez naturelles. Et pour nourrir cette croissance, nous avons deux produits. Le premier, c’est le vélo produit à partir des capsules recyclées de Nespresso, dont pour l’instant on ne peut pas encore dire grand-chose. Et le second, un gravel ou vélo de route qui permet de s’entraîner aussi dans la forêt et sur des chemins de terre.

Vous parlez de micromobilité plus que de vélos?

Oui, notre ADN, c’est d’abord le transport confortable et sécurisé. Mais ensuite, nos vélos passent partout, du bureau à la vie active. Nous allons chercher les besoins qui s’expriment dans les véhicules de loisir et nous cherchons à les intégrer dans des moyens de transport. C’est l’état d’esprit qui prévaut avec le nouveau vélo Marco Odermatt qui roule à 45 km/h.

Vous avez travaillé dans le monde automobile: qu’est-ce que cette industrie peut apprendre du vélo?

On sait qu’il faut plus de huit ans pour créer une nouvelle voiture. J’ai quitté ce monde par manque de visibilité, comme si mon rêve s’était perdu. Peut-être cette industrie saura-t-elle redevenir agile en comprenant cet engouement que le vélo suscite, un véhicule ancestral, certes, mais qui offre un accès à toutes les technologies disponibles.

Vers quoi le vélo pourrait-il évoluer?

Tout ce que nous savons, c’est que Nokia et Kodak ont raté le coche en continuant à faire la même chose. Donc quatre roues ou deux roues, électrique ou hydrogène? Nous poursuivons la réflexion. Nous avons mis au point avec Mike Horn un vélo qui s’alimente avec ses propres panneaux solaires. Chevaucherons-nous des drônes dans vingt ans? Les portes de la réflexion sont grandes ouvertes. C’est pour cette raison que nous préférons parler de micromobilité.

Interview:

François Othenin-Girard

mission miloo

«Depuis sa conception, la PME genevoise, l’une des seules labélisée Swiss manufacturer ID de l’industrie de la mobilité douce, poursuit sa mission: celle de convertir le plus possible d’automobilistes aux deux roues. Particulièrement à l’écoute de leurs clients, les experts Miloo développent donc des véhicules répondant parfaitement aux exigences formulées en termes de confort, de sécurité et de circularité de l’énergie et des matériaux. Pour cela, Anna Bory et Daniel van den Berg, fondateurs de Miloo, sont convaincus qu’il convient de changer en profondeur l’écosystème même de cette industrie.

En janvier dernier, Miloo lançait le premier e-bike combinant autonomie énergétique et ultrapuissance : l’Xplorer Beast. Cette première mondiale était un premier très grand pas leur permettant d’affiner leur vision: celle de pouvoir élaborer un vélo fait en partie à partir de matériaux recyclés afin de mettre une pierre de plus à l’édifice en matière de transition énergétique et de mobilité durable.

Anna Bory et Daniel van den Berg démontrent ainsi que rouler en deux roues peut avoir encore plus d’impact. En tant qu’entreprise suisse, Nespresso était une évidence, car la durabilité, le savoir-faire et l’innovation font partie de l’ADN de la marque. Au printemps 2024, Miloo commercialisera donc une édition limitée de ce Beast créé en collaboration avec Nespresso. Cet acteur incontournable mettra à disposition de l’aluminium provenant de capsules de café usagées et recyclées pour le cadre et les jantes, soit l’essentiel des composants du vélo. Les pneus, la sellerie, poignées, peinture, et tous les emballages des pièces détachées, et plus, sont également composés d’autres matériaux recyclés.

Anna s’exprime au sujet de ce partenariat: «Notre raison d’être chez Miloo est de challenger l’industrie de la mobilité douce afin de créer de vrais véhicules écologiques pour remplacer la voiture. Après avoir ouvert la discussion sur la création d’un vélo électrique autonome avec l’Xplorer Beast, la prochaine étape évidente était de développer un vélo représentant la circularité à part entière. Nespresso était par définition notre partenaire de choix pour s’engager dans ce challenge à nos côtés.»

Irene Balascas, Head of Sustainability chez Nespresso Suisse ajoute: «Cette nouvelle collaboration entre deux marques suisses démontre l’importance de l’économie circulaire et l’engagement de tous pour le recyclage. Cet e-bike est un résultat tangible de ce qui peut être fait à partir de capsules recyclées en aluminium.»

Ce Beast de dernière génération, une toute nouvelle édition mettant en exergue l’expertise de Miloo dans les S-Pedelec, sera lancé en modèle 45 km/h pour mars 2024.»Miloo

www.miloo.com

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