Publié le: 8 décembre 2023

le nez dans le dico

le nez dans le dicoLa différence entre trajet et parcours

le nez dans le dico

Chères lectrices, chers lecteurs, je vous livre cette chronique le jour même de la Saint-Nicolas. Cette fête qui est synonyme de réjouissance. Oui, cette fois nous y sommes. Noël approche. Juste le temps pour moi de jeter un regard bienveillant sur l’année écoulée, les trajets effectués, les parcours choisis.

Depuis quelques semaines, je suis à nouveau pendulaire ferroviaire entre Bienne et Berne. Bien souvent, la fatigue l’emporte sur ma curiosité naturelle, et j’enfonce mes écouteurs dans les oreilles. Mais quelle mine inépuisable d’inspiration lorsque je tends mes écoutilles en direction des autres passagers, ou que j’observe leurs activités matinales dans le train. Tantôt j’apprends quelques nouveaux mots de Bärndütsch au détour d’une conversation entre collègues de tel office fédéral, tantôt j’observe les marques de sac à dos des autres pendulaires et le contenu de leur muesli maison en bocal, et je tente de comprendre si les deux sont corrélés. Certains étudiants révisent leur cours de médecine, d’autres s’interrogent mutuellement sur le prochain test de comptabilité. Et malgré ce brouhaha, je prends parfois mon courage à deux mains et je relis du vocabulaire de grec moderne – pour le plaisir d’apprendre, ou d’allemand – pour le travail. Lorsque j’arrive à destination, je marche à travers la gare dans le flot de passagers qui se déverse dans la gare de Berne. Encore emballée dans mon manteau matelassé que j’aime surnommer mon sac de couchage (ou de courage serais-je tentée de dire), j’augmente le volume de ma musique, et j’entre «en mode arrivée au boulot». La bande son change chaque matin selon mon humeur, mais la règle d’or est «mélodie et rythme entraînants» pour commencer la journée. Au hasard, Won’t get fooled again du groupe de rock The Who. Un morceau de 1971, emblématique d’une célèbre série policière américaine du début des années 2000.

Pour cette chronique, l’inspiration m’est venue lors du trajet vers Neuchâtel, en voiture cette fois-ci. Mon ami et moi partons bien à l’avance pour ne pas être retardés par les embouteillages de 17 heures. Pour ce faire, nous sommes devenus de fins stratèges: par où passer pour éviter les colonnes aux feux, les rues encombrées, le tout sans s’énerver? Un vrai parcours du combattant pour sortir de Bienne! Et c’est à ce moment-là que je me suis posé la question du mois: quelle est la différence entre trajet et parcours au juste?

Une fois n’est pas coutume, trajet (du latin trajectum) semble avoir d’abord transité par l’italien tragetto avant de rejoindre notre langue. J’aime à penser que ce mot a voyagé dans le temps à bord d’un train de type Orient Express, des temps anciens vers un Moyen Âge italien et une Renaissance française. Aujourd’hui, il signifie «le fait de parcourir un espace d’un point à un autre», ou le «chemin à parcourir entre deux points déterminés». Parcours, quant à lui, désigne l’«itinéraire à suivre ou trajet suivi par quelqu’un, un véhicule, un animal», mais aussi l’«ensemble des étapes par lesquelles passe quelque chose». Si on en revient à mes tribulations du matin dans le train, trajet convient donc pour décrire le fait que mon train part de Bienne et roule vers Berne. Même si l’expérience est bien plus riche qu’il n’y paraît de prime abord. J’en veux pour preuve cette chronique!

Ah! et j’oubliais: je vous souhaite à toutes et à tous de très belles fêtes de fin d’année! Que 2024 vous apporte de nouveaux trajets à vivre, à toute vitesse, en prenant le temps, mais toujours en pleine conscience!

Laura Di Lullo

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