Publié le: 5 avril 2024

Gilly vise le vaste monde

terroir – Les vins de la commune de Gilly (VD) seront-ils un jour dégustés à Singapour, Hong Kong ou Dubaï? Olivier Roth, vice-syndic, explique ce qui a conduit une administration communale à obtenir la certification de Swiss Label.

Les vins de la commune de Gilly seront-ils un jour dégustés à Singapour, Hong Kong ou Dubaï? Voilà des crus issus du terroir de La Côte, dont les bouteilles sont ornées d’une petite arbalète bien connue à l’usam: celle de Swiss Label. Rencontre avec Olivier Roth, vice-syndic de la commune de Gilly et responsable du dicastère des bâtiments, des domaines, des espaces verts et des cultes.

JAM: D’habitude, ce sont plutôt des PME qui se font certifier chez Swiss Label. Qu’une commune se lance dans cette démarche et gagne même un prix, c’est plutôt atypique. Quelle était votre idée?

Olivier Roth: En tant que chef d’entreprise, il est vrai que je connaissais déjà ce label par mon activité. Je dirige une entreprise de sécurité informatique et me suis longtemps activé à l’international à Singapour, Hong Kong et Dubaï. Un jour, j’ai décidé de m’installer à Gilly et de m’engager dans cette commune. Tout d’abord conseiller communal et membre de la commission des finances, je suis devenu Municipal quelques temps après. L’idée à laquelle nous avons pensé serait à terme de promouvoir nos vins à l’étranger. Une solution qui présenterait l’avantage de ne pas concurrencer les très nombreux vignerons actifs dans notre commune, ce que nous voulons à tout prix éviter.

Quels sont les vins que vous produisez et comment se passe la vinification?

Nous avons quelques vignes totalisant environ un hectare de vignoble. Nous produisons principalement du chasselas (6800 m2), du pinot noir (1600 m2), et depuis peu, nous possédons une petite parcelle de merlot (700 m2). Depuis mon arrivée début 2018, nous avons mis au point une nouvelle ligne d’étiquettes dans l’air du temps et plus dynamiques. Pour le reste, c’est Pascal Rolaz, vigneron à Gilly, qui a le mandat de s’occuper de nos vignes jusqu’aux vendanges. C’est l’entreprise Œnologie à façon SA, basée à Perroy, qui se charge de la vinification. Une partie du moût est vendue à un courtier. Nous gardons le reste, ce qui équivaut, en nombre de bouteilles, à 3000 de chasselas, 1200 de pinot noir, 300 à 350 de rosé de pinot, 300 de merlot barrique et 150 à 200 de brut.

Par quel canal vendez-vous vos vins?

Nous avons un site (1182.ch) qui est notre unique canal de vente. Pour ne pas faire de concurrence aux vignerons, la vente passe par une simple souscription. Nous vendons notre vin essentiellement aux habitants de Gilly et à l’auberge communale. L’idée que nous souhaitons développer, c’est de pouvoir exporter à terme notre vin auprès d’une clientèle acquise à la cause des vins suisses et basée à l’étranger.

Comment cette idée vous est-elle venue?

Lors de mes nombreux séjours en Asie, j’ai notamment eu des contacts avec les milieux diplomatiques et les associations de résidents suisses à l’étranger. Je me suis rendu compte que beaucoup de gens aimaient boire des vins suisses, mais que le plus souvent, il s’agissait de crus zurichois, valaisans et tessinois. Alors pourquoi pas ceux de Gilly?

Et c’est compliqué?

Oui, en effet. Nous pensions pouvoir passer par la promotion officielle, mais cette possibilité n’existe plus et nous devons organiser l’exportation par nos propres moyens. Et nous nous retrouvons face à un processus de vente complexe. Les démarches pour détaxer et envoyer nos vins s’avèrent des plus compliquées. Et la pandémie a pris le relais et donné un coup de frein à notre projet. Disons que nous croyons toujours à ce projet, mais qu’il a pris un peu de retard.

Le rayonnement de Gilly à l’étranger repose sur autre chose que sur le vin?

Certainement: l’image de Gilly en Europe est déjà vive auprès de quatre autres communes en France et en Belgique avec lesquelles nous organisons des échanges. Tous les ans, nous accueillons en particulier des enfants belges qui passent ici une semaine de découverte de la région. Gilly, c’est aussi ses nombreuses sociétés locales, son chœur d’hommes, sa fanfare, sa jeunesse qui participe chaque fois au Giron, etc. Notre commune s’est agrandie pour accueillir de nouveaux habitants, mais le cœur du village est resté très vivant et proche de ses traditions.

De nouveaux vins en projet?

Oui, nous avons développé ce merlot barrique, puis le brut et le rosé de pinot. Maintenant, nous envisageons un pinot barrique pour la cuvée 2023. Je suis sûr que nos vins seront très appréciés à l’étranger!

François Othenin-Girard

Une commune vaudoise qui entend rayonner dans le monde entier.Photos: FOG

Olivier Roth, vice-syndic de Gilly.

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