Voilà que la SSR s’y met aussi. Notre média national participe à la création d’une nouvelle structure faîtière qui s’est donné pour mission de promouvoir la «compétence en matière d’information» en Suisse. Et ceci bien que des dizaines d’institutions, d’associations et de collectifs se soient déjà engagés dans la vérification des faits et la lutte contre les fake news. L’organisation est baptisée «UseTheNews» («Utilise les nouvelles») pour lutter contre la «désinformation croissante».

«Désinformation» ne désigne pas dans ce contexte les nombreuses émissions de la SSR, parfois gravement tendancieuses. Le but est de contribuer «au renforcement de la démocratie», écrit la SSR dans sa documentation. Un exercice de wording: l’organisation dit vouloir «permettre à la population d’utiliser les médias de manière autonome pour se forger sa propre opinion».Bref, la SSR dans sa grande sagesse montre aux citoyens immatures comment analyser correctement les «news».

On dépasse les hauts sommets de l’absurde. Les citoyens et les PME sont obligés de financer la production de nouvelles de la SSR via l’impôt sur les médias. Et pour les remercier, on leur apprend à s’en servir. «UseTheNews» promet «mise en réseau et information, offres de formation, manifestations et recherche sur les médias». Mais aussi des «études» qui dépasseraient même, le croira-t-on, les thèmes de l’importance des médias et du service public.

Il est intéressant de savoir qui a co-initié cette nouvelle organisation. Outre la SSR et l’agence de presse Keystone-ATS, elle est aussi soutenue par l’association des éditeurs Médias Suisses. Si cette dernière est impliquée, on peut supposer qu’il y a peut-être des subventions ou des aides en jeu, qu’elle espère obtenir.

Après tout, il y a plus de deux ans, les éditeurs se sont engagés en première ligne pour obtenir des milliards de subventions pour leurs médias. Celles-ci auraient créé davantage de synergies entre les médias étatiques et la politique. Heureusement, les électeurs ont rejeté dans les urnes, en février 2022, le principe hautement contestable de ce gaspillage de l’argent du contribuable.

Lancer le changement systémique

Mais revenons à «UseTheNews». La fondation Mercator Suisse semble jouer un rôle de lancement et d’aide à la mise en place pendant les trois premières années. Sur le site Internet figurent les deux points relatifs au genre. La fondation met un fort accent sur la «diversité». Plusieurs collaborateurs s’en occupent. Plusieurs personnes sont dédiées au climat et à l’«apprentissage du futur». L’orientation politique de cette organisation ressort clairement: «Nous utilisons des moyens financiers, nos connaissances, nos expériences et nos réseaux pour renforcer les projets d’intérêt général et les acteurs de la société civile et pour initier un changement systémique.»

Changement systémique? De quoi s’agit-il? Du dépassement du capitalisme, de l’introduction en catimini d’un écosocialisme? Sous couvert d’une organisation faîtière pour la promotion de la «compétence en matière de news»? Tout le pays n’attend que cela!

«200 francs, c’est assez»

En tout cas, avec son attitude tendancieuse, cette fondation semble réunir les meilleures conditions pour transmettre des «compétences en matière d’actualité». En particulier aux jeunes, qui sont mis en avant dans le communiqué de la SSR sur «UseTheNews». D’une certaine manière, il conviendrait que l’une des initiatives méritant d’être soutenues soit le projet médiatique pour les jeunes YouMedia.ch qui a déjà été lancé.

Dans la foulée, on découvre aussi que l’ancien présentateur du téléjournal Franz Fischlin est à la manœuvre. Cela se comprend, il faut bien se rendre ici et là de petits services entre amis. Mais une chose devient claire: si la SSR dispose de suffisamment d’argent et de temps pour de tels projets – sachant tous les cris d’orfraie qui peuvent lancés dès que quelqu’un prononce ne serait-ce que le mot «économies»: un impôt de 200 francs par année devrait amplement suffire à alimenter de tels travaux.

À quoi s’ajoute le fait que les entreprises devraient de toute façon être totalement exonérées de la double imposition injuste et anticonstitutionnelle de la SSR – et pas seulement la moitié, comme l’a récemment proposé le Conseil fédéral. Car on ne peut pas écouter la radio ou regarder la télévision à la fois au travail et à la maison.

Pour nous faire comprendre cette leçon, la SSR ne devrait clairement pas manquer de moyens éducatifs, comme le démontre le projet douteux «UseTheNews».Rolf Hug

NDLR: Site disponible en allemand et en anglais, mais pas en français:

www.usethenews.de/en