L’usam s’oppose avec véhémence à la hausse des cotisations salariales
Différenciation et besoin
christoph stocker – «Rester agiles à l’organisationnel et au plan technologique.» Le directeur de Private Banking Zurich chez Banque Cramer détaille les plus d’une banque qui est une PME.
Journal des arts et métiers: On n’associe guère les banques à la notion de PME. D’où vient cette perception des choses?
n Christoph Stocker: Bien entendu, les gros titres incessants dont font l’objet nos grandes banques contribuent à ce que les banques soient essentiellement associées aux grands groupes multinationaux. Vient s’y ajouter le fait que l’activité bancaire, malgré l’assouplissement du secret bancaire, est toujours empreinte d’une haute discrétion.
«la plupart des peÂtites banques sont des PME indĂ©pendantes normales.»
Existe-t-il, parmi les banques, des PME tout Ă fait «normales», comme on en trouve par exemple parmi les constructeurs de maÂchines?
n De mon point de vue, la plupart des petites banques sont des PME indépendantes normales, qui doivent elles aussi faire preuve d’esprit d’entreprise pour pouvoir s’affirmer sur le marché. Tout comme dans une PME «normale», une institution bancaire de taille moyenne comme la nôtre doit disposer de personnalités entrepreneuriales au sein du Conseil d’administration et de la direction. Avec notre président du CA, Marco J. Netzer, notre vice-président du CA, Massimo Esposito, et notre CEO, Christian Grütter, nous pouvons nous estimer très heureux de pouvoir compter, au besoin, sur le soutien d’entrepreneurs très expérimentés et auréolés de succès.
Les petites et moyennes banques ont-elles tendance à être de meil-leurs partenaires, pour d’autres PME, que les grandes banques?
n Les principaux avantages d’une banque PME résident sans aucun doute dans les voies de décision courtes ainsi que dans les hiérarchies limitées et la complexité réduite de l’organisation dès lors qu’il s’agit, par exemple, d’octroyer une autorisation de crédit hypothécaire dans un délai restreint. De plus, je suis convaincu qu’une banque de taille moyenne comme la Banque Cramer est en mesure, grâce à son offre complète de services financiers, d’offrir un conseil véritablement holistique, intégral et orienté sur le long terme sur tout le cycle de vie d’une entreprise. Pour une institution comme la Banque Cramer, qui est aux côtés du client en lui prodiguant ses conseils dans chaque phase de sa vie, la réglementation des successions revêt une importance stratégique. En outre, nous souhaitons nous positionner par le biais de notre «Swissness», car celle-ci incarne des valeurs telles que la compétence, la sécurité et la fiabilité.
Quels sont les principaux défis auxquels les petites et moyennes banques doivent faire face au-jourd’hui?
n L’environnement de taux nĂ©gatif est certainement le plus grand dĂ©fi de ces dernières annĂ©es. Alors que les opĂ©rations d’intĂ©rĂŞts Ă©taient, il y a quelques annĂ©es encore, un pilier de revenus – en partie essentiel – d’une banque PME, ces recettes en recul doivent aujourd’hui ĂŞtre compensĂ©es en partie par des rĂ©ductions des coĂ»ts et en partie par d’autres sources de revenus. Viennent s’ajouter les coĂ»ts engendrĂ©s par la profusion de rĂ©glementations nationales et internationales aux-quelles les banques sont aujourd’hui confrontĂ©es: Ă©change automatique de renseignements, MiFID II, LSFin, LIMF, pour ne nommer que quelques-unes de celles qui nous occupent Âactuellement.
Comment les banques PME s’arment-elles pour l’avenir?
n Comme il est plutĂ´t improbable qu’une banque PME puisse compter sur un sauvetage de la part de l’Etat (sourire), elle doit, comme toute auÂtre PME, se positionner, dans le cadre d’une stratĂ©gie claire et adaptĂ©e Ă sa taille, au travers d’une «unique selling proposition» afin de pouvoir saisir les opportunitĂ©s qui en dĂ©coulent et maintenir les coĂ»ts sous contrĂ´le. Pour moi, l’un des plus grands dĂ©fis rĂ©side dans la capacitĂ© de rĂ©action et d’adaptation d’une organisation aux nouvelles rĂ©glementations ainsi qu’à l’automatisation et Ă la standardisation des processus. Il est donc essentiel, pour une banque PME, de rester agile au sein de la concurrence internationale, en particulier sur le plan organisationnel et technologique.
A quoi ressemblera la place financière et bancaire suisse dans dix ans?
n Comme je l’ai dĂ©jĂ dit, les Ă©volutions macroĂ©conomiques comme Âcelles des taux (nĂ©gatifs) ou l’augmentation du nombre de prescriptions rĂ©glementaires auront un fort impact sur la place bancaire suisse au cours des prochaines annĂ©es. Cela parce que, d’une part, on ne peut s’attendre Ă des augmentations prochaines des taux d’intĂ©rĂŞt, ce qui aura une influence nĂ©gative sur toutes les banques dotĂ©es du modèle commercial classique des opĂ©rations sur marges d’intĂ©rĂŞts. D’autre part, les coĂ»ts pour la mise en Ĺ“uÂvre des prochaines rĂ©glementations seront très Ă©levĂ©s. Cela mènera, bon grĂ©, mal grĂ©, Ă des consolidations supplĂ©mentaires sur la place bancaire suisse, car toutes les petites banques ne seront pas en mesure de financer leur propre infrastructure au regard de ces challenges.
Quelle importance la numĂ©risaÂtion a-t-elle, p. ex. la Fintech, pour les banques PME?
n Je considère d’abord la numérisa-tion comme une possibilité de nous démarquer de nos concurrents. Une infrastructure informatique stable et automatisée, et malgré tout flexible au regard de l’afflux de réglementations, est sans aucun doute l’épine dorsale de toute banque. Sur cette base, il est possible d’offrir à la clien-tèle – également à celle de banques PME – des solutions en ligne de 
haute modernité. Fin 2016, notre banque a par exemple développé l’outil de sélection d’actions entièrement automatisé www.primeSelector.com au moyen duquel tout investisseur en actions intéressé peut évaluer gratuitement une grande partie des actions cotées au niveau mondial sur la base de différents facteurs.
Bien entendu, il existe aussi diverses idĂ©es et entreprises Fintech qui complètent l’activitĂ© bancaire classique dans laquelle nous opĂ©rons, ou qui lui font concurrence. Mais dans ce domaine, je considère plutĂ´t les Âdiverses rĂ©glementations comme un avantage, car elles soumettent de nombreux champs d’activitĂ©s bancaires, comme par exemple le conseil en placement complet ou le trafic de paiements national et international, Ă des consignes relativement strictes, et ce, pas uniquement dans le but de protĂ©ger la clientèle. Ainsi, les barrières d’entrĂ©e restent Ă©levĂ©es pour certaines solutions Fintech, de sorte que certaines prestations bancaires ne peuvent pas ĂŞtre remplacĂ©es par des produits Fintech.
Comment les banques en général, mais aussi, en particulier, les banques PME, peuvent-elles rester innovantes?
n Je suis d’avis que pour s’assurer un succès durable, une banque doit avant tout non pas vendre des pro-duits, mais mettre à la disposition de sa clientèle le savoir-faire de ses collaborateurs. Avec l’introduction de l’échange automatique de renseignements au 1er janvier 2017 en Suisse, l’époque où les banques suisses n’avaient qu’à attendre l’ouverture de comptes avec des fonds non déclarés venant de l’étranger est définitivement révolue. Une banque PME doit pouvoir conseiller un client dans toutes les questions financières – du trafic de paiements journalier aux questions fiscales internationales, en passant par les possibilités et les conséquences de la vente d’une société – en faisant éventuellement appel, selon le thème, à un partenaire externe.
Si vous pouviez adresser trois souhaits à la politique, quels 
seraient-ils?
n En Suisse, j’ai fréquemment l’impression que notre politique s’emploie à ce que les accords internationaux soient mis en œuvre de façon très stricte et plus restrictive que libérale dans la législation suisse (pensons ici au «Swiss finish»). Cela vaut tout particulièrement pour les réglementations bancaires. Dans ce domaine, j’aimerais voir de temps en temps un peu plus de pragmatisme.
Pour une place financière internaÂtionale et un site Ă©conomique stables, j’en appelle Ă nos politiciens afin qu’ils promeuvent encore plus notre «Swissness» dans le monde et dĂ©fendent nos valeurs dans le Swiss Banking, la stabilitĂ©, l’universalitĂ©, la responsabilitĂ© et l’excellence.
En matière de politique intérieure, j’attends de nos politiciens une perception plus nuancée de notre place bancaire entre les différents groupes de banques et un peu moins de polémique dans les discussions sur la place financière.
Quelle sera l’activité politique la plus importante de 2017?
n Pour nous, directement, les princi-pales dĂ©cisions politiques se tien-dront cette annĂ©e au sein de l’Union europĂ©enne. En France, un nouveau prĂ©sident va ĂŞtre Ă©lu, en Allemagne et aux Pays-Bas, un nouveau Parlement et, en Italie, de nouvelles Ă©lections sont imminentes. 2017 pourrait ĂŞtre une annĂ©e vĂ©ritablement fatidique pour l’Europe. Cela occasionnera, en plus des incertitudes mondiales actuelles, certaines turbuÂlences sur les marchĂ©s d’actions et Ă©galement sur ceux des intĂ©rĂŞts, crĂ©ant pour nous de nouvelles possibilitĂ©s, mais aussi des risques et des incertitudes.
Interview: Gerhard Enggist
trajectoire
Christoph Stocker (49 ans) est directeur du Private Banking Zurich, responsable de l’offre pour les entrepreneurs et membres de la direction domiciliés en Suisse et directeur adjoint du groupe Private Banking auprès de Banque Cramer & Cie SA. Il a assumé auparavant différentes fonctions dirigeantes régionales chez UBS, Credit Suisse et, en dernier lieu, auprès de Barclays.
La Banque Cramer est une banque privĂ©e domiciliĂ©e en Suisse dont le siège est Ă Genève, avec des succursales Ă Zurich, Lugano et Lausanne. La Banque Cramer assure le suivi d’une clientèle privĂ©e et profesÂsionnelle exigeante constituĂ©e de faÂmilles et de particuliers fortunĂ©s, avec une orientation particulière vers les entrepreneurs et les cadres 
dirigeants, ainsi que les gĂ©rants ÂindĂ©pendants, les family offices et les investisseurs institutionnels.
Communiqués de presse
L’usam salue la démarche du Conseil fédéral quant au mandat de négociation avec l’UE
L’usam regrette le «oui» à la 13e rente AVS et le «non» à l’augmentation de l’âge de la retraite
L’usam considère l’approche par paquet comme voie possible
L’usam adopte ses mots d’ordre en vue de la votation du 9 juin 2024
Les feux d’artifice sont synonymes de joie de vivre: l’usam salue le NON du Conseil fédéral à l’initiative contre les feux d’artifice