Publié le: 10 juillet 2015

Impact des frais de transport

FAIF – Une consĂ©quence inattendue de l’acceptation du projet de financement et d’amĂ©nagement de l’infrastructure ferroviaire: ‹les dĂ©ductions fiscales pour les frais de transport seront rĂ©duit Ă  3000 francs. Analyse de l’expert fiscal lucernois Bruno KĂ€ch.

Journal des arts et mĂ©tiers: Le ‹9 fĂ©vrier 2014, le peuple et les cantons ont acceptĂ© le projet de financement et d’amĂ©nagement de l’infrastructure ferroviaire (FAIF). Mais ce dernier se traduira aussi par une rĂ©duction des dĂ©ductions pour les frais de transport Ă  3000 francs. Quelles en seront les consĂ©quences pour les personnes imposĂ©es?

nBruno KĂ€ch: Pour les pendulaires, la limitation de cette dĂ©duction dĂšs 2016 aura des consĂ©quences inattendues pour les contribuables qui disposent d’une voiture de fonction mise Ă  disposition par leur employeur. L’Administration fĂ©dĂ©rale des contributions (AFC) et la ConfĂ©rence suisse des impĂŽts (SSI), l’union des administrations fiscales cantonales, sont d’avis que le FAIF devrait se traduire par une adaptation du revenu imposable. Le propriĂ©taire d’une voiture d’entreprise qui utilise ce dernier pour se dĂ©placer entre son domicile et le lieu de travail, lorsque celui-ci concerne une distance de plus de 20 km par jour, devra le dĂ©clarer, en plus de ce qu’il a dĂ©jĂ  indiquĂ© dans le certificat de travail pour sa dĂ©claration privĂ©e, soit Ă  hauteur de 9,6% du prix du vĂ©hicule.

«à cause de la limitation des dĂ©ductions fiscales pour frais de dĂ©placement, les propriĂ©taires de voitures de fonction doivent s’attendre Ă  une augmentation de la charge fiscale.»

Par exemple, si quelqu’un dispose d’un vĂ©hicule de fonction qui a coĂ»tĂ© 50 000 francs, et qu’il l’utilise Ă  raison de 25 km par jour, la part privĂ©e imposable va doubler d’environ 5000 Ă  10 000 francs par annĂ©e.

Quelles sont les conséqueces cÎté employeur?

n Dans le projet FAIF, ceux qui pos-sĂšde une voiture de fonction et qui n’habitent pas (et ne le peuvent pas) Ă  proximitĂ© de leur employeur seront pĂ©nalisĂ©s. Par ailleurs, il ne peut pas ĂȘtre exclu que le montant imposĂ© en plus de la partie privĂ©e ne soit pas exempt de TVA. Lors de l’imposition Ă  la source, les taxations supplĂ©mentaires sur la partie privĂ©e induiront des changements de tarif. DĂšs le dĂ©but, l’usam s’est opposĂ© Ă  une fiscalisation complĂ©mentaire pour les personnes qui dĂ©tiennent un vĂ©hicule de fonction. Elle exige que le taux de 9,6% pratiquĂ© jusqu’ici reste inchangĂ©. Elle craint en effet que les employeurs soient une fois de plus surchargĂ©s par de nouvelles tĂąches administratives.

Les indépendants sont-ils également touchés?

n Non, faute de rĂ©glementation, les indĂ©pendants ne le sont pas. Parmi ceux qui sont touchĂ©s figurent ceux qui sont propriĂ©taires de l’entreprise (SA ou SĂ rL) et les cadres disposant d’un vĂ©hicule. Le fait que les non indĂ©pendants soient visĂ©s dĂ©montre une inĂ©galitĂ© de traitement flagrante.

Qu’en est-il des collaborateurs qui disposent d’un abonnement gĂ©nĂ©ral (AG)?

n Par analogie avec les voitures de fonction, il existe là aussi une limite de 3000 francs. Si le collaborateur reçoit un abonnement en premiùre classe, pour une valeur d’environ 5970 francs, l’AFC retiendra une facture de 2970 francs.

Quelles conséquences cette prise en compte des véhicules de fonction aurait-elle sur les contributions sociales?

n En l’absence de dĂ©clarations officielles, il est difficile d’affirmer avec certitude que ce supplĂ©ment soit prise en compte par l‘AVS.

La consĂ©quence d’une question liĂ©e au transport sur le systĂšme fiscal. Comment Ă©valuez-vous cela?

n Au plan fĂ©dĂ©ral, le plafonnement des dĂ©ductions liĂ©es au transport fait l’objet d’un consensus politique. Cela dit, on empiĂšte ici sur le principe constitutionnel d’une imposition selon la capacitĂ© Ă©conomique. Mais comme les lois fĂ©dĂ©rales ne sont pas surveillĂ©es dans leur compatibilitĂ© avec la Constitution, ces adaptations doivent ĂȘtre prises telles quelles.

Du coup, les contribuables qui ne peuvent pas entiĂšrement dĂ©duire leur frais de dĂ©placement professionnels, sont imposĂ©s sur une base d’imposition qui est supĂ©rieure Ă  leur revenu net.

Quelle conclusion en tirez-vous?

n Que ce type de modifications conduira Ă  une nouvelle hausse de l’imposition. Qu’il y aura de nouvelles inĂ©galitĂ©s de traitement et que le coĂ»t du travail administratif, cĂŽtĂ© employeur, va Ă©galement augmenter. Cela fait huit ans que les associations Ă©conomiques, la politique et les administrations se sont mis d’accord sur le taux de 9,6%. Avec ce dĂ©veloppement, ce compromis est remis en cause de maniĂšre inutile.

Interview: En

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