Publié le: 2 octobre 2015

Le clavier des traders a été réinventé

wey technology – Mario Okle et Armin Klingler ont déployé une stratégie de diversification dans les claviers à grandes compli­cations. Partie du trading, cette PME a beaucoup investi dans les R&D depuis la crise financière qui a touché ses clients bancaires.

Au téléphone, Mario Okle, diplômé de l’EPFZ et actuel co-propriétaire du groupe Wey Technologys avec son compère Armin Klingler. Une entreprise active depuis plus de trente ans, fondée par l’ingénieur éponyme Hubert Wey, spécialisée à l’origine dans le clavier d’ordinateur pour traders, doté d’une multitude de petits écrans complexes et permettant une multitude de facteurs et de configurations différentes pour relier entre eux des milliers de PC en configurant (sans câbles) des milliers de postes de travail pour des collaborateurs, qui plus est, itinérants. Le groupe dispose d’une dizaine d’entités à l’international où s’activent une centaine de collaborateurs dont une bonne cinquantaine aux sièges suisses de Rotkreuz et de Unterengstringen.

Expansion à l’international

Cet acteur du microcosme IT suisse s’est étendu à l’international en suivant le pouls des places financières, Londres, New York, Francfort, Paris, Sidney, Taipei, Singapour et, depuis 2007, Bombay. Et en mettant au point une méthode. «Les diverses banques nationales ont su apprécier nos produits, commente Mario Okle. Nous avons toujours cherché à acquérir un projet valorisé au minimum à un million de francs de chiffre d’affaires, puis à développer ce dernier avec une petite entité de trois à quatre personnes, le plus souvent avec des collaborateurs locaux connaissant bien le contexte.» Les Etats-Unis furent toutefois le marché le plus difficile à pénétrer.

Résilience à la crise financière

Au final, et c’est ce qui suscite l’intérêt, Wey Tec a survécu à de multiples crises et affaissements plus ou moins brutaux dans son secteur de base pour finir par se rediversifier suite à la dernière crise du monde bancaire. «En 2008, ce fut très dur, se souvient Mario Okle. Nous exportions 80% de notre matériel et sur ce chiffre, 90% était destiné aux marchés financiers. Lorsque Lehman Brothers et d’autres ont éclaté, la crise interbancaire s’est étendue à l’ensemble du monde financier, puis économique. Nous avons été contraints de faire face à une chute drastique de 50% de notre chiffre d’affaires.»

«Nous avons affronté une chute drastique de 50% de notre chiffre d’affaires.»

Recette de la diversification

Pour sortir du cercle vicieux, les deux entrepreneurs prennent le temps de la réflexion. «Nous nous sommes tournés vers le marché des salles de contrôles, pompiers, aéroports, gares, ports, autoroutes, détaille l’ingénieur Okle. Dans cette nouvelle configuration, nous avons équipé le port de Hamburg, nous travaillons avec Skysoft et le contrôle aérien et tout un tas d’autres secteurs.»

Cette stratégie de diversification a apparemment porté ses premiers fruits. «Nous avons déjà pu compenser environ 60% de cette moitié du chiffre d’affaires perdu en 2008, calcule Mario Okle. A cela s’est ajouté un nouveau défi, celui du franc fort qui ont renchéri de 20% les prix de Wey Tec. La moitié de cette baisse a pu être absorbée du fait que les achats de composants sont réalisés à l’extérieur.»

L’accent mis sur la R & D

Le développement actuel (lire l’encadré ci-dessous) a été entièrement développé et fabriqué en Suisse. Pour développer cette nouvelle génération de claviers intelligents, cette PME suisse a fait phosphorer ses ingénieurs aux sièges suisses. «Aujourd’hui, nous proposons une solution complètement digitale basée sur un réseau IT, indique Mario Okle. Nous offrons l’itinérance des places de travail dans le monde entier et les collaborateurs peuvent se déplacer de ville en ville en conservant leur bureau. Tous les changements se font pratiquement en temps réel.»

Nouvelles routes Ă  suivre

Vers quoi ce monde IT évolue-t-il? «Les banques du type de 2007-2008 n’existent plus et les changements à venir seront drastique, prédit l’ingénieur. Tout cela reste très difficile à prévoir, mais le visage et les opérations internes de cette technologie seront complètement différents.»

«Nous avions débuté en 1984 avec la SBS des solutions de switching et de trading pour le Forex.»

Quelle odyssée depuis les années quatre-vingt! Les deux entrepreneurs ont participé à la cavalcade technocratique que le monde bancaire a connu depuis. Nous avions débuté en 1984 avec la banque SBS (ex-UBS). Il s’agissait de solutions de switching et de trading pour le Forex (lire l’encadré ci-dessus), raconte Mario Okle. Puis, nous avons décroché un contrat pour 800 moniteurs à la nouvelle Bourse de Zurich. A l’époque, nous n’étions pas peu fiers d’être les ­premiers au monde à proposer des moniteurs multisync permettant de visualiser différents signaux simultanément.»

Aujourd’hui, le cœur d’affaires de Wey Tec réside là où il faut jongler avec une myriade signaux sur une place de travail. Et (super) Mario Okle de résumer: «Nous sommes forts lorsque les informations à traiter relèvent du chaotique!»

François Othenin-Girard

vocabulaire

Forex

«Marché sur lequel les devises dites convertibles (paire de devises) sont échangées l’une contre l’autre, à des taux de change qui varient sans cesse. Le mot «Forex» est issu de la contraction des termes anglais «Foreign exchange market» (Wikipedia).

issu de la r&D

Une aide pour le back-office de Bond

«La société suisse Wey Technology dévoile un nouveau clavier, qui vise à simplifier les processus métiers dans les environnements de travail multi-écrans, notamment pour les salles de marché. La société Wey Technology entend simplifier les processus métier dans les environnements de travail multi-écrans. Le clavier est particulièrement adapté aux salles de commandes et aux salles de marchés. Il permet de passer facilement d’un «ordinateur à l’autre et d’une source d’information à l’autre sur plusieurs écrans et murs d’écrans». Ce clavier est doté d’un écran tactile 10 pouces permettant de contrôler l’ensemble des écrans. Par ailleurs, il est possible d’y intégrer les outils de l’environnement de travail tels que la téléphonie, la messagerie, une radio (émetteur-récepteur), la vidéoconférence, mais aussi des périphériques et d’autres applications logicielles. En outre, le clavier peut être personnalisé en fonction de l’utilisation qui doit en être faite grâce à des touches interchangeables. Par ­ailleurs, des capteurs de mouvements et de luminosité permettent non seulement d’économiser de l’énergie, mais aussi d’améliorer l’ergonomie du clavier. Ce clavier fabriqué en Suisse, peut être utilisé par les traders, mais aussi par les services de police et d’incendie, les services d’urgence, les aéroports, les centres de contrôle de la circulation ferroviaire et routière.»

Wey Technology

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