Publié le: 2 septembre 2016

Le comble de l’irresponsabilité

avsplus – Tous les partis de droite préconisent de rejeter cette initiative qui pèserait sur les épaules des jeunes générations. 
Comme si les grands-parents laissaient chaque année à Noël une facture sous l’arbre à l’attention de leurs petits-enfants.

L’initiative des syndicats, «AVSplus» n’est pas la réponse adéquate aux problèmes de financement de l’AVS. Contre-productive, elle mettrait à mal la solidarité inter­généra­tionnelle, argumentait à Berne, le 15 août dernier, le large comité de droite opposé au texte.

Pour tous les partis bourgeois, l’initiative populaire soumise au peuple le 25 septembre met en danger les finances de l’AVS, malmenées par l’allongement de la durée de vie et l’arrivée des baby-boomers à la retraite. Aux 7 milliards qui manqueront d’ici 2030 s’ajouterait l’augmentation de la rente, creusant un gouffre de 12,5 milliards de francs, selon les calculs du comité emmené par le PDC. Et il n’est pas question de le combler en relevant le montant des cotisations, précisent les opposants. «Une augmentation serait néfaste à la compétitivité de nos entreprises», a averti le conseiller national Yannick Buttet (PDC/VS). Cette idée, qualifiée d’irresponsable, pèserait sur les épaules des jeunes générations.

«C’est comme si le grand-père laissait chaque année sous le sapin de Noël une facture salée à son petit-fils en lieu et place d’un cadeau», a illustré la conseillère nationale Kathrin Bertschy (PVL/BE).

Principe de l’arrosoir néfaste

Dans la foulée, le comité critique également le principe d’une augmentation qui bénéficierait à tous. Or l’initiative manque son but: elle profite pleinement aux retraités à fort revenu, alors que les grands perdants seront ceux qui perçoivent des prestations complémentaires (PC), a déclaré le conseiller national Lorenz Hess (PBD/BE).

Le raisonnement est simple: si l’AVS augmente, les PC diminuent. Avec cette initiative, les retraités au revenu modeste n’auront donc pas davantage d’argent dans leur porte-monnaie. D’après les calculs de l’Office fédéral des assurances sociales, environ 7% des rentiers perdront de l’argent.

«Ce pilier social ne remplace pas la responsabilité individuelle, mais la complète», a remarqué le conseiller national Ignazio Cassis (PLR/TI). Le camp bourgeois, tout comme le Conseil fédéral, préfère miser sur le projet de prévoyance vieillesse 2020 d’Alain Berset. Celui-ci englobe premier et deuxième piliers.

Actuellement discuté au Parlement, le projet prévoit le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, un financement complémentaire de l’AVS par une augmentation maximale de la TVA de 1,5 point et un abaissement du taux de conversion à 6%.

70 francs pour tous

Pour faire passer la pilule auprès des petits salaires, le Conseil des Etats souhaite augmenter l’AVS de 70 francs chaque mois. Un montant que toucheraient tous les retraités. Le PDC soutiendrait malgré tout ce ­projet au National. «Certains aînés vivent dans des conditions proches de la pauvreté», a admis Yannick Buttet.

Certains rêvent de charger davantage la barque et de relever l’âge de la retraite à 67 ans. «Près de la moitié des Etats de l’OCDE l’ont déjà repoussé à 67 ou 68 ans, ou ont décidé de le faire», a souligné quant à elle Kathrin Bertschy. Le ministre des assurances sociales, Alain Berset, a déjà averti: seule une réforme équilibrée aura des chances devant le peuple.

Pour l’usam, qui rejette l’initiative, il faudra voter NON le 25 septembre prochain à «AVSplus».

JAM avec les agences

ignazio cassis

«‹AVSplus› affaiblit les plus faibles»

Interview du président du comité interpartis, Ignazio Cassis (PLR/TI), farouchement opposé à l’initiative «AVSplus».

Selon le premier sondage «Tamedia», cette initiative séduit, comment ­allez-vous contrer cette tendance?

Cette initiative est séduisante puisqu’elle propose de donner de l’argent à tout le monde. Ce n’est donc pas très étonnant que les premiers sondages soient si favorables. On aurait été étonné du contraire. Nous sommes toutefois persuadés que le peuple suisse est en mesure de réfléchir, de comprendre et de décider que ce n’est pas une bonne idée de donner un bonus de 10% à tous les retraités.

Parce que c’est difficile à financer?

C’est un des arguments. Mais pour moi, l’argument le plus fort, c’est que cette initiative rate son but. D’un point de vue de politique sociale, elle est totalement inefficace. On l’a vendue comme une initiative pour aider les plus faibles. En fait, c’est le contraire, elle va les affaiblir et aider ceux qui n’en ont pas besoin.

Pourquoi?

Si on donne davantage de rentes AVS aux personnes socio-économiquement faibles, ces dernières n’auront plus accès aux prestations complémentaires, ou alors elles en auront moins besoin. A première vue, ces personnes auront la même quantité d’argent. Avec une grande différence! Sur les prestations complémentaires, les gens ne paient pas d’impôts, alors que sur l’AVS, oui! Au final, ces personnes auront donc moins d’argent, car elles recevront plus d’AVS. C’est le contraire de toute politique sociale. Au final, la proposition des syndicats revient à faire un cadeau aux plus riches. On a du mal à comprendre (...).

«Tribune De Genève»

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