Publié le: 8 juillet 2016

Les PME souffrent au volant

mobility pricing – L’usam dénonce l’absurdité du projet de taxation de tous les déplacements. Au lieu de gaspiller ses précieuses ressources, Berne devrait s’engager contre les bouchons.

La politique d’information du Département Leuthard (Uvec) fait penser à ces petites gouttes prescrites par le bon Dr. A. Vogel, très en vogue outre-Sarine. Le Detec distille par micro-doses ce qu’il concocte en matière de transports. Là, c’est le timing qui frappe. Un jour seulement après le rejet de l’initiative «Vache à lait», on apprenait en effet que les heures vécues dans les bouchons avaient fortement augmenté en 2015. Avec 22 828 heures, un record vient d’être battu, soit +6% de progression annuelle. Les usagers de la route avaient déjà connu une hausse de +5% sur la période précédente! Au volant, pour les PME, la situation devient peu à peu intenable.

Des coûts en plus pour les PME

Et ce n’est pas tout: au lieu de s’attaquer frontalement au problème des goulets d’étranglement, comme il s’était engagé à le faire, le Conseil fédéral phosphore. Alors que l’on traînait dans les bouchons en milieu de matinée en Suisse romande, il présentait tranquillement son idée d’une tarification de la mobilité tous azimuts, à la fois de la route et du rail. La ministre de tutelle Doris Leuthard entend mener tambours battants ses projets pilotes avec les cantons qui voudront bien tester ce péage mahousse. Bref, une résistance est programmée à large échelle. Du point de vue de l’artisanat, les PME seraient lourdement écrasées par un tel «pricing» de la mobilité. On visualise mieux les dégâts quand on sait que 85% des marchandises sont livrées par la route. L’usam estime qu’il serait temps d’investir des moyens dans l’infrastructure routière, au lieu de perdre des fonds importants à mettre en place une usine à gaz qui fasse des dommages à l’économie. Et comment éviter que les produits frais soient livrés le matin? La menace lancée sur l’économie par la ministre des transports et ses collaborateurs ne doit donc pas être prise à la légère. Les conséquences coûteraient un saladier!

Du télétravail pour les maçons?

Les premiers de classe de l’Uvec viennent de boulonner un nouveau dogme: l’idée que tout le monde peut travailler à la maison pour éviter les bouchons. Or cela ne tient pas la route, il suffit de penser à tous les professionnels qui doivent se rendre tôt le matin chez leurs clients. Pour la construction, les boulangers, les jardiniers, et tant d’autres, limiter ses activité de 9h30 à 15h30 relève d’une mission impossible. Ce faisant, on envoie une mauvaise image au marché du travail! Par ailleurs, le projet de financement et d’aménagement de l’infrastructure ferroviaire (FAIF), accepté en 2014 par le peuple, visait lui aussi à augmenter les capacités au cours des prochaines années. Donc à réduire les bouchons. Or cette mesure fait l’effet d’un nouvel impôt qui en tant que tel, ne discrimine pas seulement les régions limitrophes. Punir une nouvelle fois les pendulaires de la route et du rail nous semble le comble de l’inéquitable. L’idée que tous les employés puissent trouver un emploi proche de leur domicile semble pour le moins irréaliste. «La majorité des pendulaires ne peut pas choisir librement ses horaires d’activité, mais doit obligatoire­ment se rendre à son travail et en revenir aux heures de pointe, déclare le directeur de l’usam et conseiller national Hans-Ulrich Bigler. Qui estime que la proposition faite par le projet de Mobility Pricing ne va pas du tout dans le sens d’une augmentation de la flexibilité des employés. Cette idée s’avère même selon lui en contradiction flagrante avec les principes des assurances sociales ancrés dans la loi. Une personne qui recherche du travail peut être obligée de prendre un emploi dans un cercle de 100 kilomètres autour de son domicile. En conclusion, Madame la conseillère fédérale Doris Leuthard risque d’avoir beaucoup de pain sur la planche avant de convaincre une majorité du Parlement que le nouvel instrument de Mobility Pricing puisse amener un bon résultat. A commencer par le National, dont on estime qu’il lui offrira déjà, à lui seul, un solide plat de résistance. Ogi

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